Une mission de l’Unité de Fusion et de Liaison (UFL ; un mécanisme sahélien de Coopération et de Lutte contre l’Insécurité), en coordination avec la DGSED mauritanienne, était mercredi dernier au Camp de réfugiés maliens de M’Bera, en Mauritanie, afin de s’enquérir des conditions de vie de quelque 56.000 personnes qui vivent encore sur ces lieux, depuis le déclenchement de la crise humanitaire au Nord Mali.A cette occasion, la mission, composée de la Cellule de Communication de l’UFL, a fait un don des produits alimentaires de première nécessité et un lot de médicaments destinés à lutter contre les maladies saisonnières.La cérémonie de remise de don a regroupé les autorités administratives de la Préfecture de Bassikounou (1400 km à l’Est de Nouakchott), préfecture de laquelle relève le Camp de M’Bera, les notables ainsi que le personnel humanitaire local et celui des Nations Unies.Le Préfet Mohamed Yaslam Ould Bou, le représentant du HCR ; Sahir Mouhyeddine, le représentant local du Croissant rouge mauritanien, ou encore celui de la Commission locale pour la Sécurité alimentaire (CSA), ont tour à tour salué le geste de l’UFL, qui selon eux, prouve que les pays du Sahel n’ont pas oublié la souffrance des populations réfugiées de M’Bera, depuis qu’un conflit armé les a refoulées hors de leur territoire.L’opportunité de cette cérémonie a été saisie par les journalistes membres de la délégation, de recueillir des témoignages des réfugiés, des responsables du Croissant rouge mauritanien et de s’entretenir avec les responsables militaires quant au dispositif sécuritaire mis en place par la Mauritanie au niveau des postes avancés et sur les moyens engagés pour garantir la sécurité et contenir la menace terroriste. Le Capitaine Mohamed Ould Sidi, l’Officier chargé de la sécurité du Camp, dira que « tous les moyens ont été déployés afin de prévenir d’éventuels actes terroristes ».Le Coordonateur du Camp, Mohamed Ag Mal-Hadi Momo, lui-même réfugié malien, confirmera que la paix règne en ce moment sur le Camp et les réfugiés vivent en symbiose avec les populations autochtones.« Nous remercions les populations et les autorités mauritaniennes qui nous ont accueillis à bras ouverts. Depuis notre arrivée, nous partageons les mêmes ressources naturelles, notamment les puits, les pâturages et les infrastructures sanitaires et éducatives », se réjouissait, celui qui était professeur de Mathématique à Léré, au Mali, avant l’insécurité généralisée du Nord de son pays, qui l’a contraint d’abandonner la craie et le tableau noir.Les camps de réfugiés, de manière générale, sont connus pour être des foyers d’insécurité et de précarité. Celui des réfugiés maliens de M’Bera n’échappe pas à cette règle et ce, tout particulièrement en cette période charnière où l’opinion internationale semble déterminer à amorcer une approche concertée de règlement de ce conflit.La situation des réfugiés maliens en Mauritanie perdure depuis la crise du Nord Mali, déclenchée en 2012. A l’heure actuelle, l’afflux de ces réfugiés ne cesse de connaitre des nouveaux arrivants de façon périodique, en dépit des efforts entrepris dans le cadre des Accords de paix et de réconciliation. Exemples : entre Avril et juillet 2017 ; 941 nouveaux réfugiés ont été enregistrés, Aout-Octobre, 449 ; et mi-novembre, mi-décembre de la même année, 1798 nouveaux arrivants ont été enregistrés.Au même moment, le HCR laissait entendre de manière claire qu’il cessera son assistance en faveur des réfugiés maliens, arguant du fait que les conditions de retour au bercail sont maintenant favorables.Toutefois, la Mauritanie continue de combler, par ses propres moyens, le déficit causé par le départ de plusieurs ONG intervenant dès les premières heures de la crise. La situation ainsi créée et la menace à peine voilée du HCR de plier bagages, incitent davantage plus d’accompagnement humanitaire, d’abord des pays sahéliens eux-mêmes, ensuite de la Communauté internationale.Initiative louable à retenir, cependant, en accord avec le HCR, la Mauritanie s’est engagée à établir aux enfants des réfugiés du Camp, des actes de naissance. C’est un pas important vers l’intégration de cette population qui n’a pas encore à son agenda un projet de retour sur la terre natale.Les observateurs s’accordent à dire haut et fort que les conditions de l’éventuel retour de ces populations vers leur pays d’origine sont loin d’être favorables en ce moment.Dalatou Malam Mamane (CT/CAB/PM)