(Dalatou Malam Mamane, envoyé spécial) Marrakech (Maroc), 17 Nov(ANP) Les chefs d’Etat et de Gouvernement africains ont tenu, mercredi à Marrakech, au Maroc, un « Sommet Africain de l’Action », organisé en marge de la COP 22, à l’initiative du Roi marocain Mohamed VI. Le souverain marocain a déclaré, à l’ouverture, avoir pris l’initiative d’organiser ce Sommet, « afin que notre Continent harmonise la lutte contre les changements climatiques, et l’action en faveur du développement durable ». Concrétiser les projets régionaux et transnationaux structurants, tel est le défi que le Roi invite à relever, en dessinant « une Afrique résiliente aux changements climatiques, une Afrique qui s’engage résolument sur la voie du développement durable ». « C’est une Afrique, qui utilisera ses ressources, de manière optimale, en respectant les équilibres environnementaux et sociaux ; une Afrique qui agira en vue d’un développement inclusif, en accord avec ce qui fait son identité : la culture de partage, d’équité et de solidarité », a dit le souverain marocain, devant une trentaine de chefs d’Etat et de Gouvernement. Il a déploré l’absence d’objectifs communs dans l’action, soulignant une disparité de cultures entre le Nord et le Sud, en matière d’environnement, liée aux priorités et aux moyens. « C’est dans ce but qu’il conviendra d’harmoniser, voire d’unifier l’éducation à l’environnement ; la Présidence marocaine s’y emploiera durant son mandat », a promis le Roi qui a martelé que « le temps de la colonisation est révolu, qu’une décision imposée ne peut être productive ». « Nous sommes tous conscients, qu’il en va de la sauvegarde de la Vie, et qu’il nous appartient de travailler solidairement, à la protection de notre terre. Voilà pourquoi Je souhaite que se mette en place, une convergence de vue dans l’action », a lancé le Souverain chérifien. Il a dénoncé pour le condamner que « l’Afrique paie un lourd tribut dans l’équation « climat » et représente, sans aucun doute, le Continent le plus pénalisé ». « La hausse des températures, le dérèglement des saisons, les sécheresses à répétition appauvrissent la biodiversité de notre Continent, détruisent ses écosystèmes et hypothèquent son progrès, sa sécurité, sa stabilité, pourtant, notre Continent n’émet que 4% des gaz à effet de serre », a-t-il encore dénoncé. Or, estime le Roi Mohamed VI, les bouleversements climatiques à l’échelle mondiale entravent fortement, le développement de l’Afrique, et menacent gravement les droits élémentaires, de plusieurs dizaines de millions d’africains. « Notre Continent constitue donc un concentré de toutes les vulnérabilités. L’Afrique compte déjà 10 millions de réfugiés climatiques. A l’horizon 2020, près de 60 millions de personnes seront déplacées du fait de la rareté de l’eau, si rien n’est entrepris dans ce domaine », a-t-il fait remarquer. Il a promis que son pays, étant un acteur engagé, dans la consolidation de la sécurité et de la stabilité régionales, « est déterminé à renforcer sa contribution, à la défense des intérêts vitaux du Continent, aux côtés de ses pays frères et, bientôt, au sein de l’Union Africaine ». Intervenant à la tribune de ce sommet, le président de la République Issoufou Mahamadou a plaidé la cause des pays riverains du Bassin du Lac Tchad. « Non seulement la Région souffre de la dégradation de l’écosystème, elle est aussi confrontée au terrorisme de Boko Haram », a-t-il affirmé. Selon le dirigeant nigérien, également président en exercice de la Commission du Bassin du Lac Tchad(CBLT), la mise en place de la Force Mixte composée des contingents du Niger, du Nigeria, du Cameroun, du Tchad, commence à apporter ses fruits. « La crise sécuritaire a entrainé une crise humanitaire majeure, caractérisée par le déplacement des populations, des flux de réfugiés, de la non satisfaction des besoins sociaux de base, notamment l’accès à l’alimentation, aux besoins de santé, à l’eau et l’assainissement », a déploré Issoufou Mahamadou. Il a lancé un appel à la Communauté Internationale, notamment aux organisations humanitaires pour que soit mobilisée d’urgence, une aide humanitaire en faveur des populations du Bassin du Lac Tchad. « Face à la crise humanitaire, la seule solution à long terme est le développement socioéconomique », a lancé le président Issoufou Mahamadou, dans un plaidoyer fort apprécié. Le président français, François Hollande, l’invité de ce Sommet, a déploré aussi que « l’Afrique subit une injustice climatique ». « Il y a urgence à agir dès maintenant, le sort de l’Afrique, c’est aussi le sort de l’Europe, la stabilité de l’Afrique, c’est la stabilité de l’Europe », a-t-il dit. François Hollande a promis que la France aidera l’Afrique, « parce que nous avons conscience de nos devoirs et que l’Afrique est un Continent d’avenir ». Ce Sommet d’une journée a été sanctionné par une déclaration commune des chefs d’Etat qui s’engagent, entre autres, à contribuer au fonds de lutte contre le réchauffement climatique. DMM/AMC/ANP/Nov 2016