Niamey, 18 Mars (ANP) – La Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) du Niger, Institution constitutionnelle, a rendu public, ce mercredi 18 mars 2020, une déclaration relative aux événements du 15 mars 2020 (dispersion de la marche interdite des acteurs de la société civile) et aux entraves dont elle a été victime dans l’exercice de ses missions.Dans cette déclaration lue par son Secrétaire Général, Dr Talidi Hamidou Moussa, la CNDH a d’abord tenu à informer l’opinion qu’elle a entrepris en vain des démarches pour amener les organisateurs de la marche à reconsidérer leur position tendant à vouloir organiser cette marche en dépit de l’interdiction annoncée par le Gouvernement lors du Conseil des Ministres du 13 mars et le Président du Conseil de Ville de Niamey. Cette tentative de manifestation s’est soldée par quatre personnes décès, des blessés, des nombreux dégâts matériels dans l’incendie d’un marché à Niamey et l’interpellation d’une dizaine de personnes dont des leaders associatifs.La CNDH, dans le cadre de sa mission constitutionnelle, a voulu s’enquérir de la situation en se rendant au marché Tagabati où eu lieu un incendie, mais aussi dans les locaux de la Police Judiciaire où sont détenues les personnes interpellées lors de la manifestation interdite, informe l’institution.Et c’est à ce niveau que la CNDH a regretté le traitement que lui a réservé le Directeur Général de la Police Nationale lorsqu’il a intimé l’ordre au Président de la CNDH, Pr Khalid Ikhiri, et à sa délégation « de quitter les lieux au risque de le faire de façon manu militari » sous prétexte qu’ils s’étaient rendus à la PJ avec une horde de journalistes.Pour la CNDH, même si sa mission a été bien accueillie au début et a même pu rencontrer les leaders de la Société Civile, l’acte posé le DG de la Police est grave et va à l’encontre d’une Institution constitutionnelle.Aussi, la CNDH a-t-elle voulu lancer un appel au Président de la République, garant du respect de la Constitution et du fonctionnement régulier des pouvoirs publics, afin qu’il tire les conséquences de tels agissements. Toujours est-il que pour la CNDH les faits qu’elle reproche au DGPN s’analysent en une entrave grave à l’accomplissement de ses missions, en même temps qu’ils constituent une menace proférée, un outrage fait aux membres assermentés de la Commission dans l’exercice de leur fonction.Tout en se réservant opportunément le droit de porter plainte avec constitution de partie civile devant l’autorité judiciaire compétente, la CNDH, qui a pu continuer sa mission le 17 mars 2020, cette fois-ci sans entrave, a recommandé au Gouvernement la mise en place d’une commission d’Enquête indépendante pour faire toute la lumière et situer les responsabilités lors des événements tragiques du 15 mars 2020.Dans le cadre de la protection et de la défense des droits humains, la CNDH, rappelle-t-on, a pour, entre autres missions, d’effectuer des visites régulière notifiées ou inopinées dans les lieux de détention et formuler des recommandations à l’endroit des autorités compétentes ; lutter contre la torture ; les actes de sévices et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, conformément aux normes universelles, régionales ou nationales des droits humains.Le 15 mars dernier, la société civile a maintenu son appel à une manifestation pour exiger la transmission à la justice du rapport des dépenses militaires révélant des irrégularités et ce en dépit des mesures de restrictions de rassemblements décidées par les autorités en prévention du coronavirus.ADA-MAY/AS/KPM/CA- ANP 0105 Mars 2020