Niamey ,21 Aout 2019 (ANP)-La situation sécuritaire reste très volatile dans les alentours du Lac Tchad selon un communiqué de l’organisation médecins sans frontière publié mardi 20 Aout 2019. L’organisation indique que dans la région de Diffa, des épisodes de violence extrême ont lieu presque chaque jour à l’encontre des populations civiles, tels que des assassinats, des attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés, des enlèvements contre rançon, des tirs, des incendies criminels, des pillages, etc.Toutes ces exactions ne font que précariser les conditions de vie de ces communautés, déjà très vulnérables. Ainsi, Médecins Sans Frontières (MSF) continue de fournir une assistance médicale et humanitaire urgente dans ces zones aux réfugiés, déplacés internes, retournés et familles d’accueil, pour répondre dans les meilleurs délais à leurs besoins les plus immédiats.MSF est une organisation médicale internationale qui apporte des soins aux populations dont la vie et la santé sont en danger. Récemment, un groupe armé a dépouillé les habitants du campement peulh de Kanama, commune de Bosso, dans les iles du Lac Tchad de leurs biens, et leur ont volé leurs troupeaux, suite à une attaque selon les témoins.En outre, ces individus auraient tué deux chefs de famille devant le Boulama (leader) du village. Des affrontements armés s’en sont suivis et, au total, 3 hommes ont été tués et 7 personnes ont été kidnappées, y compris 4 femmes.Environ 700 têtes de bétail auraient également été emportées. Cette situation a provoqué un déplacement massif de la population, qui est allée s’installer 40 kilomètres à l’ouest de Nguigmi, à la périphérie de Kablewa, sur le site de Nguel Basari.« Je pense nuit et jour à comment survivre. Mon mari, âgé de 70 ans, était éleveur ; maintenant il ne possède plus rien car tout son troupeau a été emporté. Il est devenu très anxieux et pense même quelques fois à mettre fin à sa vie. Il est très souvent malade car il refuse de s’alimenter et ne parvient pas à trouver le sommeil »déclare Ramatou Abdou, de Kanama, âgée de 37 ans et mère de 7 enfants.« Je m’inquiète beaucoup pour lui car il est l’unique personne qui me reste dans cette vie : je suis orpheline et je n’ai pas de frères ni de sœurs ici. Ils ont tué nos gens et nous ont privés de tout ce que nous avions, même de notre lieu de vie que nous connaissions. Ici, nous ne menons aucune activité. Je suis désespérée »ajoute-t-elleComme dans le reste du Niger, dans la région de Diffa MSF travaille en appui au Ministère de la Santé Publique pour sauver des vies et alléger la souffrance des plus vulnérables, à savoir, les populations réfugiées, déplacées à l’intérieur du pays et retournées, ainsi que les communautés locales.Le communiqué souligne que « Les survivants étaient complètement démunis, et sous le choc d’avoir perdu tous leurs biens et assisté à des exécutions de certains membres de leur communauté. Quand nos équipes sont arrivées sur le site de déplacés, ils étaient dans une situation très précaire, manquant d’abris et exposés aux intempéries de la saison pluvieuse, avec un accès restreint à des soins de santé appropriés »décrit Francisco Otero y Villar, Chef de Mission de MSF au Niger suite à une mission d’évaluation à Kablewa.MSF a d’abord effectué une distribution d’articles de première nécessité à cette population nouvellement déplacée, dont 87 ménages en ont bénéficié. Les kits incluaient des articles d’hygiène, dont entre autres des bâches et des ustensiles de cuisine.Puis les équipes ont organisé une clinique mobile sur place. Ceci a permis de vacciner presque 100 enfants et un dépistage nutritionnel de 73 autres, en orientant les cas sévères (5,47 %) vers un centre de santé ; 48 consultations médicales ont été réalisées ce premier jour.Le communiqué poursuit que compte tenu des exactions que ces déplacés avaient subies, ou dont ils ont été témoins dans leur campement d’origine, des activités de santé mentale ont également été implémentées, y compris 1 séance de psychoéducation avec 50 participants, 3 séances de groupe de parole avec 21 participants, et 7 séances individuelles.« Les Boko Haram ont tué mon oncle maternel et 3 autres personnes de notre village. Ils sont partis avec tous nos biens : troupeaux et vivres. Ils nous ont enlevé 4 femmes et jusqu’à ce jour nous demeurons sans nouvelles d’elles, une rançon de 10 millions de Naira [l’équivalent à 25 000 euros] nous avait été exigée pour leur liberté. Nous ne savons pas où trouver une telle somme d’argent avec ce mode de vie. Nous pensons beaucoup à elles, ainsi qu’à nos parents, frères et sœurs assassinés »dit Mohamed Issa, un des victimes.L’organisation indique « nos équipes soutiennent actuellement les hôpitaux de district de Diffa et de Nguigmi, 4 centres de santé intégrés, 7 cliniques mobiles, et effectuent des activités dans le rural le plus isolé en prenant en charge les cas simples et le référencement des enfants avec des complications ».MSF continue par ailleurs d’effectuer des distributions d’articles de première nécessité lors de mouvements de populations. Malheureusement, la situation est loin de s’améliorer. La région de Diffa compte aujourd’hui environ 250 000 réfugiés, déplacés internes et retournés, qui aux côtés des populations locales sont confrontés à de multiples privations et craintes, et souffrent les impacts de la crise au jour le jour ; leur résilience s’érode, et leur dépendance envers le support externe augmente.Afin de garantir des services sociaux de base pour tous, et pour éviter une catastrophe majeure une aide humanitaire est davantage nécessaire. MSF reste très présent dans la région de Diffa, pour pallier aux besoins de cette population affectée par le conflit.IZN/MHM ANP 071 Aout 2019