NIAMEY, 21 Sept (ANP) – La lutte contre la corruption fait partie des grandes priorités des autorités nigériennes qui ont mis en place plusieurs instruments dont, entre autres, la Haute Autorité à la Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), la CENTIF, la Ligne Verte, les différentes Inspections ou encore l’Agence Judiciaire de l’Etat (AJE) ou même le Pôle Economique et Financier du Ministère de la Justice.
Seulement, les résultats restent encore mitigés, selon le Secrétaire Général de l’Association Nigérienne de Lutte contre la Corruption (ANLC) et président de Transparency International Section Niger, M. Wada Maman, interviewé par l’ANP.
Derechef, celui qui préside aux destinées de la Section Niger de Transparency International et qui nous a reçu volontiers dans son modeste bureau, jonché de divers documents sur la lutte contre la corruption, M. Wada Maman, la soixantaine révolue que cache un physique de jeune homme de quarante ans, reconnaît que la lutte contre la corruption au Niger est « mi-figue, mi-raisin » en dépit des engagements pris de part et d’autre aussi bien par le pouvoir public que par le citoyen nigérien lui-même.
En effet, si le pouvoir public s’est beaucoup engagé, d’un point de vue théorique, à lutter contre la corruption en créant notamment des Institutions de lutte contre la corruption, beaucoup de Nigériens ont aujourd’hui pris conscience de la nécessité de dénoncer ce fléau qui plombe assez lourdement le développement du pays. Cet état de fait se traduit aujourd’hui par la présence sur le terrain d’une douzaine d’associations de lutte contre la corruption alors qu’elles n’étaient que deux en 2004.
Néanmoins, malgré cette grande motivation, le président de Transparency International Section Niger fait observer que des nombreuses difficultés entravent la bonne conduite de leur mission, citant entre autres le manque des moyens nécessaires, le manque d’indépendance dans les actions, ou encore l’intrusion des forces extérieures, etc.
A cela s’ajoute le difficile combat contre l’impunité et, du coup, « la corruption sévit encore avec acuité » comme le témoigne l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) qui classe le Niger parmi les mauvais élèves en matière de lutte contre la corruption, avec la note de 31/100 pour la 24ème place sur 180 pays.
Selon M. Wada Maman, « cela veut dire que la lutte contre la corruption doit être préoccupante, elle doit être l’affaire de tous, elle doit même être une obligation pour tout citoyen ».
Pour ce faire, le président de Transparency International Niger propose de revisiter tous les instruments juridiques en matière de lutte contre la corruption afin de corriger toutes les insuffisances et autres lacunes constatées comme la non protection des dénonciateurs, mais aussi et surtout une application stricte et sans complaisance des dispositions qui y sont prévues.
M. Wada Maman trouve même que regrouper tous les différents textes dans un instrument législatif unique favoriserait mieux la lutte contre la corruption. Il fallait aussi, a-t-il préconisé, doter les institutions de lutte contre la corruption de ressources financières et humaines conséquentes et adaptées, tout en favorisant l’engagement volontaire de tous les citoyens dans la lutte contre la corruption.
Selon lui, en effet, « il faut aller véritablement vers la lutte contre la corruption qui doit être considérée comme un crime et non comme un délit, il faut agir avec une volonté politique plus accrue, il faut amener le citoyen à espérer, à contribuer dans la lutte contre la corruption ».
Le fait est que « la lutte contre la corruption exige des sacrifices, mais elle est indispensable et inconditionnelle. Elle doit être l’affaire de tout le monde », a-t-il indiqué, stoïque, mais très optimiste.
KPM/SML/ANP/145/ Septembre 2022