‘’Les conditions sécuritaires, propices à toutes activités touristiques, sont désormais établies au Niger’’, déclare le Ministre en charge du Tourisme

‘’Les conditions sécuritaires, propices à toutes activités touristiques, sont désormais établies au Niger’’, déclare le Ministre en charge du Tourisme

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Niamey, 13 Fév. (ANP)- Plongé dans une véritable léthargie depuis 2007, du fait de l’insécurité que le pays a connue, le tourisme nigérien a perdu durant toutes ces années sa forte attraction d’antan. Il s’est caractérisé par une faible contribution à l’économie nationale. Conscient des inestimables apports de ce secteur dans le développement socio-économique et culturel du pays, le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat s’engage à faire de la relance touristique, non pas un séduisant slogan, mais une réalité palpable à travers plusieurs actions.

La faisabilité de cette relance et ses différents contours, ont constitué le menu principal de l’entretien que le Ministre en charge du Secteur, Ahmed Boto, nous a accordé.

Question : M. le Ministre, le secteur du Tourisme connait un ralentissement depuis 2007, du fait de l’insécurité que le pays a connue avec notamment la rébellion armée et tout récemment les conflits dans plusieurs de nos pays frontaliers. Aujourd’hui, la relance de ce secteur figure parmi, les priorités des priorités de vos actions. Comment comptez-vous y arriver ?

Réponse : Merci beaucoup de nous donner l’occasion de parler encore du tourisme, qui est un secteur très important pour l’économie de notre pays. Le Tourisme a connu une période certainement d’essor, mais malheureusement depuis 2007, il s’est trouvé confronté à des difficultés, notamment liées à l’insécurité dans la principale zone du Tourisme au Niger, en tout cas la plus visitée, qui est la zone d’Agadez. Cette situation d’insécurité malheureusement a provoqué le ralentissement, de toutes les activités touristiques dans notre pays. Aujourd’hui, on peut estimer que notre pays, peut être assimilé à un havre de paix dans un océan d’incertitude, puisque nous sommes encerclés par des pays de tension et il se trouve que notre pays, n’est pas en guerre. Il n’y a vraiment pas de problèmes d’insécurité chez nous, pour la pure et simple raison que notre Président a fait de la recherche de la paix et de la sécurité son cheval de bataille.

Pour revenir à votre question, comment réussir cette relance touristique ? Je dirai que la première des choses que nous comptons faire, c’est de convaincre nos partenaires, puisque vous le savez le Tourisme comprend essentiellement deux volets qui sont le Tourisme intérieur, dont nous avons l’obligation de développer au regard de plusieurs raisons et le Tourisme international. C’est de ce dernier qu’il s’agit et c’est lui qui peine malheureusement à reprendre, compte tenu de l’image négative du pays qui est véhiculée à l’extérieur en lien avec l’insécurité qu’il a connue. Or, c’est la situation des autres qui nous affecte. Donc le travail que nous avons à faire va consister d’abord, à redorer l’image du Niger, à faire en sorte que l’image du Niger soit meilleure qu’elle l’est aujourd’hui à travers la communication, bien entendu. Que ceux qui veulent venir voir le Niger, le fassent. Vous n’êtes pas sans savoir que ce n’est pas seulement le Tourisme qui est concerné par cette situation, il y a plusieurs autres secteurs. Et tant qu’on va présenter le Niger comme un pays d’insécurité, aucun investisseur ne va venir, or nous avons besoin de ces investisseurs pour développer le secteur du Tourisme. C’est pourquoi nous avons élaboré une stratégie d’urgence qui doit concourir à créer la relance du tourisme. Celle-ci comprend plusieurs éléments, dont notamment la communication médiatique, la communication diplomatique à l’échelle internationale, mais surtout la valorisation de certains évènements culturels pour créer plus d’attraction au tour du Niger. Dans ce sens, nous avons prévu d’organiser, du 10 au 12 mars prochains, le festival de l’Aïr, qui est déjà un événement d’une grande notoriété et avec lequel nous comptons montrer à l’opinion nationale et internationale que l’insécurité qu’a malheureusement connu notre pays n’est plus qu’un triste souvenir et que les conditions sécuritaires, propices à toutes activités touristiques, sont désormais établies. Cet événement se tiendra à Iferouāne, dans un mois, si tout va bien.

Question :Est-ce que l’insécurité est la seule cause du déclin du Tourisme nigérien ?

Réponse : Je dirais que c‘est essentiellement l’insécurité qui constitue la cause du déclin du Tourisme au Niger.

Question : Il n’ya- t-il pas un manque d’investissement ?

Réponse : Evidemment, pour développer le Tourisme, nous avons besoin d’investissements, c’est des choses qui vont de pair. Mais le fait que le Tourisme soit arrêté aujourd’hui, n’est pas dû au manque d’investissements. Nous avons besoin surtout de beaucoup d’infrastructures, et Dieu merci, beaucoup de celles-ci sont en construction et d’autres en réflexion dans le cadre de l’organisation du Sommet de l’Union Africaine 2019, et dans la perspective du développement du Tourisme tout court.

Comprenez que le Tourisme est un secteur de croissance qui est extrêmement important pour notre pays est qu’on doit forcement développer.

Question : Le secteur touristique est très vaste, quels sont vos chantiers prioritaires concernant ce projet de relance?

Réponse : Le premier chantier prioritaire concernant le projet de relance, pour ne pas me répéter, c’est d’abord de faire suffisamment de communication pour arriver à rehausser l’image de marque du Niger. Ensuite, il faut rassurer les partenaires à nous faire confiance dans ce projet. En plus de cela, on doit essayer de réunir les conditions pratiques de l’épanouissement du Tourisme à l’intérieur du pays, à travers la formation, le renforcement des capacités des acteurs et l’amélioration des infrastructures touristiques pour que l’offre des services en la matière soit acceptable.

Question ; En 2006, le Tourisme nigérien a séduit 63.000 visiteurs étrangers, tandis que les activités du secteur ont généré 32 Milliards francs CFA, équivalant à 1,7% du PIB, et des emplois permanents estimés à plus de 8700. Aujourd’hui,à hauteur de combien contribue-t- il à l’économie nationale ? Combien d’emplois permanents a- t- il crée ?

Réponse : Il est extrêmement difficile, compte tenu de l’absence des chiffres dans le secteur, de dire à hauteur de combien le Tourisme contribue à l’économie nationale. Mais ce qui est sûr, dans les années antérieures, le Tourisme a beaucoup contribué à l’économie nationale, et il a même atteint, à un certain moment, 8% du Produit Intérieur Brut(PIB). Mais malheureusement durant ces années d’insécurité ses apports ont baissé.

D’ailleurs, pour nous, les chiffres de 63.000 visiteurs en 2006, est un chiffre certes important en termes de retombées économiques pour le pays, mais nous les trouvons dérisoires par rapport aux capacités et potentiels que nous avons d’accueillir des étrangers. Vous savez il ya des pays dans le monde qui font des millions de touristes par an. Je ne sais pas si vous savez ce que représente un million de touristes pour un pays ? C’est énormément d’argent en terme de dépenses et très bénéfique pour les populations. Par exemple, si vous avez cent mille (100. 000) touristes, et chacun effectue une dépense de cent mille (100.000) mille FCFA par jour, sans compter le circuit formel des Hôtels, restaurants, agence de voyage et autres, vous aurez directement, 10 milliards de franc CFA directement versés dans l ‘économie et quand c’est un million de touristes ça fait directement 100 milliards. Alor que les dépenses des touristes en moyenne par jour sont estimées à 50. 000f par jour. C’est pour vous dire que les retombées directes que génère le tourisme sont énormes.

C’est le seul secteur, après l’agriculture, qui peut nous permettre d’avoir suffisamment de ressources pour lutter contre le chômage des jeunes en partie et lutte contre la pauvreté d’autre part. Puisque, ce sont les plus pauvres qui travaillent dans le secteur, à une certaine échelle notamment dans le domaine de l’artisanat. Et le fait que notre ministère soit en charge en même temps du Tourisme et de l’Artisanat, n’est pas du hasard. C’est dû au fait qu’il existe une véritable complémentarité entre les deux secteurs. Si l’artisanat se développe, le Tourisme va également se développer, puisque l’Artisanat constitue une entrée touristique.

Question :On sait bien que le développement du Tourisme dépend, en partie, de celui des secteurs connexes, tels que les agences touristiques, les hôtels, l’artisanat, les loisirs, pour ne citer que ceux-là. Est-ce que votre projet de relance touristique prend en compte le développement de ces secteurs, bien qu’ils soient majoritairement privés ?

Réponse : De façon générale l’Etat crée les conditions pour favoriser les investissements. Toute entreprise est un investissement positif pour nous, dans le sens de la création de richesse, puisque c’est le secteur formel qui alimente véritablement l’économie. Notre département ministériel attache beaucoup d’importance à la réglementation, dont le fait que tous les professionnels du Tourisme et de l’Artisanat soient des professionnels en règle. Cette réglementation nous permet d’avoir des opérateurs qui sont compétitifs et que l’on peut accompagner sur le plan institutionnel pour développer leurs activités.

Aujourd’hui il y a beaucoup d’agences de voyage au Niger, beaucoup d’hôtels, beaucoup de restaurants qui connaissent pas mal de difficultés, liées au manque de la clientèle et qui malgré les coups durs, continuent à exister et n’attendent que la relance du Tourisme pour pouvoir mieux offrir leurs services. Compte tenu de ces années de léthargie il y a évidemment un grand besoin de les accompagner, de renforcer leurs capacités et même de les financer. Des dispositifs sont aujourd’hui là pour les accompagner, il y a des banques, des systèmes de financement décentralisé, des partenaires intervenant dans le secteur, de l’Artisanat et du Tourisme. En bref, c’est pour dire que nous avons la possibilité d’améliorer l’offre des services, d’améliorer les compétences des professionnels, pour qu’ils soient plus compétitifs sur le marché.

Question : L’écrasante majorité des clients du Tourisme au Niger sont des étrangers et notamment des ‘’ blancs’’. Comment selon vous, on peut convaincre les nigériens à consommer les produits touristiques nationaux ?

Réponse : Nous devons tous savoir que le Tourisme, indépendamment de la découverte et la contemplation qu’il permet, contribue également au développement de la culture personnelle et à la formation intellectuelle. Aujourd’hui, nous avons intérêt à visiter notre pays, à le faire visiter à nos enfants, car c’est très instructif. On apprend certes à l’école, mais on apprend plus en voyageant. Nous restons, aussi, convaincus que le tourisme contribue à la renaissance culturelle par la multitude d’échanges qu’il permet. L’arrivée des touristes étrangers chez nous ouvre la voie à d’échanges culturels et sociaux, et cela nous permet d’apprendre des nouvelles manières de faire et nous permet une ouverture d’esprit. Le Tourisme intérieur, lui aussi, permet à nos différentes communautés d’échanger et de se mieux connaitre et renforcer, du coup, l’unité nationale. Les apports du tourisme sont inestimables.

Question : Bénéficiez-vous du soutien des partenaires pour la renaissance du secteur ?

Réponse : C’est vrai qu’il ya une grande accalmie au niveau du ministère, tout de même, il y a encore de partenaires qui continuent à soutenir l’artisanat nigérien. C’est l’exemple de la Coopération Luxembourgeoise ; de la Coopération Espagnole, la Coopération Française, la Coopération allemande. Mais tous ces acteurs ont diminué leurs actions par rapport au tourisme, en dehors de la Coopération Luxembourgeoise qui continue à faire un grand travail, notamment dans le secteur de l’artisanat à travers le ministère de la Formation Professionnelle. Ces appuis sont plus orientés vers les renforcements de capacités, de façons à ce que nous puissions créer les conditions idoines de développer l’artisanat de façon, plus moderne à travers la formation, qui est dispensée dans les centres de formation, récemment créés.

Question : Monsieur le Ministre, depuis quelques temps, votre collègue de la Renaissance Culturelle a mené des visites d’identification et de réhabilitation des sites historiques et touristiques dans certaines Régions du pays. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle et quel serait l’impact de cette démarche sur le plan touristique ?

Réponse : C’est très important. La culture et le Tourisme sont deux secteurs qui évoluent ensemble, puisque le Tourisme se nourrit de la culture. Toutes les potentialités culturelles que nous avons, constituent des repères touristiques. Nous travaillons avec le Ministère de la Renaissance Culturelle pour que tous les sites touristiques qui feront objet de réhabilitation, constituent des sites touristiques. Le Ministère en charge de la Culture œuvre pour la reforme sociale, et le Tourisme en est un vecteur sûr, à travers les contacts et les échanges interculturels avec les visiteurs étrangers. Partout où il y a des étrangers, il certainement un changement de comportements.

(Entretien réalisé par Mamane Sabo Bachir)

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