Niamey : des ‘’casinos de trottoir’’ dament le pion aux établissements en règle

Niamey : des ‘’casinos de trottoir’’ dament le pion aux établissements en règle

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Niamey, 11 Janv (ANP) – Au trottoir d’une rue passante de Niamey, une foule enjouée d’enfants s’affairant autour d’une machine éclaboussée de lumières multicolores dans un tohu bohu digne d’une ambiance de bourse des valeurs.

Cette scène est devenue presque le quotidien des habitants de la capitale nigérienne où des ‘’casinos de trottoir’’ opèrent au coin des rues sans aucun respect des normes appâtant en grande partie des enfants, selon les constatations de la Loterie nationale du Niger.

M. Mamoudou Seydou, chef service commercial, chargé de la gestion des salles de jeu fait savoir que ces machines implantées dans la rue ne sont pas autorisées par la loterie, puisque l’institution autorise uniquement dans un cadre normé qui consiste à avoir une salle bien localisée et avant de commencer à exercer, il faudrait aussi un constat du ministère de l’intérieur par le biais des sapeurs-pompiers qui doivent faire un contrôle pour voir si en cas d’incendie, les machines peuvent être rapidement dégagées.

Il y a toute une procédure à suivre dont l’attestation de salubrité, une enquête de moralité de l’exploitant et aussi des frais à engager, détaille-t-il.

Dans les faits, ces machines à sou sont pour la plupart installées aux devantures des salons de coiffure homme et confiées à des jeunes adolescents qui ne partent plus à l’école.

Autour de ces machines dites à sou, des enfants de moins de 18 ans se bousculent tôt le matin pour jouer soit avec l’argent que les parents leurs donnent pour le petit déjeuner, soit avec de l’argent trouvé par d’autres moyens.

En effet, ces jeux de hasard ne sont rien d’autres que des machines chinoises communément appelées Jackpot où on mise 100 f CFA dans l’attente, soit de gagner le jackpot qui varie entre 300 f à 12000f, soit de perdre.

Un jeune joueur trouvé sur place au quartier Bassora nous confie qu’il a l’habitude de gagner 5000f et c’est depuis lors qu’il est devenu ‘’accro‘’ à ce jeu qu’il pratique à l’insu de ses parents.

« Je joue avec l’argent de mon petit déjeuner ou avec des sous que j’épargne uniquement pour ce jeu qui est devenu mon passe-temps, car en longueur de journée je peux passer ici deux à trois fois».

Ce jeu est également pratiqué par certaines femmes aux foyers et cela à l’insu des époux.

Le promoteur du jackpot a quant à lui indiqué que pour respecter la règlementation, ça lui arrive de chasser les petits enfants, mais ces derniers refusent. Des fois, ses enfants viennent uniquement pour perturber les autres joueurs et non pour jouer précisément.

‘’Nous gagnons des recettes journalières qui tournent autour de 30.000 à 100.000 FCFA’’, a indiqué le promoteur du Jackpot qui est en même temps gérant d’un salon de coiffure.

Les observateurs notent que ces jeux non réglementés créent la dépendance, une sorte d’addiction avec les risques d’endettement ou de commission des actes délictuels sans compter le manque à gagner pour les impôts.

Au niveau de la loterie nationale, M. Mamoudou Seydou, a fait savoir que pour remédier à ce problème, « nous avons mis plusieurs fois en contribution la police des mœurs pour aller jusqu’à saisir ces machines qui sont utilisées pour la plupart par les mineurs qui ne sont pas habilités à jouer».

Un comité a également été mis en place avec tous les acteurs concernés afin de d’interdire l’utilisation de ses machines par les mineurs, les principaux clients. Mais le problème est que jusque-là entier, parce que même s’ils prennent ces machines aujourd’hui, demain d’autres reviennent et ça persiste, regrette-t-il.

« La loterie nationale n’offre pas des autorisations pour que les exploitants exercent dans la rue, mais plutôt pour exercer dans une salle bien déterminée, bien localisée et bien située pour permettre une éventuelle évacuation en cas d’incendie et autres », informe le responsable de LONANI, notant qu’il y a des ‘’exploitants qui viennent chercher leurs autorisation au niveau de la loterie dont nous considérons comme des exploitants légaux, et il y’a d’autres qui exercent sans autorisations à leurs risques et périls car au cours du contrôle qu’exerce la loterie de temps à autres, ces machines illégales sont saisies ».

Ce contrôle, note-t-on, se fait à travers un appel à l’expertise d’un comité créé au sein de la loterie pour faire le contrôle par rapport à la régularité de toutes les salles de jeu enregistrées.

Le contrôle consiste à aller dans les salles déjà connues, demander l’autorisation décernée, vérifier la conformité en faisant le contrôle du nombre de machines autorisées et enfin vérifier si l’endroit indiqué dans l’autorisation est belle et bien là où le métier est en train d’être exercé.

‘’Nous lançons un appel à l’endroit des exploitants d’être vraiment conscients du mal qu’ils sont en train d’installer dans la société et aussi de faire donc preuve de bonne conscience et de respecter la réglementation du pays, c’est là donc le minimum qu’on leur demande’’ a-t-il poursuivi avant de laisser entendre que ‘’la personne est libre d’exercer, vu que nous sommes dans un système de libéralisme, mais cette dernière, doit respecter la loi et le règlement du pays qui interdit au moins de 18 ans de s’adonner à ces genres de pratiques’’.

ADA/CA/ANP 037 Janvier 2023

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