Niamey, 2 juin (ANP) – A deux heures tapantes, des voix métalliques crachées de mégaphones arrachent certains passagers de leur sommeil dont les plus chanceux ont trouvé ‘’repos’’ sur des matelas rapiécés collés les uns contre les autres, les plus nombreux se sont assoupis sur des sièges métalliques d’attente alignés comme des brochettes.La petite cour où sont alignés les autocars pour les principales lignes domestiques retrouve de l’animation entre le vrombissement des moteurs et les voix humaines…En ces premières heures de la journée, une foule de personnes se presse autour des ‘’latrines’’ : celles qui font leurs toilettes matinales et des femmes qui préparent leurs enfants se disputent les bouilloires en pastique ‘’baillantes’’ et la demi-douzaine de latrines en dépit d’une odeur pestilentielle … Faute de ‘’commodité’’, les alentours des wc sont transformés en lieux d’aisance sauvages.Les eaux sont puisées dans des fûts métalliques sans couvercle avec des récipients qui passent de main en main… il n’existe aucun dispositif assurant l’hygiène.Les toilettes à peine achevées, les avertisseurs sonores annoncent l’embarquement donnant le coup d’envoi d’une cohue autour des bus aux frontons desquels sont accolés des papiers où les escales desservies sont listées.Le mouvement de désordre est davantage amplifié par les va-et-vient entre les ‘’quais’’ des passagers désorientés, ne sachant pas lire…La voix à peine audible du préposé de la société ceinturé des passagers égrène des noms et qui mieux mieux les candidats au départ prennent place à bord. Ils sont assis coude contre coude sur sièges (3+2) pour un bus qui offre quelque 70 places. Aucune règle de distanciation, de sécurité routière ou geste barrière ici.Ce jour là, l’autobus de la ligne Zinder-Niamey qui, en vérité, dessert une multitude d’escales, est surchargée : tous les strapontins et des sièges de fortune en bidon affichent complet. Les moins chanceux, bien qu’ils aient payé leur ticket, se tiennent débout espérant une hypothétique libération de siège à la prochaine escale à ..100 KM peut-être.On se croirait dans un bus de navette des écoliers dans une heure de pointe…Sourd aux supplications et aux plaintes de certains passagers, le chauffeur, un gaillard taciturne, sans bavette, presse le dernier coup de klaxon avant de lancer le mastodonte pour les 900 km de … route.Le spectacle est immuable : les escales se succèdent les unes aux autres avec leurs lots des passagers qui débarquent et d’autres qui s’en pressent à prendre ‘’place’’.A bord, une climatisation défectueuse surchauffe les airs et distillent une odeur de sueur mélangée aux senteurs de repas avalés à bord. Des emballages jetés, des bouteilles vides passent de siège en siège au gré des cahots ou de coups de frein brusques.L’absence d’un dispositif de collecte et de ramassage à bord ou au niveau des escales semble transformer le bus à une poubelle ambulante.Au terminus, le bus s’immobilise et crache … son contenu dans le même décor : c’est le désert en matière de consignes d’hygiène et de distanciation : des WC n’offrent aucune commodité, il n’existe pas de dispositifs de lavage de main, des aires attentes et services clients sont bondés, des escouades de marchands et des taxis proposant leurs produits ou services qui ‘’accueillent les passagers’’, pas de désinfection…Insouciance ? Déficit d’information ? Fatalité ?Ce qui est sûr, le contexte de crise sanitaire de COVID 19 ne semble pas être mis en cause, certaines habitudes aussi bien des citoyens que de certaines compagnies qui foulent des … pneus les règles contre la propagation de la pandémie.Les autorités ont remis sur les rails les sociétés des transports interurbains le 15 mai dernier après plus de deux mois de suspension de leurs activités, note-t-on.CA/ANP 008