Niamey, 23 Fév. (ANP)- La culture maraichère a du vent en poupe au Niger et particulièrement à Niamey, où le fleuve Niger constitue une source intarissable pour l’irrigation.
Selon Habi Ibrahim, Ingénieur d’Agriculture en service au Réseau des Chambres d’Agriculture du Niger (RECA) ’’les cultures maraîchères représentent un grand poids dans l’alimentation des populations du Niger’’.
De son point de vue, ‘’si on fait la conversion de la valeur des cultures maraichères par rapport aux cultures céréalières, on va se retrouver à un très grand pourcentage. Ce qui veut dire que les cultures maraîchères sont très importantes’’.
Ce spécialiste précise qu’on ne fait pas ‘’les cultures maraîchères que pour manger, on les fait aussi pour gagner de l’argent et acheter les céréales dont on n’a besoin’’, soulignant que ‘’les cultures maraîchères sont vraiment importantes pour notre pays et pour le développement de l’alimentation des populations’’.
Les produits issus de la culture maraîchère sont très prisés dans la ville de Niamey, constate M. Habi.
A titre illustratif, ‘’pour le petit déjeuner, beaucoup des gens utilisent le moringa communément appelé « Widouboumdou » qui est une culture maraîchère qui a pris beaucoup de l’ampleur dans l’alimentation des populations nigériennes et dans tous les foyers’’.
S’agissant des autres légumes, M.Habi Ibrahim de faire savoir que ’’les gens consomment beaucoup le choux sans compter les autres cultures comme la tomate, le piment vert, le poivron’’.
‘’Dans l’assiette des consommateurs, tous ces produits se retrouvent pendant une bonne période et l’on ne peut être que satisfait de ces cultures maraîchères’’, se réjouit-il.
L’ampleur de la culture maraichère à Niamey et ses environs, comme Kollo et Liboré, est si importante qu’il y’a aujourd’hui des marchés spécialisés dans la vente des produits. C’est le cas des Marchés Dollé, Nouveau Marché, Petit Marché, indique-t-on.
M. Natama Nazaire, producteur à la rive droite du Fleuve Niger, dans le 5ème arrondissement communal de Niamey, cultive plusieurs produits, comme la salade, du persil, du céleri, de la patate douce, du manioc, et du maïs.
‘’Je fais ce travail depuis longtemps et c’est les commerçants qui passent eux-mêmes pour acheter nos légumes pour revendre sur le marché’’, fait-il savoir.
Par exemple, indique-t-il, ‘’nous vendons la planche de la salade parfois à 12.000f ; 9.000f ou 6.000 francs CFA. Tout dépend de la grandeur de la planche’’.
Quoique cette activité nourrit son homme, force est de constater qu’elle exige aussi beaucoup d’investissements financiers et d’efforts physiques comme en témoigne M. Abdoul Salam, producteur de menthes, salade, moringa, le choux… au niveau du site de Harobanda (rive droite du fleuve à Niamey).
Chaque jour, fait-il savoir, il dépense 2750 francs CFA d’essence pour la motopompe pour le besoin d’arrosage, chose qu’il juge ‘’trop cher’’.
‘’C’est trop cher, mais Dieu merci avec ce métier j’arrive à subvenir aux besoins de ma famille ’’ confie-t-il.
Ce point de vue est aussi partagé par Habi Ibrahim, l’ingénieur du RECA.
‘’Le carburant est un peu cher au Niger’’ mais ‘’si le prix est réduit, ça arrangera les producteurs pour leurs contre-exploitations’’ estime le spécialiste.
Mieux, ajoute-t-il, ‘’ je pense que si le prix du carburant revient à la baisse, ça sera une très bonne chose pour les consommateurs, parce qu’on consommera le kilo des produits moins cher’’.
Face au coût élevé du carburant comme source d’énergie pour l’irrigation, M. Habi propose une alternative, qui est les motopompes solaires, ‘’ qui sont là à des prix concurrentiels’’, selon lui.
Mais la difficulté des producteurs maraichers ne se résume pas seulement au captage de l’eau, il y a bien d’autres exigences.
‘’Il n’y a pas que le carburant, il y’a aussi les autres intrants comme les engrais’’ soutient-t-il, avant de regretter que ‘’nous avons un problème avec l’engrais au Niger où le sac de 50 kilos est aujourd’hui à 30 mille francs CFA dans certaines zones’’.
‘’Si tous ces intrants sont revus à la baisse, on consommera moins chers les produits que nous avons chez nous’’, commente-t-il.
A cette difficulté, l’ingénieur agronome ajoute le manque de diversification des produits maraichers par les producteurs à la même période, ce qui engendre, selon lui, une difficulté à la ‘’commercialisation, parce que tout le monde produit les mêmes cultures au même moment’’.
A toutes ces difficultés s’ajoutent les aléas climatiques.
Cependant malgré les difficultés, ‘’les cultures maraîchères sont devenues aujourd’hui une habitude pour les producteurs du Niger et on assiste de plus en plus à la transformation même de certains champs de mil à la production de certaines cultures comme la tomate, le céleri, le persil etc.’’, fait remarquer l’expert du RECA.
‘’C’est pour dire que les cultures maraîchères sont d’une grande importance pour les populations nigériennes’’, conclut-t-il.
AAM/AS/ANP 0147 février 2023