AGADEZ, 16 fev (ANP) – Le Commissaire européen aux Affaires intérieures à la Migration Mme Ylva Johansson était lundi 14 février à Agadez où elle a été accueillie sur le tarmac de l’aéroport international Mano Dayak, par le Gouverneur de la région M. Magagi Maman Dada, l’honorable Sultan de l’Aïr El Hadji Oumarou El Hadji Ibrahim Oumarou, le Président du Conseil Régional M.
Mme Johansson est Accompagnée, dans sans ce déplacement, du ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation M. Adamou Hamadou Souley et de l’ambassadeur de l’Union Européenne au Niger, Mme Ionete Elena Denisa.
Dès son arrivée à Agadez Mme Ylva Johansson eu une rencontre à huis-clos avec les autorités administratives et les responsables des Forces de Défense et de Sécurisé de la région avant de tenir une importante réunion dans la salle de réunion de la Mairie d’Agadez.
Lors de cette réunion qui a regroupé autour des autorités, les acteurs de la société civile, les jeunes ainsi que les élus locaux et régionaux sur la problématique de la migration irrégulière dans notre pays en général, et la région d’Agadez en particulier, de même que le trafic de drogue, d’armes et la traite de personnes.
Le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation a dans une brève intervention remercié l’Union européenne pour les appuis multiformes à notre pays en général et à la région d’Agadez en particulier à travers divers projets pour notre pays a-t-il précisé. « Nous devons multiplier des initiatives locales, compter sur nos propres efforts. Les partenaires viendront après accompagner nos initiatives ».
Pour le Président du Conseil Régional d’Agadez M. Mohamed Anacko la région d’Agadez est devenue du fait de la crise Libyenne malgré elle, un carrefour des flux migratoires où se déroule des tragédies humaines intolérables (trafic des migrants, traite de personnes) qui déciment l’espoir de tous les pays africains concernés, notamment la jeunesse à la recherche d’un hypothétique lendemain meilleur.
‘’Les projets de l’Union européenne doivent désormais impliquer directement le Conseil régional afin d’asseoir des bases solides d’un développement durable dans la région a déclaré M. Mohamed Anacko ‘’.
Parce qu’elle est source des tragédies humaines intolérables, contrariant toutes les programmations des Etats et des collectivités territoriales, devait poursuivre M. Mohamed Anacko, la migration devenue irrégulière depuis la loi 2015-036, a d’abord des conséquences multiples et contraignantes pour nos communautés déjà assez vulnérables.(……).’’Elle constitue un phénomène avec des nouveaux défis ce qui a amené le Conseil régional, à travers un axe stratégique bien spécifié du Plan de Développement Régional, à formuler des pistes de solutions afin de poser les jalons d’une solution durable du phénomène’’.
Le Niger est régulièrement évoqué comme un pays de transit des personnes migrantes vers les pays du Nord de l’Afrique et vers l’Europe. C’est notamment sur cette base que la coopération avec l’Union européenne (UE) sur les questions migratoires s’est développée.
La coopération de l’UE avec le Niger sur les questions de migrations n’est pas nouvelle. Elle s’est particulièrement intensifiée à partir de 2015 suite à une augmentation des arrivées de personnes migrantes sur les côtes européennes depuis la Libye,
Le Niger a été un pays clé du Sommet UE-Afrique de La Valette (Malte) sur les migrations en novembre 2015 où les chefs d’État européens et africains ont développé un plan d’action conjoint sur les migrations, et un des principaux bénéficiaires du Fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique (FFU) adopté à cette occasion.
C’est dans ce contexte que le Niger a adopté la loi 2015-036 sur le trafic illicite des migrants en mai 2015, quelques mois avant le Sommet de la Valette, une loi qui a été appliquée durement plusieurs mois après son adoption, notamment dans la région d’Agadez où les revenus liés à la migration étaient une ressource importante pour l’économie locale.
Le pays a bénéficié des tous premiers projets signés en 2016 avec l’UE. Malheureusement l’ensemble des projets du FFU, la majorité (6) est gérée par des coopérations européennes ou par des organisations internationales (OIM et HCR). et deux sont gérés par l’unique acteur nigérien, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP).
En ce qui concerne la pertinence des projets comme réponses aux besoins des populations, le Président du Conseil Régional d’Agadez M. Mohamed Anacko a souligné que certains projets exécutés au compte du Niger par les partenaires au chapitre du FFU ne correspondent pas toujours aux besoins réels des populations au niveau des collectivités, car ne tiennent pas compte des plans de développement communaux et régionaux.
De l’avis de M. Mohamed Anacko, les projets de l’Union Européenne doivent offrir « des opportunités d’emploi et d’insertion socioprofessionnelle aux acteurs économiques qui bénéficient directement ou indirectement des retombées financières liées aux migrants ».
Les projets de l’Union Européenne selon Mohamed Anacko, doivent désormais impliquer directement le Conseil régional afin d’asseoir des bases solides d’un développement durable dans la région et en même temps une bouffée d’oxygène pour l’économie locale.
C’est pourquoi, il a lancé un vibrant appel à l’Etat et aux partenaires notamment l’Union Européenne pour accompagner les efforts des collectivités afin de faire face à ce problème complexe, en vue de préserver la stabilité de la région dans un environnement régional marqué aussi par des risques d’insécurité.
Le Maire de la Commune Urbaine d’Agadez M. Adourahamane Tourawa a déclaré que les autorités municipales soutiennent les efforts de l’UE visant à permettre aux différents acteurs de la chaine migratoire de s’insérer dans d’autres secteurs porteurs notamment des projets structurants.
Les acteurs de la société civile et les représentants de la jeunesse de la région d’Agadez, ont demandé leur implication dans le développement des activités économiques face aux défis de la migration et des mesures contraignantes de l’Etat à y faire face. En effet « la jeunesse y représente à l’heure actuelle un facteur économique important. Il est donc impératif de lui proposer des alternatives, légales et durables » a dit un de leur porte-parole car les mesures d’accompagnement parallèlement aux mesures policières prises par le gouvernement sur la migration irrégulière et la reconversion des acteurs économiques qui bénéficiaient directement ou indirectement des retombées financières liées aux migrants n’ont pas répondu aux attentes.
Le développement impressionnant de l’OIM au Niger et de ses activités de soutien aux retours et volontaires » est sans doute un des principaux résultats du FFU au Niger a constaté sur place le Commissaire européen aux Affaires intérieures et à la Migration Mme Ylva Johansson qui a visité et rencontré le personnel de l’OIM.
En effet le « sauvetage humanitaire » opéré par l’OIM se déroule essentiellement dans les zones frontalières où les personnes secourues et accueillies dans les centres de transit de l’OIM principalement à Assamaka (frontière algérienne) et Dirkou (route de la Libye). Auparavant elle a effectué une visite au siège d’EUCAP Sahel Niger à Agadez.
Le commissaire européen aux Affaires intérieures et à la Migration Mme Ylva Johansson aussi visité la cité des mosquées, qui fut jadis un centre de rayonnement islamique et culturel.
Rappelons que la vieille ville d’Agadez qui est pour le Niger ce que Tombouctou, la cité mystérieuse au trois cent-trente -trois (333) saints représente pour le Mali. Elle a été classée depuis 2013, site du Patrimoine Mondiale de l’Unesco. Sa conservation et sa restauration est appuyée par l’Union européenne.
Peu avant son départ d’Agadez le Commissaire européen aux Affaires intérieures et à la Migration Mme Ylva Johansson a fait un point de presse dans lequel elle a rassuré les autorités de la détermination de l’Union européenne à appuyer davantage la région pour ce qui concerne la gestion du flux migratoire et la sécurité.
AH/SML//ANP/0079/Février 2022