Niamey, 10 Jan (ANP) – Médecins Sans Frontières (MSF) a entrepris du 4 au 9 janvier 2023, un plan de riposte à l’épidémie de Diphtérie dans les localités de Gouré et Tesker (région de Zinder) dont les cas de cette épidémie ont été enregistrés courant le mois d’août 2022. La diphtérie, une maladie qui touche toutes les couches de la population, et dont les principaux symptômes se caractérisent par le gonflement des deux côtés du cou en dessous des joues.
Au niveau de la commune de Tesker, Médecins Sans Frontières (MSF) a apporté son appui au District sanitaire de la localité, qui dispose de sept Centres de Santé Intégré, un CSI urbain et six autres aux alentours. Selon Moussa Dan Baki Mamane, Réfèrent médical projet d’urgence MSF Suisse, 27 équipes en stratégie fixe, mobile et avancée « ont été déployées, des équipes de supervision se déploient chaque jour sur le terrain pour constater la participation de la population, malgré le contexte difficile de la population qui est nomade, il y a une grande participation à cette campagne de vaccination au niveau même des postes avancés des sites mobiles ».
La performance journalière varie selon les zones selon lui, « au niveau urbain elle est d’environ 400 personnes par équipe, mais en avancé et mobile la performance tourne autour de 150 à 200 personnes du fait qu’il faut parcourir une distance de 50 à 80 kilomètres pour tomber sur un hameau de quelques concessions ».
On ne peut avancer des résultats de manière globale, indique le Référent médical MSF, étant dans une zone non couverte par le réseau téléphonique, pour la remontée des informations en temps réel, « mais pour ce qui est des personnes vaccinées, de manière partielle, les résultats qui nous sont parvenus au troisième jour de la campagne, font état de 11.553 personnes. Cette couverture étant partielle représente 22%. Il faut préciser que les chefs CSI qui nous font remonter les données, doivent parcourir une distance de 90 à plus de 100 kilomètres pour tomber sur réseau afin de pouvoir appeler la coordination pour partager ces données. Des fois, ces chefs CSI n’ont pas les données de leurs équipes parties en avancé et en mobile, ce qui fait que cette couverture est estimée à 22% au troisième jour. Nous restons optimistes parce que généralement pour les zones nomades, c’est à la fin des campagnes que les populations reviennent pour se faire vacciner, là nous aurons l’intégralité des données ».
Moussa Dan Baki précise que ces données de 22% ne sont pas celles de toutes les 27 équipes sur le terrain, « ce sont les données des équipes qui sont en stratégie fixe, par exemple le CSI urbain de Tesker a huit équipes avec seulement trois équipes en stratégie fixe, les cinq autres sont en mobile et avancées. On ne pas que disposer des résultats des équipes en fixe et en avancé qui sont dans un rayon d’à peu près 40 km qui peuvent revenir à la base et communiquer les données au niveau du chef CSI ».
La cible concernée c’est les enfants à partir de 6 semaines jusqu’à l’âge adulte et même à plus de 100 ans si disponible. Il y a deux types de vaccin que MSF dispose pour cette campagne, « pour la tranche d’âge de 6 semaines à 7 ans, nous utilisons le Pentavalent qui comporte 5 antigènes associés, et pour la tranche d’âge de 7 ans à plus, nous utilisons le Bivalent qui dispose de deux antigènes associés ».
La campagne de vaccination se fera en deux parties, un second tour interviendra un mois après ce premier en cours, pour une population cible de 53.240 personnes à vacciner pour ce qui est du District sanitaire de Tesker. Une carte de vaccination est donnée à chaque personne vaccinée, qui est informée du second tour un mois après, ce qui va permettre de conférer une immunité satisfaisante du point de vue couverture et prévention.
En termes de riposte, cette épidémie de diphtérie, dans son contexte nomade, a suscité beaucoup d’engouement. Le début de la maladie avait fait beaucoup de décès, un camp de prise en charge a été installé par Médecins Sans Frontières (MSF). Un nombre important de décès a été enregistré du fait des longues distances que les populations parcouraient avant d’arriver au niveau des centres de santé, et tous les patients ont été admis et ont été pris en charge par Médecins Sans Frontières.
La population a pris connaissance de la gravité de la situation, ce qui a permis l’acceptance des équipes de MSF à venir se faire vacciner.
Pour le Coordonnateur de projet urgence NET de MSF, Hassane Chaibou, « Il y a eu plus de cas de Diphtérie à Gouré, comparativement à Tesker, Médecins Sans Frontières (MSF) a décidé d’intervenir à Tesker parce qu’au-delà des cas, il y a eu aussi des décès qui ont été rapportés. Au vue des aspects de contagion et de risques de mortalité de cette maladie, MSF a décidé de prendre l’appel à la sollicitation du district sanitaire de Tesker.
Il y a eu des rencontres entre Médecins Sans frontières et les autorités sanitaires de la région, ainsi que du district, et au-delà de cela, il y a eu des investigations pour déceler d’autres cas. Il y a eu aussi l’installation d’un site de prise en charge des malades de diphtérie. Il y a eu aussi des rencontres avec les autorités administratives et les leaders communautaires pour partager les informations sur cette maladie ainsi que ses symptômes afin de réduire l’impact de la maladie sur la communauté, a-t-il rappelé.
En plus de la prise en charge, MSF est venu en appui au district sanitaire de Tesker pour organiser une riposte vaccinale et au cours de cette riposte, « avec une affluence sur les sites de vaccination parce que les gens ont encore à l’esprit, l’impact de cette maladie et ils veulent se préserver » selon le Coordonnateur du projet urgence MSF.
Il rappelle également que cela fait six ans au Niger que des cas de cette maladie n’ont pas été découverts. De par le caractère médico-humanitaire de MSF, « certaines maladies aujourd’hui ne sont plus courantes et cela n’explique pas le fait qu’elles doivent être oubliées, il faut pouvoir se préparer à réagir à l’inattendu. MSF est sur cette lancée ».
SML/ANP/031/Janvier 2023
