NIAMEY, 28 Sept (ANP) – Le gouvernement du Niger à travers le ministère des Finances a pris une décision de suspension des exportations des produits pétroliers raffinés à destinations du Mali. Ce qui a créé une polémique sur les réseaux sociaux, reliant cette décision du gouvernement nigérien, à la déclaration du Premier ministre malien à la tribune de l’Assemblée Générale des Nations Unies le 22 septembre 2022.
A travers un communiqué du ministre Porte-parole du gouvernement, il est indiqué que c’est « dans le cadre des opérations de transit transfrontalier des hydrocarbures, que le ministère des Finances, à travers la Direction générale des Douanes, avait autorisé certaines sociétés à acheminer des produits pétroliers en provenance du Nigéria vers certains pays voisins notamment le Mali en Août 2022 ».
Et suite au constat de pratiques frauduleuses de reversement de ces produits exonérés de taxes et de droits de douanes sur le territoire national, « le ministère des Finances a pris la décision de suspension desdites autorisations suivant note de service 1261/MF/DGD du 9 septembre 2022 adressée aux services de douanes » indique le communiqué.
Le communiqué précise aussi que cette mesure de suspension « ne concerne pas les exportations des produits pétroliers raffinés au Niger qui continuent d’être exportés vers le Mali ».
« J’étais surpris de voir circuler à travers les réseaux sociaux, une polémique autour de l’interdiction de transport des hydrocarbures du Niger vers le Mali », a annoncé le ministre des Finances Ahmad Jidoud.
« Il s’agit en fait d’une décision que le gouvernement avait prise il y a quelques semaines, qui est liée particulièrement à cinq autorisations que j’ai signées personnellement, l’autorisation de transit de l’essence super qui venait du Nigéria vers le Mali. Ce sont des autorisations que nous signons de manière routinière. Je les ai signés précisément le 12 août 2022 » rappelle le ministre des Finances.
Deux semaines après, le même ministre a été interpellé par la SONIDEP qui se plaignait du fait que ces autorisations accordées, ‘’compromettent la santé financière de la société parce que il y avait des reversements qui étaient opérés, c’est-à-dire que les hydrocarbures en particulier l’essence qui est sensé transiter du Nigéria vers le Mali en passant par le Niger, est reversé sur le territoire nigérien en raison du différentiel du prix parce que l’essence coûte moins cher au Nigéria qu’au Niger, et par conséquent les bénéficiaires de ces autorisations profitaient pour reverser ces hydrocarbures ici au Niger’’.
Après analyse et avec vidéos à l’appui, « la SONIDEP m’avait convaincu de l’existence de cette fraude et c’est sur cette base que j’ai demandé à l’administration douanière de suspendre. Et l’administration de la Douane m’a soumis les cinq lettres de suspension associées à chacune des cinq autorisations que j’ai suspendues le 9 septembre 2022 » selon le ministre Jidoud.
A la suite de cette décision, il a été demandé au Directeur général de prendre une note pour notifier cette décision aux unités douanières qui sont au niveau des frontières tant à l’entrée qu’à la sortie pour que cela soit officiel. Mais il s’est trouvé qu’à la prise de la décision du 9 septembre, il y avait déjà un contingent de citernes à l’entrée du pays qui est lié bien sûr aux autorisations que le gouvernement avait accordées. « Il me paraissait injuste de dire que nous suspendons et que ces camions doivent repartir, et j’ai demandé à la Direction générale des Douanes de prendre des dispositions pour les escorter jusqu’à la sortie des frontières. Et à la suite de cela, une fois que nous aurons apuré ce stock qui était déjà au niveau des frontières, nous prenons la circulaire pour interdire l’entrée et la sortie des hydrocarbures vers le Mali. Et c’est le 21 septembre que le Directeur général des Douanes a pris la circulaire sur la base bien sûr des mesures de suspensions que j’ai prises le 9 septembre » indique le Ministre des Finances.
« Vous voyez donc qu’il y a une coïncidence hasardeuse du calendrier que certains ont essayé d’interpréter comme étant une sorte de mesure de représailles à l’endroit du peuple frère malien » déplore le ministre des Finances.
SML/ANP/173/Septembre 2022