Le chef de l’état préside la cérémonie inaugurale des ‘’Etats généraux de la Justice’’
Niamey, 26 Nov(ANP)- Les travaux des ‘’Etats généraux de la justice’’ ont débuté, lundi au Palais des Congrès de Niamey, sous la présidence de SEM. Issoufou Mahamadou, président de la République, chef de l’Etat.
Dans son allocution d’ouverture, Issoufou Mahamadou, tout en se réjouissant de la tenue de ces Etats généraux de la justice et remerciant tous les invités, a indiqué que cela fait plusieurs mois que sous la conduite du ministre de la Justice, Garde des Sceaux, le Niger travaille à l’organisation de cette importante manifestation sur laquelle il fonde beaucoup d’espoirs.
« Les Etats Généraux de la justice sont à mes yeux, une rencontre de la plus haute importance. Historiquement ils ont été organisés dans un pays chaque fois que celui-ci ressent le besoin d’asseoir les bases d’une nouvelle orientation politique. Ils peuvent concerner tous les aspects de la vie nationale, comme au demeurant, nous l’avions vu à l’occasion de la conférence Nationale souveraine au début des années 1990 »a-t-il déclaré.
Selon le chef de l’état, c’est environ 500 personnes qui vont plusieurs jours durant, faire le diagnostic sans complaisance de la situation de notre système judiciaire et proposer les solutions idoines. Il a souligné une innovation importante, celle de la participation aux travaux, des représentants des justiciables à travers les nombreuses associations de la société civile et ONG.
« L’état de droit et la justice sont deux valeurs fondamentales de la République. Le programme de la renaissance prévoit de les promouvoir en vue du réarmement moral de notre société ainsi que de son progrès économique et social à travers l’assainissement de la gestion des affaires publiques » a-t- il dit.
parlant des lois, le président de la République estime qu’elles ne servent à rien s’il n’y a pas un glaive pour les exécuter et c’est en jugeant que le juge contribue à instruire les citoyens. La justice doit inspirer la crainte, qui est une condition de la liberté, car il n’y a pas de liberté sans répression du crime.
« Les présents états généraux de la justice réfléchiront sans doute sur cette fonction de la justice et sur les conséquences que son affaiblissement pourrait avoir sur nos institutions et sur notre société » estime le président de la république, ajoutant que notre justice est l’objet de toutes sortes de supputations, comme l’attestent les résultats d’un sondage exécuté par l’institut National de la Statistique(INS) sur un échantillon représentatif de la population de Niamey.
Selon ce sondage, plus de 53% de personnes interrogées déclarent ne pas avoir confiance à la justice, 67% pensent que la corruption sévit dans le milieu judiciaire, pendant que près de 50% estiment que le principe de la séparation des pouvoirs n’est pas une réalité dans notre pays.
Devant cette image écornée de notre justice, le président de la République a décelé quelques maux qui entravent la bonne marche de notre justice.
Il s’agit de l’extrême jeunesse du personnel judiciaire, du sous-effectif qui caractérise le secteur, de la faible spécialisation des magistrats et des agents de justice, de l’insuffisance des ressources matérielles et financières, des nombreuses influences y compris la corruption et les interventions politiques qui nuisent à la délivrance d’une justice saine.
Evoquant la situation de la population carcérale, le chef de l’état a fustigé le fait que plus de 53% de détenus sont des prévenus en attente de jugement, 73% de femmes détenues et 78% de mineurs détenus sont dans cette situation.
« Je me sens interpellé. La justice ne doit pas détenir pendant des années des prévenus sans jugement. Nous avons le devoir de changer cela » a-t-il martelé.
Pour le président de la république, l’examen de toutes les questions évoquées dans les différents thèmes qui seront débattus à ces états généraux de la justice, débouchera certainement sur des conclusions qui permettront d’améliorer la qualité de la justice à travers les facilités d’accès, la célérité des procès, la prévisibilité et l’optimisation du temps judiciaire, la stabilité des décisions rendues, la possibilité d’en obtenir l’exécution et la confiance des justiciables.
Le président du Comité d’organisation de ces états généraux M. Oumarou Yayé, a indiqué que le forum qui s’ouvre aujourd’hui est le fruit d’un processus laborieux et la commission ainsi formée regorge toutes les compétences et sensibilités de la société civile et de l’administration. Il a rendu public tous les différents thèmes tenus par sa commission et qui seront débattus au cours de ces travaux.
Le représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie pour sa part, a dit que les états généraux de la justice sont le résultat de la volonté forte exprimée dès l’avènement de la 7ème République.
« Ces états généraux sont une étape marquante qui placent la justice au cœur du projet démocratique de votre pays qui doit contribuer à consolider de manière décisive l’Etat de droit», a-t- il noté.
Le chef de file des partenaires techniques et financiers, M. Christophe Bouchard a pour sa part salué le caractère exceptionnel et ambitieux des états généraux de la justice dont l’objectif premier est de débattre des maux qui assaillent le système judiciaire et de dégager les orientations et politiques nécessaires à leur résolution.
« Cette cérémonie est un signe fort, elle témoigne du dynamisme qui anime l’administration de la justice d’assumer pleinement son rôle dans la société et de retrouver ses lettres de noblesse » a-t-il dit.
AT /AMC/DMM/ANP Novembre 2012