Niamey, 9 nov. (ANP)- Faible demande, offre limitée, freins socio-culturels, pesanteurs de divers ordres expliquent la faible prévalence contraceptive au Niger qui tourne autour de 20%, selon des données officielles de 2019.
Ces statistiques sont au contrecourant des indicateurs démographiques du pays qui affichent le taux de fécondité un des plus élevés au monde avec un Indice Synthétique de Fécondité (ISF) qui mesure le nombre moyen d’enfants qu’une femme a au cours de sa vie génésique) de 6,2 en 2021 et une croissance démographique record de 3,9% par an.
Toute analyse faite, la santé de la reproduction et l’espacement des naissances impactent les indicateurs sociaux, les conditions de croissance économique et le bien-être de la population.
Les méthodes de contraception les plus utilisées sont la stérilisation féminine (24% des femmes utilisatrices d’une méthode contraceptive), le préservatif masculin (21%), le stérilet (17%) et la pilule (16%), les injections et les implants (10%). On calcule à 9% les femmes qui font recours aux pratiques traditionnelles.
Les professionnels de la santé font observer que les implants avec 10% d’utilisation sont les parents pauvres des moyens anticonceptionnels.
Mme Nassirou Elizabeth, gynécologue travaillant dans une clinique de Niamey explique que ‘’Ces petits bâtonnets ou capsules (d’environ la taille d’une allumette) se font placer sous la peau. Ils assurent une protection à long terme pendant 3 à 5 ans. La durée de la protection dépend de l’implant utilisé. Ils doivent être insérés et retirés par un prestataire formé’’.
‘’On les place généralement après un accouchement et ils sont souvent à l’origine de changements du cycle menstruel. Mais ils ne représentent aucun risque pour les femmes allaitantes’’, assure-t-elle.
.Expliquant leur fonctionnement, Dr Elisabeth indique que ‘’les implants libèrent une hormone (le progestatif) qui épaissit le mucus autour du col de l’utérus, ce qui empêche les spermatozoïdes d’être en contact avec un ovule et cette hormone empêchent également la libération des ovules par les ovaires (ovulation)’’.
‘’Ils peuvent causer l’absence des menstrues ou des saignements abondants temporaires pendant quelques mois, cependant ils ne protègent pas contre les infections sexuellement transmissibles (IST),’’ prévient-elle.
Plusieurs études démographiques menées sur la population nigérienne, suggèrent la nécessité d’une maîtrise de la croissance démographique passant entre autres, par l’espacement des naissances‘’.
‘’Le meilleur moyen d’espacer ou de limiter les naissances dans un pays comme le Niger, c’est l’utilisation des méthodes contraceptives’’, soutient Dr Bachir Mansour Saley, démographe œuvrant dans le milieu humanitaire.
‘’La contraception renforce les droits des populations à choisir le nombre d’enfants qu’elles souhaitent avoir et à déterminer l’espacement des naissances’’ indique Me Moussa Tiémogo, avocat burkinabè spécialiste des questions de la famille au Sahel, contacté par nos soins.
Victimes de nombreux préjugés, les implants contraceptifs ont été durant longtemps ignorés par les femmes. On raconte que les ‘’bâtonnets’’ se perdraient dans l’organisme ou que leurs effets ne seraient pas maîtrisables…
Autant des fausses croyances et rumeurs que les professionnels balayent d’un revers de la main. , Mme Houda Saley Seyni technicienne supérieure en santé de la reproduction soutient que ’’des saignements sont susceptibles de se produire et les règles peuvent s’interrompre sans danger pendant l’allaitement à compter de 6 semaines après l’accouchement’’.
Mme Halidou Djamma, âgée de 30 ans, n’a jamais mis pied à l’école est aussi de cet avis.
Elle affirme qu’après la naissance de son second enfant il y’ a de cela deux mois, elle a été informée par une de ses voisines du quartier de l’efficacité des implants contraceptifs.
‘’ Ma voisine m’a surtout précisé que l’usage de ce produit permet de se reposer et en toute sécurité pendant un temps avant de contracter une nouvelle grossesse’’, a-t-elle témoigné.
Aujourd’hui a porté son implant à l’avant-bras gauche et explique que ‘’C’est mon mari qui m’a autorisée à l’utiliser’’, a-t-elle confié.
Mme Nafissa, habitant à Niamey, se réjouit aussi de l’utilisation de ce produit contraceptif.
‘’J’utilise la contraception parce que je suis fatiguée de prendre des grossesses sans espacement de naissance. D’habitude, dès que mon bébé atteint les 6 mois, je tombe aussitôt enceinte et mon mari a décidé que je stoppe ce calvaire’’, a-t-elle fait savoir.
C’est ainsi qu’un jour, a-t-elle poursuivi, ‘’ je me suis rendue au centre de santé de notre quartier et j’ai expliqué mon problème à la sage-femme. Elle m’a alors expliqué le fonctionnement, c’est comme ça j’ai opté pour l’utilisation des implants’’ a-t-elle confirmé.
AAM/CA/ANP 0057 Novembre 2022