Cure salée 2018 : Cœur en joie, In’Gall ou la cité des Inghallawa attend ses hôtes

Cure salée 2018 : Cœur en joie, In’Gall ou la cité des Inghallawa attend ses hôtes

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Par Abdoulaye HarounaAgadez, 13 septembre (ANP) – La petite palmeraie de In’ Gall, lieu de rassemblement annuel de la Cure Salée ou Tinekert , située à 160 km au sud-ouest d’Agadez qui sera sous les projecteurs de l’actualité pastorale au Niger du 14 au 16 septembre est une cité de contrastes avec un passé culturel et historique glorieux et un présent dominé par le déclin économique. La ville des Ighallawas ne semble pas oublier un passé qu’on évoque assez souvent avec nostalgie comme si le temps s’est arrêté à une époque de son apogée. Blottie entre une palmeraie et une ceinture verte, la cité d’In’ Gall se laisse découvrir dans toute sa splendeur et ses mystères. Le brassage des populations du sud et du nord donne davantage à la localité son cliché passé et présent.Grâce au florissant commerce caravanier, In’Gall fut une plaque tournante des activités socio-économiques de Tahoua, Agadez d’une part, et Assamaka, Tamanrasset et Arlit d’autre part. Le commerce des dattes, de sel et des produits pastoraux a été florissant à un moment donné de l’histoire.En effet cette localité allait se développer si le ‘’déclin’’ économique ne lui était pas arrivé droit comme le couperet d’une guillotine. Elle aurait pu être un très important point de passage et de transit vers le Tchad, sans doute même au détriment d’Agadez car en 1912 une mission menée par le Capitaine Nieger traça le projet de chemin de fer dit ‘’Transsaharien’’ entre l’Irhazeret l’Aïr, préfigurant l’actuelle route de l’uranium que la métropole avait prévue de construire lorsqu’une décision est prise en 1927, pour annuler cette grande aventure humaine. Du coup l’Irhazer finalement ne connaîtra jamais ce chemin de fer. En plus le tracé de la route de l’uranium considéré comme une lueur d’espoir dans le Sahara viendra ignorer In’ Gall qu’il a dévié d’une soixantaine de kilomètres.Pourtant sur le tracé initial, il était prévu que la RTA passe par la cité des In’Gallawa, mais étrange destin ou ironie du sort, la localité fut oubliée par les traceurs de routes de l’époque. Avec la RTA, In’ Gall aurait bénéficié des retombées du trafic routier Tahoua, Agadez, Arlit et devenir un pôle d’attraction économique.

Hier carrefour du commerce caravanier, oubliée du transsaharien et de la route de l’uranium, la localité des Ingahallawa est à l’heure de la Tinekert , la fête a d’ailleurs commencé avec l’arrivée des différentes délégations et de groupes nomades drapés dans leurs tenues d’apparat qui se marient remarquablement avec le harnachement de leurs montures.La ville d’In’ Gall est animée et ses ruelles invitent les visiteurs à la découverte. Comme si le village s’est organisé dans une unité solidaire, pour se protéger des razzias d’une époque révolue, le vieux noyau urbain conserve ses concessions étroitement serrées ,ses ruelles étroites qui forment un véritable labyrinthe difficilement accessible aux visiteurs dans les anciens quartiers de Agafaye, Akoubla, Agazirbéré, Tazaikoyo, Iguiwantalak, Bourgou, LangoussounBené, Ataram, TéguefKoyo.etc.Les populations de locales parlent le Tasawaq, très spécifique à base de Songhay , Arabe et Tamasheq (Nicolaï). Dans ces contrées ou beaucoup de mouvements de population ont eu lieu, le Songhay, ou un proto-songhay, était sans doute une langue véhiculaire, mais peut-être pas seule, car l’Aïr occupée par des Gobirawa, et le site de Maranda (falaises de Tiguidit), étaient plus vraisemblablement hausaphone. Des traditions orales Hausa les font même remonter jusqu’au massif de Teleginit, non loin d’Azelik.

Toujours est-il que l’Ighazer paraît être à la fois la limite orientale d’un véhiculaire songhay, et la limite septentrionale d’une influence Hausa, dans un espace-temps qui peut être compris entre le VIè et le XVIèsiècle.Ce pourrait donc être suite à la destruction de Azelik-Takedda, que le Tasawaq seraient né et devenu une langue vernaculaire pour des populations « réfugiées » à Agadez et Ingall, leur conférant ainsi une identité nouvelle dans une zone d’influence toujours mouvante, au milieu du XVIè siècle.(Michael J. Rueck&Niels Christiansen – 1998 in ‘’Les langues du Songhay septentrionale au Mali et au Niger ‘’-

Selon Pr A. Aboubacar,ihistorien, spécailiste de la région d’agadez, c’est sous le règne d’Askia Mohamed que s’installèrent, dans le sud-ouest de l’Aïr, notamment à In’ Gall et à Agadez, des colonies songhay pour consolider la conquête, mais surtout pour renforcer la route caravanière Gao-Egypte. Les habitants des centres de l’Aïr parlaient une langue très proche du songhay, le Tassawak. Cette langue a survécu et est actuellement parlée à In’gall, mais comporte beaucoup de termes tamasheq et haoussa. Elle était parlée à Agadez jusqu’au XIXème siècle, au passage de l’explorateur allemand Henri Barth. Aujourd’hui, encore le parler agadésien reste très marqué par le songhay. Il en est de même de la toponymie: Hougoubéré, FouneImé, Hougou Farda, Agajibéré, TanuBéré, Obitarat, Tendekaïna, etc.Le marché local rassemble de nombreux éleveurs peulhs et touaregs autour de quelques commerçants arabes et haoussa et des populations résidentes. On y trouve de beaux harnachements de chameaux, des tissus indigo qu’affectionnent les Touaregs, des bijoux, des fanfreluches, de selles de méhari confectionnées avec art etc.En effet, la localité d’In’ Gall est très riche en produits artisanaux notamment la croix d’Ingall ou Tanfuk tan’ Azref ( Azref en Tamasheq signifie argent » apparue, vers le milieu du XXè siècle et qui figure de nos jours au nombre des croix des régions touarègues du Niger comme celle d’Agadez ou Teneghelt qui depuis le début du siècle connait une grande notoriété.Très particulier dans la tradition des Touaregs de l’Aïr et de l’Azawak du Niger la Teneghelt tan’ Agadez dénommée par les européens « croix d’Agadez » est l’un des plus anciens bijoux parmi ceux connus actuellement et pendant de nombreuses années le seul, à être appelé ainsi et qui a gardé son nom jusqu’à aujourd’hui.L’artisanat d’art utilitaire, riche et varié a acquit une notoriété pas des moindre au plan national et international et s’impose sur le site de la palmeraie de In’ Gall. Devant la tribune officielle construite en matériaux définitifs, le tendé résonne, frénétique, et les peulhs bororos ou waddabés animent le guéréwol, la grande fête de la beauté, qui donne l’occasion à des mariages bororos.Pendant la curée salée, la fête ne s’arrête pas aux seuls portes de In’ Gall. Le tendé se fait entendre jusque dans les campements mélancoliques .Des crêtes qui pointent au-delà des collines bleus l’on n’est toujours pas surpris de voir de belles silhouettes des méharées surgirent des plaines sans fin et qui frémissent en mirages où l’on voit se refléter le moindre arbuste ou le chameau de passage dont les lignes verticales prennent des dimensions sans proportion avec la réalité.

Les localités les plus importantes des départements d’In’Gall et de Tigidan-Tessoum, qui forment deux ilots sédentaires dans une région occupée uniquement par des nomades, se trouvent dans la dépression périphérique des argilites de l’Irhazer, au pied de la falaise de Tigiddit jusqu’aux premiers contreforts de l’Aïr.In Gall et Tigidan-Tessoum, se trouvent dans une région déjà présaharienne,une terre de contrastes entre les koris, les plaines ,une région où la saison des pluies donne la récolte des dattes, alors qu’elle interdit la production du sel très prisé de TiguidanTessoum. À mi-chemin entre Agadez et Tahoua, elle se trouve dans la dépression périphérique de la falaise de Tiguidit. Cette falaise,bien marquée par un arc de cercle au Sud-Est d’In ‘Gall est morcelée, irrégulière, formant des avancées et des retraits atteint sa courbure jusqu’à Marandet .Des ces reliefs dévalent des koris qui charrient les eaux de pluies qui ruissellent pour s’épancher dans la plaine de l’Ihrazer Wan Agadez qui les drainent vers le Tamesna , grossis pendant l’hivernage des crues souvent violentes d’affluents venus de l’Aïr. Les crues qui dévalent de la falaise de Tiguidit, modifient chaque saison la palmeraie d’In Gall, en arrachant les dattiers des rives convexes.Dans cette zone le temps a fait son œuvre et sous des climats pluvieux, des alluvions se sont déposés aujourd’hui pour devenir des argiles colorées qui font la beauté de plaines aux horizons infinis sur lesquels se détachent des buttes de grès, sentinelles avancées de la falaise de Tiguidit , des lits de kori et des bancs de sables merveilleux, secrets, insolites , lieux enchanteurs ou féeriques qui se sont révélés en de fabuleux trésors touristiques.Entre ces reliefs, s’étend une immense plaine parsemée d’îlots, avancée des falaises de grès du Tégama ,deTiguidda et de la montagne d’Azuza qui se trouve au-delà de l’Irhazer. Dans l’îlot central, moins élevé, le grès apparait à nu, et les sources, profitant de ces cassures, émergent des creux des rochers de Tiguidda ,Gélelé et Azelik. C’est aussi le début de l’ancienne vallée fossile de l’Azawak, qui serpente jusque dans le Dallol Bosso.In ‘Gall est une terre de contrastes entre les koris, les lits de sable et les plaines où le vent arrache une fine poussière qui souvent tourbillonne en se déplaçant rapidement à la verticale vers le ciel jusqu’à 150 mètres de hauteur .Cette poussière et ce vent caractéristiques des milieux sahariens secouent les arbres avant de s’échouer sur les montagnes environnantes avec moins de violence d’une grande marée ou d’une tempête. Le sable, l’air, le feu du soleil regardent impassible, ces mystères de la nature, cette guerre implacable sans fin et sans victimes ou tous les éléments se mêlent en une furie tranquille, un mouvement immobile et permanent qui allège les corps et bercent les âmes des nomades. À la croisée des grandes routes caravanières, In’ Gall, tel un mirage surgi des grands espaces désertiques a été bâtie en contrebas de la colline Awalawal. Aujourd’hui la perle de l’Irhazerwan-n- Agadez tente de donner un sens à son destin. L’autre richesse In’ Gall c’est la palmeraie établie sur les terrasses du lit d’un kori (oued) issu de la falaise de grès toute proche. La variété des dattes qui font la notoriété d’In’ Gall dénommée El medina appréciées, consistantes et d’un goût sucré a été rapportée de Médine par les Isherifen, qui seraient fondateurs d’In Gall.In’gall a été créée au milieu du XVIè siècle et la période coloniale a commencé avec l’installation d’un poste administratif par le Lieutenant Jean en septembre 1904. La construction du fort commença en 1917 et servit de fort militaire jusqu’en 1941 avant de devenir successivement école coloniale, école publique à l’indépendance en 1960 .Cette école fut abandonné vers 1976 et aujourd’hui sert de Musée d’ossement de dinosaures , qui part manque de financement malgré les richesses archéologiques de la région, n’a aucune renommée.Le poste administratif, érigé en département aujourd’hui fut créé en 1956 peu avant l’indépendance, et couvre un espace très vaste qui va de Assamaka, marquant le passage de la frontière algérienne, et jusque vers Tamayya au Sud.AH/CA/ANP- 0033

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