Niamey, 4 Avril (ANP)-Le Chef du Gouvernement Nigerien, Ouhoumoudou Mahamadou a présidé, dans l’apres-midi de ce mardi 4 avril 2023 à son cabinet, la premiere réunion du conseil d’orientation du mécanisme d’alerte précoce et de réponses aux risques sécuritaires du Niger.
C’était en presence de la Vice-présidente de la commission de la CEDEAO, Mme Damtien L. Tchintchibidja.
Il s’est agi, au cours de cette première réunion du Conseil d’Orientation et de Suivi, d’apprécier les activités menées par le Centre National, d’approuver son plan d’action triennal, et de donner des directives et des orientations pour l’année 2023.
A l’entame de ses propos, le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou s’est réjoui de la présence de la Vice-présidente de la commission de la CEDEAO qui est l’expression non seulement de ‘’l’intérêt que vous portez personnellement à l’opérationnalisation des Mécanismes Nationaux, mais aussi de la qualité des relations entre la CEDEAO, notre organisation communautaire, et le Niger’’.
Ces relations, a-t-il rappelé, se ‘’traduisent par l’appui constant que la CEDEAO apporte à notre pays dans plusieurs domaines à travers des projets de développement et d’intégration régionale’’.
Selon Ouhoumoudou Mahamadou, la sous-région ouest-africaine fait face à un ‘’double choc, à la fois sécuritaire et climatique, causant des pertes en vies humaines, obligeant les populations à se déplacer et provoquant des déficits céréaliers importants’’.
‘’Les attaques des groupes terroristes et criminels viennent s’ajouter aux activités illicites, aux conflits locaux et à la violence communautaire qui affaiblissent davantage une sous-région déjà en proie aux effets néfastes du changement climatique’’, a-t-il souligné avant d’ajouter que les menaces sécuritaires sont ‘’réelles, et appellent une véritable synergie d’action » tout en affirmant que »les pays du Sahel constituent une digue de protection pour ceux de la côte contre le terrorisme. Il faut alors protéger cette digue pour qu’elle ne cède pas, et pour éviter le pire’’.
En effet, a-t-il dit, »c’est dans un cadre harmonisé que nous pouvons mieux combattre et éradiquer un phénomène rampant comme la criminalité transnationale organisée qui s’alimente des actes de piraterie maritime, d’enlèvements de personnes contre rançon, des vols à mains armées, d’extorsion et de trafics de personnes, de drogues et d’armes’’.
»Notre sous-région est sous menace comme l’indique l’Indice Global du Terrorisme, publié en 2023. En effet, sur les dix (10) pays les plus impactés par les actes terroristes dans le monde, quatre (4) appartiennent à la CEDEAO. Pour faire face à cette situation, les meilleures options pour une paix durable restent sans aucun doute la prévention, l’anticipation et le traitement des causes sous-jacentes et profondes du terrorisme’’, a relevé le Premier Ministre nigérien, selon qui, c’est pourquoi, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ont ‘’adopté, en 2014, le projet de création des Mécanismes Nationaux d’Alerte Précoce, en tant que cadres stratégiques, pour prévenir les risques liés à la sécurité humaine dans les Etats membres’’.
Ces Mécanismes, a encore souligné, Ouhoumoudou, ont vocation à être »des outils efficaces pour prévenir en temps réel les risques sécuritaires. C’est à travers une telle approche faite d’anticipation, qui évite un temps mort entre l’alerte et la réponse, que les impacts négatifs de ces risques sécuritaires pourraient être neutralisés’’.
»Le Niger a adhéré à cette approche, en créant le Mécanisme National d’Alerte Précoce, en 2020. Depuis mars 2022, ce Mécanisme est pleinement opérationnel, a-t-il rappelé avant de se réjouir du fait que ‘’notre Mécanisme National répond à son mandat en tant qu’outil d’anticipation et d’aide à la décision pour le Gouvernement mais aussi de coordination des réponses en matière de sécurité humaine ».
Le Premier Ministre nigérien de rassurer à cet effet que le Gouvernement continuera apporter tout l’accompagnement nécessaire à cet outil pour qu’il atteigne les objectifs qui lui ont été assignés’’.
Quant à la vice-présidente de la commission de la CEDEAO, Mme Damtien L. Tchintchibidja, qui avait pris la parole peu avant l’intervention du Premier Ministre, elle a, au nom du président de la commission, exprimé au Président Mohamed Bazoum sa reconnaissance pour »son engagement ferme et constant au service de l’intégration des Etats et des peuples de notre chère Communauté’’.
‘’Nous sommes ici réunis en qualité de membres du Conseil statutaire d’orientation du Mécanisme d’Alerte précoce et de Réponses aux crises sécuritaires. Ce Conseil, comme vous le savez, s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du projet de décentralisation du Mécanisme d’Alerte précoce et de Réponses au sein de nos Etats membres » a-t-elle laissé entendre.
»Je profite de l’occasion pour rappeler brièvement la genèse de ce projet initial de décentralisation en vue de mieux comprendre les enjeux de notre rencontre d’aujourd’hui’’, a-t-elle indiqué.
Selon la vice-présidente de la commission de la CEDEAO, après 10 ans de mise en œuvre (de 2004 à 2013), le Réseau d’Alerte précoce et de Réponses de la CEDEAO (ECOWARN) a laissé apparaître les ‘’insuffisances suivantes : Un fossé de plus en plus important entre l’alerte et la réponse qui se traduit par le fait que la plupart des crises qui ont secoué notre région avaient montré des signes que nous avions bien décryptés sans qu’une intervention efficace puisse suivre pour éviter les conflits ouverts ; Une architecture paix et sécurité relativement faible, nécessitant de renforcer les articulations entre les niveaux national, régional et continental pour plus de cohérence dans les interventions.
Au demeurant, a poursuivi Mme Damtien L. Tchintchibidja la Déclaration de Monrovia de 2010 sur les deux décennies de processus de paix en Afrique de l’Ouest, stipule en ses Articles 8 et 9 que la CEDEAO doit ‘’renforcer ses capacités en matière de prévention et de gestion des crises à faible intensité et aider les Etats membres à développer des mécanismes nationaux dans le but de renforcer les capacités des communautés’’.
Selon elle, la session inaugurale du Conseil statutaire d’Orientation du Mécanisme d’Alerte précoce et de Réponses du Niger est ‘’également la première réunion de cet organe, qui est vital pour le bon fonctionnement du Mécanisme. La philosophie de la mise en place du Centre supervisé par ledit Conseil est basée sur le postulat que l’Etat a la responsabilité première d’assurer et de garantir la Paix et la Sécurité à l’intérieur de ses frontières’’.
AOM/AS/ANP 042 avril 2023