Niamey, 16 novembre (ANP) – Le Niger compte aujourd’hui quelque 715.497 personnes handicapées, soit 4,2% de la population totale du pays, selon les dernières données statistiques, a appris à l’ANP le Directeur Général de l’Action Sociale, de la Promotion et de la Solidarité au Ministère en charge de la Population, M. Moussa Ibrahim.
Ce groupe est notamment composé de handicapés visuels, de handicapés locomoteurs ou physiques et de handicapés sourds, à qui le Ministère tente d’apporter son soutien grâce notamment à leur insertion socioéconomique dans un contexte difficile de rareté de ressources et de financement.
Chez ces personnes, la situation est même aggravée par d’importantes discriminations et inégalités socioéconomiques, qui prennent la forme d’un accès extrêmement limité à l’éducation, à l’emploi et aux services de santé, d’une participation très limitée des citoyens et d’un manque de prise en compte des besoins spécifiques des personnes handicapées dans les actions de développement.
Face à cette situation, a fait savoir le Directeur Général de l’Action Sociale, de la Promotion et de la Solidarité au Ministère en charge de la Population, « la mission du Ministère de la Population est d’accompagner ces handicapés vers l’autonomisation, les insérer dans un centre pour travailler pour eux-mêmes que de faire la mendicité ».
« Au Niger, a-t-il informé, il y a quelque 50 centres de formation d’insertion socioéconomique des personnes handicapées ». Et même s’ils ne sont pas tous opérationnels, « ils jouent quand même un rôle important dans l’insertion socioéconomiques des personnes handicapées », car permettant de leur apprendre plusieurs métiers dont, entre autres, le jardinage, la maroquinerie, l’artisanat, l’élevage, etc.
Bien plus, a souligné M. Moussa Ibrahim, des dispositions sont prises dans la Politique nationale de protection sociale pour les handicapés concernant leur prise en charge de la santé, de l’eau, du logement, ajoutant que « de 2007 à aujourd’hui, plus de 538 handicapés ont été recrutés » à la fonction publique grâce à la loi sur le quota.
Et depuis la fin de l’année 2019, une loi portant sur les principes fondamentaux de la réinsertion sociale des personnes handicapées a été adoptée pour compléter les insuffisances constatées dans les dispositions de la loi antérieure sur les personnes handicapées.
M. Chaibou Oumarou, soudeur au niveau du Centre des Personnes Handicapées Locomoteurs (CPHL), nous a, pour sa part, témoigné que « nous sommes 3 encadreurs et 8 apprentis dans l’atelier. Nous fabriquons des tricycles pour les handicapés et des béquilles et nous faisons la maroquinerie et le rembobinage ».
Quant à Mme Mahamadou Balkissa, elle nous a déclaré que le groupe de femmes formé autour d’elle fabrique des savons liquides, des bavettes, des chaises, des sacs, etc.
Ces « insérés » ont toutefois suggéré la stricte application de la loi de 2019 sur l’insertion socioéconomique des personnes handicapées, afin de mieux les aider à « joindre les deux bouts », en ce qu’avec la pandémie de la Covid-19, ils sont actuellement confrontés à la mévente de leurs produits.
« Nous lançons un cri de cœur à l’Etat pour qu’il y ait une politique permettant aux Nigériens de venir acheter nos produits, parce que nos clients sont essentiellement les étrangers et eux aussi ils ne viennent plus », a indiqué Mme Balkissa, qui précise que « nos produits sont de bonne qualité, incomparables dans la sous-région et c’est une fierté pour le Niger en général et les handicapés en particulier ».
« Aider les handicapés, c’est combattre le phénomène de la mendicité et lutter contre l’extrême pauvreté parce que les personnes handicapées sont des êtres très vulnérables », a-t-elle enfin lancé.
AAM-ISA/KPM/ANP-091 Novembre 2020