Niamey, 28 Mars (ANP)- La situation sécuritaire dans la commune de Ouallam, chef-lieu du département du même nom, dans la Région de Tillabéri (Ouest, frontalière du Mali et du Burkina Faso), est relativement calme, selon le Maire de la localité M. Abdoul Karim Moussa, dans une interview à l’ANP.
« Au niveau de la commune de Ouallam, je peux dire que ça va un peu, malgré qu’ils [les terroristes] soient visibles dans l’aire de 20 kilomètres. On les voit dans certains villages, dans certains marchés. La situation se présente de cette manière ici à Ouallam. Il y a plus de psychose que d’actions terroristes », affirme l’élu local, notant que la sécurité de la commune est assurée par la présence ‘’d’un bon dispositif militaire’’.
« Malgré que le maillage ne soit pas totalement couvert, l’Etat fait de son mieux. Ce qui fait qu’aucun espace du pays n’est occupé par les terroristes », fait observer le maire, rapportant qu’« outre la patrouille départementale qui sillonne le département, il y a la force Almahaw qui est à l’ouest à 2 kilomètres de la ville de Ouallam, qui sillonne au-delà du département, une partie de la Région.’’
Et Abdoul Karim d’enchainer : ‘’ Vraiment nous voyons les résultats de cette présence des FDS [forces de la défense et de sécurité] mais seulement, les gens qui sont loin, qui ne maîtrisent pas la situation, pensent que les FDS ne font rien’’.
L’élu local fait savoir que ‘’ ce qu’ils –militaires- font est très important. Et s’ils continuent comme ça, un jour, on va oublier cette insécurité. Ça va rester dans l’histoire ».
Les organisations humanitaires « s’alignent également aux objectifs de l’Etat pour accompagner nos populations », ainsi que les déplacés en provenance de Banibongou et de Tondikiwindi et les réfugiés maliens impactés par l’insécurité, renseigne l’élu local.
Le Maire de Ouallam fait aussi mention des besoins humanitaires urgents de ses administrés dans ce contexte d’insécurité.
« Les besoins urgents de notre commune sont déjà pris en compte dans notre PDC [programme de développement communal] qui a été validé en juillet 2022 », fait-il savoir, avant de préciser que « la première priorité, c’est dans le domaine de l’hydraulique ».
« Nous voulons que le problème d’eau soit réglé dans toute la commune de Ouallam d’ici la fin de notre planification », lance-t-il.
Deuxième préoccupation, « c’est la santé » : « Là aussi, nous avons programmé beaucoup de CSI [centres de santé intégrés, comme besoin, ndlr] surtout dans les gros villages. Il y a des partenaires qui ont commencé à s’annoncer. On compte (…) atteindre ces résultats d’ici 2026 », espère-t-il.
« Après la santé, il y a l’éducation », affirme M. Abdoul Karim, notant que : « Nous avons conscience que le problème de l’éducation à Ouallam est récurrent. Il est lié à l’insuffisance des enseignants et la gestion administrative des écoles ».
Parlant de l’identité des acteurs terroristes qui opèrent dans la Région, le président du conseil communal de Ouallam déclare « Je ne dis pas que les jeunes de Tillabéri ne sont pas dedans, parce que, dans les communes que j’avais citées, à savoir Banibangou et Tondikiwindi (…) d’après certaines personnes (…) il y a certaines personnes qui sont dedans. Il y a aussi des locaux qui ont été interpellés d’habitude. Il y a certains qui sont même emprisonnés. Donc je ne peux pas nier qu’il ait des locaux dans cette affaire ».
« On ne peut parler d’ethnie majoritaire [au sein des groupes terroristes]. On ne connaît pas, par exemple le nombre des groupes armés, on ne connaît pas le nombre des combattants. Donc on ne peut pas se prononcer (…) pour dire que c’est telle ou telle ethnie qui est majoritaire », nuance le Maire.
« A Ouallam-commune que je connais très bien, on n’a stigmatisé aucune ethnie. Toutes les ethnies collaborent en parfaite symbiose. Même permis les réfugiés peulhs maliens, il y a aucun qui a été doigté ou qui a été inquiété parce qu’il est peulh ou malien », fait savoir l’autorité locale.
« En tout cas, cette situation de stigmatisation on ne la retrouve pas à Ouallam. Parce qu’avant même l’avènement de cette situation d’insécurité, nous avions mis des outils en place qui sont des structures de dialogue. Par exemple nous avons un comité de prévention et de gestion des conflits, un comité de paix…Je vous affirme qu’à Ouallam, nous n’avons pas un problème peulhs et Zarmas, un problème entre Peulhs et Touareg, problème entre Zarmas et Touaregs, ainsi que suite », explique-t-il.
« Je n’ai jamais entendu, jusqu’à preuve de contraire, une communauté accuser une autre communauté de terrorisme », insiste-t-il.
Plusieurs localités de la région de Tillabéri sont sous état l’urgence depuis quelques années en raison de la dégradation de la situation sécuritaire avec des attaques récurrentes des groupes se réclamant de djihadistes.
MSB/CA/AANP 0191 Mars 2023