Rome, 24 Juil (ANP) – Le Premier ministre Mahamadou Ouhoumoudou a participé dimanche 23 juillet, au siège du Fonds des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à Rome en Italie, à la conférence internationale sur le développement et la migration.
Cette rencontre présidée par la Présidente du Conseil des ministres italienne Mme Giorgia Meloni a vu la participation de plusieurs pays touchés par le phénomène migratoire et du développement de par le monde.
A travers l’organisation de cet évènement, le Gouvernement italien entend ériger un nouveau modèle en vue de réduire les motifs de la migration clandestine, et ce, en boostant le développement dans les Etats en proie à l’exode massif de leurs citoyens notamment les jeunes, vers le continent européen.
A ce propos, le Gouvernement italien avait fait état d’une hausse considérable des flux migratoires, avec un taux avoisinant les 150% durant l’année en cours.
Présidant les travaux de cette Conférence, la présidente du Conseil des ministres italien, Mme Giorgia Meloni s’est félicitée du taux important de participation à ce rendez-vous, « ouvrant ainsi la voie à un nouveau processus multilatéral basé sur le respect et le dialogue à même d’aboutir à des résultats concrets et satisfaisants pour tous ».
Ce dialogue qui réunira les pays concernés par ce phénomène dans les deux sens, « offrira de nombreuses opportunités de coopération et de coordination en vue de conjuguer les efforts pour mettre fin aux souffrances humaines engendrées par la migration clandestine et les pertes économiques qui en découlent », a déclaré Mme Meloni.
A cet égard, elle a également expliqué que l’un des engagements de son gouvernement consistait en le soutien au développement des pays africains qui constituent une source de migrants clandestins, ce qui représente une grande perte de ressources humaines, notamment les jeunes, un objectif qui peut être atteint à travers « la création de projets de développement dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’énergie et des infrastructures afin d’asseoir les fondements de la stabilité dans ces pays » a-t-elle affirmé. « Cependant, il faut pour cela trouver les financements nécessaires, ce qui constitue l’un des principaux objectifs de cette conférence internationale », a ajouté Mme Meloni.
En contrepartie, l’approche italienne en matière de lutte contre la migration clandestine visant à limiter ses effets négatifs est fondée sur « le renforcement du soutien destiné aux pays européens confrontés à ces flux », poursuit la présidente du Conseil des ministres italien.
Au cours de cette conférence, le Chef du gouvernement a prononcé un discours dans lequel il rappelé que s’il existe un Etat dans le grand Sahel qui concentre, ‘’en lui seuil, tous les défis et enjeux autour de la problématique de la migration (enjeux sécuritaires, enjeux humanitaires et enjeux de développement), c’est bien le Niger’’.
Les changements climatiques augmentent les risques d’exclusion sociale et de migration, tout en faisant régresser le développement humain et conduisent à des points de basculement écologiques et économiques potentiellement dévastateurs dans la région dans la région du Sahel en général et au Niger en particulier. ‘’Il est donc urgent d’agir’’ a indiqué le Premier ministre.
Selon lui, ‘’Le Niger est le point de jonction de plusieurs itinéraires migratoires du fait des facteurs de la crise libyenne au Nord, et les expulsions de l’Algérie, à l’ouest par les crises sécuritaires liées aux attaques des terroristes de l’Etat islamique au Grand Sahara et le GSIM, affilié à Al Qaida au Mali et au Burkina Faso, au sud, sur les exactions du groupe Boko Haram du Nigéria, sans compter des milliers de migrants économiques qui transitent chaque jour par notre territoire en direction du Maghreb et de l’Europe’’.
Pour le premier trimestre 2023 seulement par exemple, ‘’au total 6595 hommes, femmes et mineurs ont été enregistrés comme candidats à la migration irrégulière. Pour ce semestre, au titre des déplacements forcés, on dénombre 251.760 réfugiés, 50.377 demandeurs d’asile et plus de 350.000 déplacés internes. Force est de constater que ces déplacements internes touchent de plus en plus les enfants en âge d’être scolarisés. Ainsi plus de 80.000 de nos enfants sont affectés par la fermeture des écoles dans les zones d’insécurité’’ avait-il noté.
‘’Cette année, plus de 5.000 migrants, la plupart originaires des pays de la CEDEAO, sont arrivés, expulsés de l’Algérie, dans la petite localité d’Assamaka, dans le nord du Niger, qui ne compte pas plus de 2.000 résidents permanents. Un scénario hélas habituel qui nous pose d’immenses défis humanitaires, sanitaires et sécuritaire’’ a-t-il ajouté.
C’est au vu de toutes ces implications socio-économiques, humanitaires et sécuritaires de la migration, ‘’que mon pays a élaboré et adopté, en 2020, une Politique Nationale de la Migration, assortie d’un plan d’action quinquennal dont le coût prévisionnel est estimé à 400 millions d’euros. Notre politique tient compte du développement du capital humain à travers l’éducation et la création d’emplois’’ annonce le Premier ministre.
Les trois axes stratégiques de cette politique recoupent les mêmes enjeux que ceux au centre des préoccupations de ces assises de Rome. Ils touchent aux sujets de la dialectique migration et développement, de la protection des migrants et de la gestion des flux par la lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite des migrants.
La protection des migrants, réfugiés et déplacés internes et demandeurs d’asile, est l’une des préoccupations majeures. ‘’Nous nous efforçons de leur apporter protection et assistance, malgré nos maigres moyens. Par contre, nous luttons efficacement contre la traite des êtres humains et le trafic illicite des migrants’’ assure le Chef de gouvernement.
En outre, le Niger a, dans un élan de solidarité et de responsabilité, accepté depuis 2017, sur son territoire, le Mécanisme d’Evacuation d’Urgence et de Transit (ETM) de la Libye vers le Niger sous le mandat du HCR pour leur réinstallation dans certains pays outre atlantique, ‘’ce qui a permis de sauver plus de 5.000 vies’’ disait-il.
‘’Tout cela a valu à notre pays, de figurer parmi les 6 pays co-parrains du Forum mondial pour le réfugiés qui se tiendra à Genève en décembre prochain’’.
Pour Ouhoumoudou Mahamadou, le Niger est bien placé pour mesurer les implications du phénomène migratoire dans toute sa diversité et mérite d’être conséquemment soutenu dans la mise en œuvre du plan d’actions de sa politique nationale de la migration.
Aussi, ‘’nous tenons à encourager le gouvernement italien pour l’initiative de cette rencontre, qui ouvre la voie au dialogue politique entre les différents partenaires. Ce dialogue qui est certes, toujours nécessaire, devra s’aligner sur les objectifs des deux pactes mondiaux sur la migration et les réfugiés, l’agenda 2030 des Nations Unies et l’agenda africain sur la migration pour atteindre les résultats souhaités au sommet européen de La Valette en 2016 où mon pays avait déjà tiré la sonnette d’alarme’’.
Sont invités à participer à cette conférence internationale, les partenaires touchés par la migration irrégulière (en tant que Pays d’origine, de transit et de destination) et les États désireux de soutenir des projets et des initiatives conformes à la philosophie de la Conférence.
Les Pays conviés sont l’Algérie, Bahreïn, l’Égypte, l’Éthiopie, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, le Niger, le Qatar, l’Oman, l’Arabie saoudite, la Tunisie, la Türkiye et Émirats arabes unis.
La délégation du Premier ministre à cette conférence comprend l’ambassadrice du Niger pour l’Italie Mme Fatimata Cheiffou, le Haut-Commissaire à l’Initiative 3N, Ali Béty, M. Malangoni Ibrahim, Directeur Général de l’Etat Civil, de la Migration et des Réfugiés; Dr Yahaya Garba, Secrétaire Général du Ministère de l’Agriculture; et du Dr Manzo Haboubacar, Conseiller Principal, Chef de Département Economie Rurale et Environnement.
SML/ANP/119/Juillet 2023