(Par Abdoulaye Harouna/ANP/Agadez)
Agadez, 12 Mai (ANP)-Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) est déterminé à apporter des réponses adéquates à la hauteur des défis, sur la route des flux migratoires mixtes qui traversent Agadez pour des milliers de ressortissants d’Afrique de l’Ouest, fuyant leurs pays du fait des conflits ou de persécutions, et qui très souvent sont victimes des violences sur le chemin des côtes méditerranéennes.
En effet les migrants et réfugiés qui à leurs risques et périls font la longue traversée du Sahara fait sont aussi victimes d’arrestations, enlèvements arbitraires, extorsion de fonds, travaux forcés, abus physiques, violence sexuelle et meurtres dans les centres de détention. Certains pays de transit sont devenus de véritables marchés pour le trafic d’êtres humains ».
Malheureusement, faute d’information et de structures adéquates les migrants et réfugiésignorent que le Niger est un excellent exemple d’hospitalité prêt à trouver des solutions durables à leurs situations. Il offre déjà asile et refuge à plus de 165 000 réfugiés qui ont fuient conflits et persécution au Mali et au Nigéria, voisins tout en maintenant des valeurs humanitaires.
Aujourd’hui, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) assure une présence permanente à Agadez sur la route des flux migratoires qui traversent l’Afrique de l’Ouest dans le souci de se rapprocher des réfugiés qui pourraient se trouver dans ces flux migratoires afin d’aider les autorités nigériennes à leur apporter la protection que leur pays d’origine ne peut leur fournir.
Lors de la cérémonie officielle de lancement et de l’inauguration du Bureau du HCR à Agadez, le Secrétaire général du Ministère de l’Intérieur,de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses M.Ider Adamou a, au nom des plus hautes autorités nigériennes a adressé un hommage mérité à cette Agence onusienne pour les efforts inlassables qu’elle ne cesse de déployer pour permettre aux demandeurs d’asile de s’épanouir sur le territoire national .
Chaque année, rappelle-t-on, des milliers d’africains affrontent la mort dans le désert d’Agadez, au risque de laisser leur vie et sont confrontés à la précarité une fois à destination (risques de maladies, d’emprisonnement, dépersonnalisation, impossibilité d’apprendre un métier…) , a indiqué M. Ider Adamou pour qui, les flux migratoires sont souvent mixtes, car ils incluent des refugiés , des demandeurs d’asile et des personnes qui n’ont pas besoins de protection internationale ,des migrants économiques réguliers et irréguliers ,des migrants échoués ou les demandeurs d’asile déboutés ,des victimes de la traite et des déplacés pour cause de catastrophes et de changements climatiques .
Il convient de noter qu’il y a des corrélations évidentes entre le mouvement des réfugiés et les mouvements migratoires, selonle Secrétaire général du Ministère de l’Intérieur,de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses.
Conformément aux dispositions légales, a-t-il poursuivi ,le gouvernement, avec l’appui du HCR veut s’assurer que les personnes ayant besoin de protection se trouvant dans les flux migratoires soient identifiés pour y bénéficier d’un accès au mécanisme d’accès au Niger, tout en étant assisté dans leur intégration sociale et leur propre prise en charge durant la recherche de solutions durables appropriées à la situation.
L’ouverture d’un bureau du HCR à Agadez, « traduit l’appui du Niger aux efforts concertés de la communauté internationale face à la crise contemporaine née de la multiplication des flux migratoires et initiatives migratoires souvent dangereuses pour les migrants , dont certains fuient les conflits armés ou la persécution dans leurs pays d’origine .Et la présence du HCR favorisera une assistance humanitaire, juridique, administrative et la recherche des solutions ainsi que la maitrise des données statistiques’’ a conclu, M. Ider Adamou .
Le Représentant Adjoint de l’UNHCR, M. Abdouraouf Gnon Konde, a, dans son discours rappelé qu’en 1995 déjà, cette Institution était à Agadez, où elle a aidé les populationsqui ont fuient la Région, du fait de la rébellion armée.
L’UNHCR, a-t-il déclaré, ne se contente pas d’apporter une assistance humanitaire qui est souvent la parte la plus visible de ses activités, mais recherche des solutions pour les personnes placées sous sa protection. Ainsi, son intervention en 1995 dans la Région d’Agadez, a été de raccompagner des nigériens refugiés en Algérie, lors de leur retour au pays natal.
‘’Aujourd’hui, nous sommes en devoir de nous poser la question suivante. Que vient faire l’UNHCR à Agadez ? Va-t-il ouvrir un camp de réfugiés comme c’est le cas à Tillabéry,Abala,Oualam pour les 60.000 réfugiés maliens qui sont là depuis 2012 ?Distribuer des vivres ou des moyens de subsistance comme il le fait pour les réfugiés de la Région de Diffa ?Assurément, la réponse est non.
A Agadez, dira M.M.Abdouraouf, l’UNHCR vient principalement aider les autorités nigériennes dans la protection que leurs pays d’origine ne peuvent plus offrir aux réfugiés qui se trouvent dans le flux migratoire. Le premier message que nous lançons aux réfugiés est donc celui-ci : un asile de qualité est possible au Niger, nul besoin de prendre des risques inconsidérés, d’être confronter à des souffrances inhumaines ailleurs.
Peu d’entre ceux qui fuient les persécutions et les conflits savent que l’asile est possible dès qu’ils ont franchi une frontière internationale et que le Niger peut être une terre d’accueil. La première protection est de leur donner cette information. Parmi le 300000 migrants qui onttransité par la région d’Agadez il y a des cas de demandeurs d’asile .Il est important de les repérer et les identifier pour les aider a précisé le représentant adjoint de l’UNHCR Niger.
Le Gouverneur de la région M. Sadou Soloké quant à lui, s’est réjoui de la présence de l’UNHCR a Agadez ,une zone qui draine d’importants flux migratoires et des personnes en situation d’éligibilité au statut de demandeurs d’asile ou de réfugiés .
Le Président du Conseil régional d’Agadez M. Mohamed Anacko et le Vic- maire de la Commune urbaine d’Agadez, ont pour leur part, rassuré l’UNHCR de leur entière disponibilité à accompagner ses efforts dans la Région.
A noter que le HCR va dépêcher à Agadez une équipe de juristes afin d’assister les personnes qui le souhaitent dans leur démarche de demande d’asile. En dehors de Niamey, et maintenant Agadez, le HCR-Niger disposait déjà d’autres bureaux à Tillabéry, Ouallam, Abala et Diffa où il assiste un nombre important de réfugiés ‘’prima faciès’’ venus du Mali (60 000) et du Nigéria (88 000).
Le 1er juin prochain, un numéro d’appel gratuit et confidentiel, le’’ 0 800 12 12’’, sera mis à disposition de tous les demandeurs d’asile et réfugiés au Niger. Un conseiller du HCR répondra à leurs questions et les orientera dans leurs démarches. Selon l’OIM, 300 000 migrants ont transité par la région d’Agadez en 2016. Parmi les nationalités représentées figurent principalement les Nigérians, les Gambiens, les Guinéens et les Sénégalais.
En effet depuis la chute du régime Kadhafi, en 2011 ,la Libye en proie au chaos est devenue un nid de vipères des milliers de migrants d’Afrique de l’Ouest, quittent un pays qui peine à contrôler ses 5.000 kilomètres de frontière avec notamment le Soudan, le Tchad et le Niger, mais aussi d’autres pays du Continent africain, pour des raisons politiques ou économiques pour s’échouer sur les côtes italiennes et espagnoles . En 2016, les ONG ont sauvé plus de 46 000 personnes en Méditerranée Centrale, ce qui représentait plus de 26% de toutes les interventions de secours. Cette tendance se poursuit et, depuis début 2017, ce chiffre a atteint 33% ».
Le Haut-Commissariat aux Réfugiés a été créé en 1945, avec comme objectif principal de trouver une solution durable à la situation des réfugiés dans le monde. Au Niger, il se propose d’appuyer le Gouvernement nigérien dans l’assistance et la protection des réfugiés maliens jusqu’au jour où ils pourront se retourner dans leur pays et se prévaloir de la protection.
Le HCR est chargé d’assurer la protection internationale des réfugiés et il s’engage pour apporter des solutions à leurs problèmes. Il conduit son action conformément à son Statut et est guidé par la Convention des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole de 1967. Le droit international des réfugiés constitue le cadre normatif essentiel des activités humanitaires du HCR.
Le HCR mène une vaste gamme d’activités de protection, consistant notamment à contribuer à la définition de normes juridiques nationales et internationales, à promouvoir l’égalité des genres et la protection des femmes et des filles, à veiller à ce que des garanties de protection soient intégrées dans les stratégies régionales relatives aux mouvements mixtes et à assurer la détermination du statut de réfugié. La recherche de solutions durables – le retourvolontaire dans la dignité et la sécurité, l’intégration locale, la réinstallation dans un pays tiers – est au également au cœur des responsabilités et activités du HCR.
La situation d’afflux massif des réfugiés au Niger, n’est pas un fait nouveau, car le pays a connu de nombreuses situations au cours des années précédentes avec la rébellion au Mali et au Tchad. En outre, le gouvernement du Niger a mis en place la Commission nationale d’éligibilité au statut de réfugié. Plusieurs conventions ont été ratifiées par lui en vue de renforcer son cadre juridique national.
Dans ce sens, il a adopté une loi en 1987 portant création de la CNESR. Son décret d’application est intervenu en 1998. Cette commission est composée de 17 membres et son mandat se résume en trois points : la reconnaissance du statut de réfugié, l’annulation et la cessation ; la protection administrative et juridique des réfugiés; assurer l’application et la promotion des règles en matière de protection des réfugiés. Une autre instance, le comité de recours gracieux, composé de quatre (4) membres, a été aussi créée par Arrêté en 2006.
L’installation du bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) sur la route des flux migratoires permettra sans doute de faire face à la tragédie humaine et d’arrêter cette hémorragie qui tue à petit feu de milliers de bras valides d’Afrique.
AH/AMC/ANP/MAI 2017