Niamey, 29 juil (ANP)-Les parlementaires de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réunis à Accra au Ghana dans le cadre d’une rencontre délocalisée de l’institution communautaire ont écouté une communication sur l’influence des télécommunications et des technologies de l’information sur les élections dans les pays de la communauté.
Selon l’exposé fait par Dr. Adeyemi Fajingbesi devant les parlementaires de la CEDEAO, ‘’le cycle électoral en Afrique de l’Ouest a été marqué par une utilisation importante des innovations basées sur les TIC dans le but de faciliter la transparence du processus électoral, de garantir la crédibilité du système électoral et d’améliorer la sensibilisation des électeurs’’.
L’expert de la CEDEAO a, à cette occasion relevé que ‘’la pénétration de l’internet en Afrique de l’Ouest a augmenté progressivement au fil des ans’’, en dépit du fait que ‘’dans certains pays, une grande partie de la population n’a pas accès à l’internet’’.
Ce retard dans l’accès à l’internet, a-t-il expliqué, est dû à trois principaux obstacles à la généralisation de l’Internet en Afrique. Il s’agit du manque de sensibilisation et de contenu local pertinent, du manque de compétences numériques et de l’accessibilité financière.
Abordant la question de l’utilisation des TIC dans les processus électoraux en Afrique de l’Ouest, il a soutenu que ‘’l’activité la plus coûteuse du processus électoral est l’inscription des électeurs’’.
‘’Le degré de transparence et d’accessibilité du processus d’inscription des électeurs conditionne largement la confiance du public dans le processus électoral’’ a laissé entendre Dr Adeyemi Fajingbesi qui a relevé que ’’dans le but de promouvoir la confiance dans le système électoral, douze pays d’Afrique de l’Ouest utilisent actuellement des outils électroniques pour l’enregistrement des électeurs sur la liste électorale’’.
‘’La saisie des données biométriques est importante pour l’intégrité du fichier électoral’’ a-t-il fait savoir.
Cependant, même si les inscriptions sont faites électroniquement sur les fichiers électoraux, le vote, lui, se fait toujours manuellement dans ces pays.
Parmi les inconvénients relevés par l’expert en utilisant les TIC dans un processus électoral figurent des cas de fraude aux inscriptions sur les listes, le vote de mineurs, l’inscription d’étrangers, des inscriptions des électeurs ne reposant pas sur une pièce d’identité nationale vérifiable, et la non numérotation de façon ordonnée et séquentielle des fichiers électoraux pouvant entrainer une impossibilité de toute vérification.
Pour cela, il préconise avant toute utilisation des TIC dans ce processus d’avoir ‘’une vision globale de la technologie car elle n’est qu’un outil et n’est donc pas une fin en soi, d’examiner attentivement le contexte électoral dans lequel la technologie est utilisée, de tenir compte de l’impact de l’introduction de nouvelles technologies, et de gérer avec parcimonie ce processus pour éviter tout dysfonctionnement.
L’expert a demandé également aux pays ouest africains d’assurer la transparence et d’adopter un comportement éthique lors de l’adoption de nouvelles technologies.
Ainsi pour conclure, Dr Adeyemi Fajingbesi a rappelé que ‘’les élections sont au cœur de nos problématiques régionales, car c’est par le biais des élections que nous confions les rênes de nos nations aux personnes que nous mandatons pour défendre les politiques et les plans nécessaires à l’amélioration de notre situation collective et de notre statut international’’.
‘’La technologie peut être à la fois une arme et un bouclier, un puissant catalyseur et un agent pathogène, nous risquons d’exacerber la régression démocratique à laquelle nous assistons en Afrique de l’Ouest si les problèmes structurels sous-jacents ne sont pas résolus’’ a-t-il averti avant de proposer aux pays de se focaliser sur un certain nombre d’éléments dont une nouvelle définition de la notion de pouvoir et de citoyen afin de restaurer le contrat social rompu entre les citoyens et l’État.
Eviter également les entraves à la démocratie, reconstruire la cohésion sociale en recourant au dialogue, à la réconciliation, à la sensibilisation et à la réorganisation de nos sociétés, investir davantage dans la recherche et le développement, la gestion des données sur la population et les technologies locales, tenir compte des questions de sécurité liées à la nouvelle technologie.
Il a recommandé aussi aux Etats de tester l’exactitude des résultats produits par l’utilisation de la technologie, de garantir la propriété juridique des résultats, de créer et faire respecter les cadres juridiques, et enfin d’inculquer la vigilance et œuvrer en faveur de l’indépendance de la justice.
Rappelons que le vote au suffrage universel direct des députés communautaires fait partie des ambitions que s’est fixées le président du parlement de la CEDEAO, Honorable Mohamed Sidie Tunis.
AS/ANP 0168 juillet 2021