Agadez, 20 Mai (ANP)- Le mois d’avril est traditionnellement un mois de canicule au Niger. Les besoins en eau explosent alors que l’offre ne suit pas. Le problème se pose sérieusement cette année à Agadez. Une ville en pleine expansion où le problème d’eau se pose avec acuité déjà dans les quartiers périphériques. En effet depuis avril, les populations d’Agadez sont confrontées à un problème récurrent d’approvisionnement en eau potable. Dans tous les quartiers de la ville, les robinets ne coulent que deux (2) ou trois (3) jours par semaine et cela à des heures tardives de la nuit notamment vers 4heures du matin. Par finir l’eau du robinet est devenue chère comme de l’or.
Le précieux liquide est devenu une denrée rare dans presque tous les foyers et à longueur des journées les populations déambulent à moto ou en voiture avec des bidons. La nuit c’est la veillée auprès des bornes fontaines où les files d’attentes commencent pour bon nombre d’assoiffés qui dans le désespoir sont contraint d’acheter des sachets d’eau pour la cuisine. La situation est si préoccupante que se laver tend à devenir un luxe à Agadez.
En ce moment, le tonneau d’eau coûte déjà 35OO FCFA. Même vide un tonneau est vendu à ce prix sur les marchés de la place.
Le Correspondant régional d’Agadez (Abdoulaye Harouna), a pris la température de la ville, avant de finir sa randonnée au bureau du Directeur régional de l’Hydraulique d’Agadez.
Interview exclusive de M. Awali Rabo
Question : Les mois d’avril/Mai sont traditionnellement des mois de canicule au Niger. Les besoins en eau explosent alors que l’offre ne suit pas. Le problème se pose avec acuité à Agadez oùl’accès à l’eau constitue aujourd’hui une lutte quotidienne pour la population confrontée à un problème récurrent d’approvisionnement en eau potable. Parlez-nous en !
Merci de nous avoir donné cette occasion pour expliquer et éclairer les populations d’Agadez et le Niger sur ce problème qui dépasse les frontières de la ville. Les populations des autres régions sont au courant qu’au niveau de la ville d’Agadez il y a un sérieux problème d’eau. je donne une explication technique avant de rentrer dans le vif du sujet. Ce qu’il faut comprendre pour les centres urbains ou même pour tous les centres qu’on veut alimenter en eau potable, techniquement il y a d’abord les équipements à mettre en place pour satisfaire le besoin.
Et pour y parvenir on fait des projections parce que la population évolue. On ne règle pas un problème juste pour l’instant, on lui trouve une solution pour maintenant, jusqu’à une certaine période de façon à ce qu’il ait plus de problème d’eau. Donc ces équipements une fois mis en place sont supposés couvrir le besoin en eau potable de cette localité jusqu’à l’horizon indiqué et qui a servi de base pour faire leur dimensionnement. Une fois cet horizon atteint, on doit revoir les équipements, les mettre à jour pour que la capacité de production et de distribution évolue enfonction du besoin. Et c’est ce qui est arrivé pour la ville d’Agadez et pour toutes les localités où on a ce problème d’eau. Voilà pour ce qui est de l’explication technique.
Question : Pouvez-vous nous donner une estimation des besoins en eau potable de la population d’Agadez ?
Bien sûr que oui pour la ville d’Agadez actuellement le besoin est estimé environ à 13500m3/jour et la SEEN ne peut produire au maximum que 9500m3/jour. Avec ce gap , il est évident que particulièrement pendant la période de consommation de pic que ce problème soit beaucoup plus ressenti par la population, parce que c’est à cette période où l’on a beaucoup plus besoin d’eau. Quand nous essayons d’analyser cette capacité aux besoins de la ville d’Agadez , quand nous essayons de l’interpréter nous verrons que les 9500m3/jour que la SEEN produit actuellement fait l’équivalent du besoin de la ville d’Agadez en 2004.
Comme vous le voyez, pour ceux qui connaissent la ville d’Agadez cela fait des années que ce problème à commencer à se faire sentir. Mais comme des actions n’ont pas été menées pour faire face à des besoins qui ne font que croitre d’année en année ,on est arrivé à un moment où la population souffre énormément de ce grand déséquilibre qu’il y a entre le besoin et la capacité de des équipements.
Question : Qu’est-ce qui devrait être entrepris dès lors que ce grand déséquilibre entre besoin et capacité de production avait été constaté ?
Normalement dès que la capacité des équipements est atteinte des actions devraient être menées pour trouver une solution et évoluer jusqu’à une certaine période afin que les populations soient à l’abri du problème. Maintenant pour les solutions , le Gouvernement nigérien avec l’appui de ses partenaires notamment la Banque Mondial, a obtenu le financement des travaux de renforcement des capacités d’adduction d’eau potable de la ville d’Agadez qui ont démarré depuis 2013 pour que jusqu’à une certaine période aussi les populations d’Agadez ne connaissent pas de problème d’eau.
Pour la consistance de ces travaux il y a notamment la construction d’un château (réservoir) en béton armé de 1500m3 qui était prévu et qui est en cours de construction depuis 2013 .En plus, nous avons neuf(9) forages déjà réalisés répartis entre la zone de Kerboubou où se trouve notre 2ème et le plus important champ de captage et la zone de Afara (à une trentaine de km de la ville d’Agadez). Tous ces forages présentent un très bon débit, qui dépasse 100m3/H pour certains, pour dire donc que du point de vue de la ressource eau il n’y a aucun problème car elle est disponible. Et les forages ont été réceptionnés depuis l’année passée. Il est aussi prévu la réhabilitation de trois (3) châteaux d’eau existants dans le cadre de ce projet, la fourniture et la pose de tuyaux PVC, tous diamètres confondus sur une longueur de 25000 mètres linéaires (25) km ,ainsi que la construction d’une station de surpression au niveau du R3 d’où l’eau sera refoulée pour alimenter le nouveau réservoir R4 qui est en cours de construction .
Pour ce projet il est prévu l’équipement des trois(3) forages sur les neufs(9) réalisés pour renforcer la capacité de production au niveau de la ville d’Agadez. Le coût de ces travaux s’élève à cinq (5) milliards de FCFA Hors Taxe. Normalement ces travaux sont supposés prendre en charge ce déséquilibre et régler le problème d’eau au niveau de la ville d’Agadez.
Question : A quand remontent les débuts de tous ces travaux ?
Ces travaux ont démarré depuis 2013 et ils sont visibles, ils sont supposés être achevés vers fin 2014 début 2015.Mais malheureusement l’Entreprise est entrain de trainer et jusqu’à présent les travaux sont en cours .Toutefois, je dois avouer que ces travaux ont atteint un niveau très avancé. La semaine passée le ministre de l’hydraulique était ici en visite par rapport à ce problème d’eau de la ville d’Agadez .Et dans le cadre de Agadez SOKNI , comme il y a une question d’urgence qui est là, en attendant la fin des travaux en cours, il a été décidé de réaliser et d’équiper deux(2) nouveaux forages au niveau du champ de captage de Toudou .Avec ces deux(2) forages nous aurons un appoint d’environ 1000m3/jour et à cette date, le processus de ces travaux d’urgence est déjà déclenché. Vous conviendrez avec moi qu’une fois ces travaux terminés dans de bonnes condition, le problème d’eau pour la ville d’Agadez ne sera qu’un souvenir pour la population. Voilà un peu ce que je tenais à expliquer par rapport à ce problème d’Agadez.
Question : Hormis Agadez, la ville d’Arlit est concernée aussi par le problème d’eau depuis des années. Expliquez !
Oui comme vous le dites la ville d’Arlit est aussi confrontée à un problème d’eau depuis des années. C’est une ville qui depuis sa création dépendait des sociétés minières de la place du point de vue approvisionnement en eau potable et on est arrivé à un moment donné où celles-ci ne peuvent plus faire face à leurs propres besoins à fortiori à ceux des populations de façon souhaitée .
Et pour apporter une solution pérenne, l’Etat avec la Banque Mondiale pour ce cas aussi a décidé de construire une adduction d’eau potable pour la ville d’Arlit tout comme les autres centres urbains en tout cas de notre pays pour un montant d’environ huit (8) milliards de FCFA, soit treize (13) milliards de nos francs investis au niveau de nos deux (2) villes (Agadez et Arlit) dans ce domaine. Les travaux sont à un stade très avancé et seront terminés d’ici fin 2016. Une fois ces travaux terminés et mis en service, la ville d’Arlit sera complètement indépendante du point de vue approvisionnement en eau potable. Et pour la population d’Arlit également le problème d’eau ne sera qu’un mauvais souvenir.
Question : Il n’y a pas que les centres urbains qui sont confrontés au problème d’approvisionnement en eau potable, la population vivant dans les zones rurales vivent aussi ces difficultés.
De toute façon, les populations rurales en cette période connaissent également des problèmes d’approvisionnement en eau potable : la première raison en est que pendant les mois de mars, avril, mai c’est une période où on a beaucoup besoin d’eau, une période de consommation de pic. Et dans la plupart des cas pour les populations rurales ce sont des nappes alluviales qui sont captées. Malheureusement pour ces genres d’ouvrages, le niveau de la nappe baisse et certains tarissent même pendant cette période. C’est d’ailleurs pourquoi le problème s’accentue et atteint son point culminant à la période précitée. Mais pour les autres cas, ce sont des pannes qui arrivent. Les ouvrages sont trop sollicités et il y a souvent des dysfonctionnements et pour régler, cela prend parfois un temps pour les réparations.
C’est ce qui est arrivé à Gougaram récemment dont vous faite le cas, c’est juste une petite panne mais qui n’a pas été signalée à nos services et même aux autorités régionales et locales. C’est un sous-officier de l’armée en poste qui nous a informé et nous avons dépêché l’entreprise qui a réaliséles travaux pour intervenir et la fourniture d’eau est rétablie. Aujourd’hui la population n’est plus confrontée à ce problème de pénurie d’eau potable.
Question : Avez-vous un appel à lancer à la population ?
Je dois dire à cette population que les autorités à un plus haut niveau ont fait du règlement de la question de l’eau une priorité. C’est même une priorité du Président de la République SEM Issoufou Mahamadou. Pour preuve, le ministre en charge de l’Hydraulique était à Agadez dans le cadre de la gestion de ce problème d’eau. Je dois aussi rappeler que dans le cadre du même projet, il est prévu d’ici 2017, le démarrage des travaux d’équipement des six(6) autres forages à partir de la zone de Afara pour toujours renforcer la production d’eau afin de satisfaire les besoins des populations d’Agadez. Je sais que c’est difficile de vivre de pénuries récurrentes d’eau potable, c’est pourquoi au nom de tous les services techniques qui concourent à la gestion de ce problème, je tiens à présenter toutes nos excuses aux populations pour cette situation qui du reste devrait être réglée depuis 2015 n’eut été que l’entreprise a trop trainé ,voire a été défaillante. Et comme sanctions, je dois dire que cette entreprise du fait des pénalités du fait des retards qu’elle a cumulé dans la gestion de ce projet a perdu plus de 300millions de FCFA, sans compter les menaces qui pèsent sur elle.
Pour finir je dirais que d’ici fin juillet le problème d’eau de la ville d’Agadez sera totalement réglé In cha Allah.
AH/DMM/ANP/Mai 2016