Niamey, 10 nov (ANP)- Le Président de la République, Mohamed Bazoum a présidé, dans la matinée de ce jeudi 10 novembre au Centre de Conférence Mahatma Gandhi de Niamey, la cérémonie officielle de la rentrée judiciaire solennelle 2022-2023 couplée à la rencontre annuelle des magistrats placée sous le thème ‘’rôle de la justice dans la construction de l’Etat de droit ‘’.
La rentrée judiciaire permet à l’institution judiciaire de renouer avec des traditions abandonnées, à l’occasion desquelles, sont débattus des sujets qui intéressent le bon fonctionnement de la justice, et enfin, donne l’occasion de dresser le bilan des activités de l’année écoulée et dégager des perspectives pour la nouvelle année.
Cette cérémonie, qui s’est déroulée en présence des membres du gouvernement, des corps diplomatiques ainsi que des représentants des organisations internationales, a été l’occasion pour le Président de la République d’exhorter les magistrats au ‘’respect de l’éthique de la justice en appliquant la loi telle qu’elle est, sans autres considérations’’.
Dans son discours, le Président de la République a, après s’être réjoui de présider cette cérémonie, indiqué que ‘’la justice constitue une valeur centrale, qu’on évoque ou qu’on convoque quand il s’agit de qualifier un acte, une règle ou un comportement, ce qui est donc attendu du juge l’exige à être impartial comme l’affirme notre constitution. Dans l’exercice de leur fonction, les magistrats sont indépendants, ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi’’.
Il a alors rappelé que le programme politique, sur la base duquel il a été élu, fait ‘’une place de choix à la gouvernance juridique et judiciaire qui constitue la 3ème dimension en matière de gouvernance après la gouvernance sécuritaire et la gouvernance politique’’.
Le Président Bazoum s’est donc engagé ‘’à travers ce programme, à porter des réponses aux principaux défis auxquels notre justice est confrontée en faisant une justice de qualité plus efficace, plus équitable et plus accessible aux citoyens’’.
‘’Je me suis également engagé à lutter résolument contre la corruption en milieu judiciaire’’ a-t-il ajouté.
Dans cette perspective, a-t-il annoncé, ‘’l’Etat du Niger a fait droit à bien de revendications des syndicats des magistrats, ce qui leur a permis de bénéficier d’un traitement, un effort qui doit être poursuivi car l’investissement visant à assurer la probité du juge est un gage de justice sûre ».
Un juge jouissant de conditions confortables, selon le Chef de l’Etat, est ‘’un juge vis-à-vis duquel nous pouvons être particulièrement exigeants tant sur le plan de l’éthique que de son rendement’’.
Ainsi, a-t-il poursuivi, ‘’la justice doit donc être dotée de moyens suffisants pour bien jouer son rôle dans la construction de l’Etat de droit, ce que nous nous forçons d’ailleurs de réaliser en améliorant progressivement le budget du ministère de la justice avec certains efforts qui ont déjà été fournis à cet effet bien que j’ai pleinement confiance qu’ils restent totalement insuffisants’’.
Par ailleurs, le Président du conseil suprême de la magistrature a saisi cette opportunité pour s’adresser spécialement aux magistrats pour leur rappeler qu’il y a ‘’une part d’effort personnel qui est requis et attendu pour que l’éthique de l’indépendance du pouvoir judiciaire ait tout son sens’’. ‘’Je vous appelle donc à un travail de soi afin que vous assumez pleinement votre rôle de juge, celui d’appliquer la loi telle qu’elle est, sans autres considérations. Le juge est impartial et son jugement doit être le même quand il s’agit d’ami ou d’ennemi, de puissant ou de faible, de riche ou de pauvre, tous ceux auxquels s’applique la même règle doivent être traités de la même façon quel qu’en soient les conséquences. Il n y a pas de juge pour le pouvoir qui l’a nommé, mais un juge au service de la justice’’.
Aussi, au Président de la République de rassurer que l’affectation des magistrats est ‘’une affaire des magistrats’’, et en tant que Président du conseil suprême de la magistrature ‘’je ne prends presque aucune part à cette affectation. Ce sont les magistrats qui doivent le faire en respectant les règles de la hiérarchie’’.
Il a, cependant, promis ‘’de veiller à ce que cela soit ainsi fait’’.
Le juge, a-t-il fait savoir, doit toujours se servir de ‘’l’arsenal juridique pour faire régner la justice, et c’est dans la mesure où le juge aura réussi cette tâche que les cours et tribunaux seront respectés’’. ‘’J’appelle donc au sens de responsabilité des chefs de juridictions dans leur rôle de contrôle hiérarchique, les services de contrôle et d’inspection, tous ceux qui ont un pouvoir dans le fonctionnement de notre système judiciaire à s’investir davantage pour mettre fin à certaines pratiques qui n’honorent pas notre système judiciaire’’.
‘’Je promets que la persistance de ces pratiques appellera de ma part des sanctions exemplaires, car la justice juste conditionne le développement d’un pays’’ a averti le Président de la République.
Le premier magistrat du Niger a tenu, à cette occasion, à remercier tous les partenaires du Niger dans ce domaine dont l’appui a fortement contribué à améliorer les performances de la justice et les a invités à poursuivre leur soutien au gouvernement dans ses efforts visant à améliorer le service public de la justice afin de réconcilier le justiciable avec la justice et faire en sorte que tous les citoyens jouissent pleinement de leurs droits.
En prenant la parole à cette cérémonie, le Ministre de la Justice, M. Ikta Abdoulaye Mohamed a déclaré que ’’la rentrée judiciaire que nous célébrons aujourd’hui marque le début des activités judiciaires des cours et tribunaux au titre de l’année 2022-2023, et c’est la première fois qu’elle se déroule sous ce format avec les efforts et métiers de la justice’’.
‘’La justice nigérienne qui fait l’objet ces dernières années de sollicitations fortes par nos concitoyens qui expriment de vives attentes légitimes et justifiées, peut être perçue à la fois comme un idéal, une norme ou encore une institution’’ a-t-il expliqué avant de suggérer qu’il faudra ‘’dans le contexte de notre pays, admettre qu’elle doit incarner ces valeurs pour mériter la confiance de nos concitoyens et aussi que ses acteurs aient constamment à l’esprit le sens de la mission dont ils sont investis, celle de dire le droit et transcender les préjugés qui peuvent miner son bon fonctionnement’’.
Cependant, a-t-il déclaré, ‘’je me dois reconnaître qu’un travail important a été abattu sur le plan des réformes législatives et institutionnelles, réformes qui participent des efforts du gouvernement pour donner plus de visibilité à la mission de la justice avec, entre autres, une évolution d’effectif des magistrats d’environ 10%, un montant d’environ 675.454.000.000 FCFA alloué à l’administration pénitentiaire au cours de l’année 2022 pour l’amélioration de l’alimentation des détenus’’.
Enfin, M. Ikta annonce que son département ministériel s’apprête à la mise en œuvre d’un important plan de réhabilitation et de construction de nouveaux établissements car les défis auxquels le système judiciaire est confronté au Niger sont importants du fait du sous financement du secteur depuis plusieurs années.
‘’Cependant, avec la nouvelle dynamique du rehaussement du budget du ministère et l’appui complémentaire des partenaires du développement, des améliorations sont attendues dans l’ordre de justice’ a-t-il annoncé.
Notons qu’auparavant, plusieurs participants ont pris la parole pour non seulement féliciter le gouvernement pour cette initiative de renouer avec la rentrée solennelle, mais aussi remercier le Chef de l’Etat pour sa disponibilité et son souci de rendre à la justice, ses lettres de noblesse.
Il s’agit notamment du bâtonnier, Oumarou Sanda Kadri, du représentant du Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN), M. Doubou Yahaya et du 1er Président de la cour de cassation, M. Abou Dan Galadima.
Rappelons que le ministère de la justice nigérien gère 53 juridictions et 43 établissements pénitenciers.
DBZ/AS/ANP 0058 novembre 2022