Niamey, 21 Oct (ANP)-A Niamey, le commerce ambulant de carburant appelé communément « sogou- sogou » se développe à un rythme aussi vite que des stations de service officielles.
En effet, il est facile d’apercevoir, au niveau des différentes rues de la capitale, des étals de bidons d’essence à l’attente de clients potentiels. Visible sur des briques ou à même le sol, le litre de ce carburant se vend à un prix relativement inferieur par rapport à celui à la pompe.
Ce carburant provient, pour la plupart, d’un marché de contrebande au niveau des pays voisins du Niger notamment du Nigeria via des transporteurs qui sont chargés d’acheminer des centaines de litres d’essence sur des motos ; voitures et même par pirogues.
Au même moment, une partie du carburant produit par la Société de Raffinage de Zinder (Soraz) se retrouve aussi sur le marché noir.
Cependant, pour bon nombre d’observateurs la qualité de ce carburant reste à désirer avec tout ce que l’on sait sur les conditions de stockage et de manipulation.
En dépit des efforts des autorités pour l’éradiquer, la commercialisation du carburant fraudé demeure une pratique en progression dans la capitale.
‘’Je fais cette activité pendant longtemps, et j’arrive à subvenir à mes besoins’’, annonce Monsieur Moussa, revendeur sur la voie express de la capitale, qui souligne par la suite que le nombre de litres vendus par jour varie en fonction de la disponibilité du carburant au niveau de leurs fournisseurs.
‘’Le litre se vend à 500FCFA et le bidon de 5 litres à 2500FCA’’, dit –t-il.
Parlant des risques qu’ils encourent, M. Moussa affirme que la douane fait de temps à autres de patrouilles en ramassant leurs matériels (Bidons) et même les revendeurs ne sont pas épargnés, ils sont contraints de fuir et laisser tout, au risque de se retrouver en prison.
A un certain moment, explique-t-il, même le client est considéré comme fraudeur, et passible d’une amende une fois pris par les autorités.
‘’Moi ça m’arrive d’utiliser ce carburant et je n’ai jamais constaté de conséquence négative sur le moteur de mon véhicule’’, a confié un taximan, M. Souleymane, qui ajoute que c’est seulement le carburant venu du Nigeria que les gens considèrent de faible qualité.
M. Mahamane annonce que ce carburant sur table dépanne parfois, tout en laissant comprendre qu’il a l’habitude de tomber en panne sèche dans des endroits reculés et c’est seulement grâce à ce carburant qu’il a pu reprendre sa route.
Interrogé sur la question, M. Maazou, gérant de station à Niamey, regrette de voir ces vendeurs ambulants à quelques mètres des stations de service, cassant le prix du litre alors qu’ils ne paient aucune taxe.
‘’C’est n’est pas normal, l’Etat doit agir vite pour mettre fin à cette pratique’’ a-t-il suggéré.
Niamey, longtemps épargnée par ce trafic florissant le long des zones frontalières avec le Nigeria, est aujourd’hui envahie par vente au noir.
La situation au plan national est telle que le Président de la République, Mohamed Bazoum a présidé, le mercredi 20 octobre 2021 dernier à son Cabinet, une réunion interministérielle axée sur la lutte contre la fraude des hydrocarbures au Niger.
A l’issue de cette rencontre , le Ministre des Finances Ahmat Jidoud a déclaré à la presse que l’objectif est de trouver les voies et moyens pour lutter contre la fraude des hydrocarbures, en ce qu’elle « constitue une menace importante voire très sérieuse qui affecte non seulement la santé de notre entreprise nationale qu’est la SONIDEP, mais également un grand manque à gagner en matière de mobilisation des ressources internes ».
Aussi, le ministre Ahmat Jidoud a souligné qu’ils ont discuté de ‘’toute la problématique, que ça soit la source d’approvisionnement liée à cette fraude, les conséquences qu’elle entraîne, mais aussi et surtout des mesures pour éradiquer ce fléau ».
Enfin, annonce-t-il, au cours de cette rencontre, il a été arrêté de mettre en place un comité qui doit réfléchir sur l’identification de ces sources d’approvisionnement qui alimentent le canal de la fraude, de réfléchir sur les mesures à prendre et aussi des dispositifs d’un point de vue aujourd’hui ponctuel mais aussi temporel ».
Depuis 2011, le Niger produit quelque 20.000 barils/jour du pétrole qu’il projette de quintupler d’ici 2023 sous le format de contrat de partage de production avec une entreprise chinoise.
Le pays partage de frontières communes avec trois producteurs des hydrocarbures à savoir le Nigeria, l’Algérie et la Libye, ce qui alimente des fraudes de ces produits.
AIO/CA/AS/ANP 0138 octobre 2021