Niamey, 17 juillet (ANP)- Au Niger, 3 filles sur 4 se marient avant 15 ans selon l’UNICEF, ce qui pose des défis au plan à la fois social, démographique, sanitaire et économique contre lesquels divers acteurs se sont engagés en première ligne dont l’ONG SOS Femmes et Enfants Victimes de Violences Familiales (FEVVF).
Dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, Mme Mariama Moussa soutient que son ONG mène des séances de sensibilisation dans le cadre de la prévention du mariage précoce et forcé au niveau de 32 villages de la région de Tillabéry.
‘’Le mariage précoce fait partie des lots de violences dont sont victimes surtout les filles au Niger. Malgré la signature de la convention des droits des enfants, il y a une certaine discrimination qui est faite à l’encontre de la jeune fille’’ , a fait savoir la présidente de l’ONG FEVVF, tout en précisant que le code civil nigérien interdit le mariage avant l’âge de 18 ans pour le jeune garçon et 15 ans pour la jeune fille’’.
Mariama Moussa fait observer que ‘’la religion n’a jamais autorisé qu’une fille se marie sans son consentement, alors que, tous les cas de mariage précoce que nous recevons sont des cas du mariage précoce forcé ou tentative du mariage précoce’’.
‘’Notre rôle est d’assurer un suivi pour que les filles ne soient pas mariées précocement, surtout quand ce sont les filles scolarisées’’, note-t-elle.
Au nombre des causes du mariage précoce sont nombreuses, elle mentionne entre autres celles liées à la pauvreté, la persistance de certaines pratiques traditionnelles, la non application des lois.
Parfois aussi aux parents donnent leurs filles en mariage de crainte que ces dernières ne deviennent des délinquantes, et aussi le plus souvent pour préserver leur dignité, s’avance la responsable de l’ONG.
‘’La déscolarisation, l’analphabétisme sont tous des causes qui peuvent amener les parents à marier leurs filles précocement’’, ajoute-t-elle.
Parlant des conséquences du mariage précoce Mme Mariama Moussa de souligner en particulier la violence, les abus sexuels, les risques pour la santé, et cela dès le premier jour du mariage.
‘’Si cette jeune femme tombe enceinte, c’est tout un problème pour cette dernière parce que c’est une grossesse non désirée et au moment de l’accouchement elle peut avoir des problèmes, et comme conséquence, certaines deviennent des fistuleuses, ou bien perdent carrément leurs vies’’, fait observer la présidente de l’ONG SOS FEVVF.
S’agissant des problèmes dont fait face l’ONG SOS FEVVF dans son combat contre le mariage forcé ou précoce, Mme. Mariama Moussa a évoqué entre autre ‘’l’existence de tabous qui entourent la question du sexe dans la société, cela constitue un obstacle’’.
Selon elle, au Niger le mariage est régi par trois sources de droits, à savoir le droit moderne, le droit coutumier et le droit musulman, notant ‘’Il n’y a pas une conformité au niveau de ces sources de droits parce que chacun applique ce qui est en sa faveur’’ .
Mariama Moussa a fait remarquer que ‘’le Niger a adhéré à plusieurs conventions au plan international dont la convention des droits des enfants qui a fixé l’âge de mariage à 18 ans pour le jeune garçon et 15 ans pour la jeune fille, mais en réalité notre pays ne respecte pas cette convention’’.
Pour lutter contre ce phénomène la présidente de l’ONG a préconisé que ‘’la sensibilisation des communautés doit être de mise à travers la projection de Flims éducatifs pour la jeunesse pour qu’elle sache que le mariage précoce a des conséquences néfastes sur la santé physique, mentale de la jeune fille’’.
Mme. Mariama Moussa a, enfin, appelé les parents à ne pas ‘’marier leurs filles précocement et à mettre en avant l’éducation de celles-ci , en les laissant aller à l’école moderne ou bien à l’école coranique, ou tout simplement en leur apprenant des métiers au niveau des centres de formation professionnelle parce qu’il ne faut pas que ces dernières restent dans l’ignorance’’.
Créée le 19 novembre 1998 par des femmes issues de tous les horizons du pays, l’ONG ‘’SOS FEVVF’’ a pour mission d’améliorer la prise de conscience sur tous les phénomènes de violence dont sont victimes les femmes au Niger, et de trouver les moyens pour y remédier, indique-t-on.
AAM/AS/CA/ANP 088 juillet 2020