Agadez, 20 Nov (ANP) – Le déguerpissement des commerçants s’est accomplie dans la ville d’Agadez non sans douleur pour une nouvelle ère de nomadisation qui commence et qui recommence.
Au marché appelé ‘’Dollé’’, le déguerpissement des commerçants s’est accompli. Le recasement vers un marché de bétail s’est effectué non sans douleur pour les commerçants.
Le moins que l’on puisse dire c’est qu’à ‘’Dollé’’ , les centaines de commerçants, vendeurs à la crié et à l’étal, petits cireurs de chaussures ,négociants en tout genre et les ‘’yan daba’’ ces voleurs à la tire et revendeurs de petites drogues, ont vidé les lieux sis à quelques mètres des murs de la direction régionale de la Caisse nationale de sécurité sociale pour se transporter vers le nouveau marché de bétail et celui implanté au quartier Dagmanet. D’autres commerçants se sont résignés et essaient de tenter leurs chances dans d’autres quartiers de la ville et de nouveaux cieux plus favorables à leurs activités.
Le marché ‘’Dollé’’ comme son nom l’indique a vu le jour il plus d’une décennie après que les inondations qu’à connues la ville en septembre 2010 ont dévasté une bonne partie des commerces situés à coté de l’autogare de la ville. Les opérations de déguerpissement menées en 2016 en prélude à la fête tournante du 18 décembre ont conduit de nombreux opérateurs notamment les vendeurs de légumes du marché est à converger vers ce marché où malgré leurs réticences ils se sont finalement installés ‘’Tillass’’ faute d’endroits meilleurs que la commune aurait pu trouver pour ces pauvres indigents.
Construit en tôle pour les fortunés et en paillotes pour les moins fortunés, le marché s’est construit de manière anarchique quand bien même la municipalité et les ‘’yan tchaga ‘’ ont vendu aux nouveaux occupants des portions de terrain pour s’y installer dans ce endroit qui appartient à un service de l’Etat qui tient à récupérer son patrimoine. Au fait la mairie a vendu un terrain ne lui appartenant pas à des opérateurs économiques car force est à la loi.
Moussa un commerçant qui s’est fait une petite fortune au matché ‘’Dollé’ est désemparé « je ne fait que nomadiser d’un lieu à un autre. J’ai fait l’autogare, le marché ‘’Rhuet’ ,’ le marché et aujourd’hui ‘’Dollé’’ au marché de bétail. A chaque déplacement il faut dépenser une importante somme d’argent pour construire une boutique en tôle. L’actuel marché je vous le confirme n’offre aucune garantie de sécurité’’.Non seulement il est situé très loin de la ville sur la route de Dabaga et le risque est grand de se faire détrousser par des malfaiteurs qui eux aussi viennent traiter leurs sales affaires. Comme vous le voyez partout la mairie n’aménage pas, on construit nous même et les agents municipaux viennent nous réclamer régulièrement des taxes ‘’.
Ahmed un revendeur ajoute : « à chaque fois que nous sommes déguerpis on nous propose un recasement en attendant je ne sais quoi .Même au marché ‘’Dollé ‘’qui a été construit pour les vendeurs de bétail sur pied on ne sait jamais car la mairie peut à tout moment nous chasser .D’ailleurs il y a quelques boutiques ici mais on ne sais pas à qui elles sont réservées’’.Je crois qu’à ce rythme autant retourner en Libye’’.
Aujourd’hui ce qui reste du marché ‘’Dollé’ offre un spectacle de désolation : C’est un tas de gravas et d’ordures sur lequel les chèvres en laisse broutent aisément à longueur de journée sans y être déranger les déchets en tout genre laissés sur cette place par les anciens locataires. Mais force est de constater que les plus heureux de la délocalisation de ce marché sont les petits délinquants qui traitent sans trop de gène leurs affaires. C’est également ces conducteurs de tricycle communément appelés ‘’Adédéta Sahou’’, et les taxi-motos non seulement au regard de l’éloignement des lieux qui leur rapportent gros quand ils transportent les passagers ,mais aussi de l’opportunité pour certains d’entre eux de dérouter des passagers sur des sites inconnus des populations pour les détrousser sans état d’âme. Rien que la semaine dernière une vielle femme qui cherchait l’emplacement du nouvel endroit provisoire des commerçants déguerpis a payé les frais .Des conducteurs de tricycle l’ont dérouté pour lui arracher une somme de 30000FCA l’abandonnant à l’orée d’une route qui mène vers les massifs de l’Aïr. Cette femme a été sauvée par le Tout-Puissant Allah , mais aussi par son âge avancé car les malfrats ont failli lui faire leur fête .
Ii faut noter que la ville d’Agadez est unique en son genre au Niger .Pas de marché moderne. Ceux qui y existent sont construits en semis dur ou carrément en banco ou en paillote.
AH/SML/ANP/121/Novembre 2022