Niamey, 11 Janv (ANP)- ‘’Cette année, nous avons enregistré un taux très élevé de divorce’’ a déclaré Mr Youssou Mounkaila, Secrétaire General de l’association Islamique du Niger qui a relevé quelque 3088 cas, rien qu’au niveau de leur association.
Le secrétaire général de l’AIN a fait cette révélation au cours d’une interview accordée à une équipe de l’Agence Nigérienne de Presse (ANP).
Selon Le SG de l’Association Islamique du Niger qui s’est dit ‘’heureux’’ d’avoir à répondre à la question de divorce qui, selon lui, constitue ‘’une menace pour la société nigérienne en général et dans la ville de Niamey en particulier’’.
D’après Youssou Mounkaila, cette année, malheureusement a connu un taux très élevé de cas de divorces enregistrés par leur institution par rapport aux années précédentes.
Il a précisé qu’en 2018 par exemple, ils ont enregistré 962 cas de divorces. En 2019, le taux s’était réduit à 858 cas et 493 en 2020.
Par contre, en 2021, ‘’malgré les efforts de l’Association Islamique pour sauver des couples, nous sommes arrivés jusqu’à 3088 cas de divorces enregistrés ici, mis à part, ceux qui sont prononcés dans les tribunaux ou ailleurs’’, a-t-il annoncé.
‘’Pour parler de divorce, il faut d’abord qu’il ait mariage qui, d’après lui, est en Islam une Sunnah, une adoration de notre créateur’’ a rappelé dans un premier temps le secrétaire général de l’association islamique du Niger pour qui ‘’quand on se marie, on se soumet à Allah, tout en respectant les commandements de l’islam’’.
‘’Le mariage va au-delà de ce que pensent les gens comme étant une union entre deux personnes ; non, à part l’aspect religieux, le mariage c’est aussi l’union de deux familles à savoir celle du mari et celle de la femme’’ a-t-il poursuivi.
Il a, à cet effet, expliqué que ‘’pour que cette union puisse réussir, il y a des étapes à suivre conformément aux règles de la religion, faute de quoi les problèmes suivront, pouvant même engendrer le divorce’’.
La question de divorce est ‘’ un problème qui dérange beaucoup notre société, de nos jours, plus particulièrement, la communauté musulmane’’ a-t-il laissé entendre.
En effet, a-t-il expliqué, ‘’une fois que le couple ou l’un des conjoints se présente à nous pour demander le divorce, on les réunit dans la salle d’audience, on en parle et leur accorde un mois pour essayer de trouver une solution. Une fois passé ce temps, et qu’il n y a pas eu de réconciliation, on leur donne encore deux semaines, délai après lequel, on leur donne une autre semaine de plus, mais cette fois-ci la réunion se tient en présence des deux délégations, à savoir celles de l’homme et de la femme’’.
‘’C’est seulement après toutes ces tentatives et qu’il n y a toujours pas eu de satisfaction que l’Association Islamique prononce le divorce, voilà donc comment nous sommes arrivés à totaliser jusqu’à 3088 cas de divorces, pour uniquement l’année 2021’’ a détaillé le responsable religieux.
‘’Mais la question, ici, est de savoir, qu’est-ce qui n’a pas marché pour en arriver là ?’’ s’est-il demandé.
D’après lui, les causes sont nombreuses, mais les plus fréquentes sont entre autres, ‘’le mensonge, tant de la part de l’homme que de la part de la femme, mais le plus fréquent est celui de l’homme’’.
Il a, à cette occasion, déploré que ‘’pour la plupart des mariages de nos jours, les hommes font semblant d’avoir des moyens dont ils ne disposent pas, parfois même, s’endetter pour gagner la confiance de la fille qui, si elle arrive à le découvrir après le mariage, finit par demander le divorce car la majorité des mariages de nos jours sont faits de façon matérialiste’’.
Selon toujours Youssou Mounkaila, parmi les raisons de divorce à Niamey, il y a ‘’le manque de patience, de confiance, de respect, de complicité et de tolérance dont souffrent les mariages pouvant même conduire aux violences conjugales’’.
Mr Youssou Mounkaila a aussi ajouté un autre problème qui constitue une des causes de divorces qui est le ‘’problème de stérilité, de manque de reproduction, dont souffrent certains couples.’’
‘’Parfois, c’est une fois le mariage fait que l’un des conjoints découvre que l’autre n’est pas fertile ou qu’ils sont, tout simplement, incompatibles de reproduire, par conséquent, le divorce intervient’’ a-t-il, par ailleurs, souligné.
En tant que responsables religieux, ‘’le conseil que nous donnons à la population, c’est de prendre des renseignements sur la religion, connaitre les principes même et les règles du mariage bien avant d’entamer la procédure’’ a-t-il préconisé.
Il a conclu en lançant un appel aux parents de bien vouloir savoir ‘’à qui ils donnent leurs filles en mariage ou si la fille est issue d’une bonne famille’’ et vice-versa.
Il a demandé à toute la population de ‘’bien vouloir s’unir pour diminuer ce taux de divorces dans les années à venir, mais surtout de réduire les gaspillages que l’on constate lors de l’organisation des mariages qui constitue une autre cause de divorce’’.
‘’Je suis là pour demander le divorce car mon mari, en plus du fait qu’il ne me nourrit pas bien, me frappe. Il m’a aussi demandé de rembourser la dot, malgré le fait que j’ai un enfant avec lui’’ s’est plainte une femme, candidate au divorce rencontrée dans les locaux de l’association islamique.
Déterminée qu’elle était pour son divorce, la bonne dame a déclaré que même si les responsables de l’association islamique décident de les réconcilier, elle ne retournera pas chez son mari, bien qu’elle sait que ‘’le divorce n’est bon’’, surtout pour la femme.
DBZ/AS/ANP 0033 janvier 2021