Le colloque de l’Université de Tahoua fait des propositions pour une souveraineté pleine et entière des États de l’AES

Le colloque de l’Université de Tahoua fait des propositions pour une souveraineté pleine et entière des États de l’AES

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Tahoua, 13 décembre (ANP) – Le colloque international organisé par l’Université Djibo Hamani de Tahoua sur la thématique générale : « Etat et Souveraineté : enjeux, défis et perspectives pour les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) » a clos ses travaux ce jeudi 12 décembre 2024. Les participants, après avoir relevé tous les défis liés à la question de la proclamation de la souveraineté pleine et entière des pays de l’AES, ont proposé des pistes de solutions pour y parvenir.

L’objectif du colloque, rappelle-t-on, est « de replacer les dimensions de la souveraineté au cœur du débat politique, économique, social et culturel en contribuant à une réflexion sur la matérialité de la souveraineté ». 

A travers cet objectif, « le colloque veut poser les conditions d’exercice d’une véritable rupture avec le vécu des Etats du Sahel depuis plus de 60 ans ». Autrement dit, le colloque a invité les participants à « repenser un Sahel nouveau, qui mène le combat pour sortir des clichés terroristes et misérabilistes et se positionner différemment ». 

Ainsi, les participants ont identifié plusieurs défis et perspectives à la souveraineté de l’AES.

Au plan de la défense et la sécurité, les défis énumérés tournent autour de l’expansion du terrorisme, du banditisme armé, et autres formes de trafics illicites ; la nécessité de construire des appareils sécuritaires puissants ; la mise en place d’un mécanisme de défense et de sécurité collective et l’opérationnalisation effective et efficace de « l’architecture de défense collective et d’assistance mutuelle » qui a présidé à la création de l’AES.

Au plan de la gouvernance politique, le colloque a identifié des défis liés à l’édification d’une intégration des peuples pour les peuples et la cession, par les États, d’une partie de leur souveraineté au profit de l’Alliance.

Sur le plan socioéconomique, les défis identifiés ont pour noms l’accès ou les types de marchés à promouvoir ; la sécurisation des ressources productives ; l’accès aux intrants adaptés ; l’adoption des pratiques agro-écologiques ; l’incapacité du FCFA à promouvoir les échanges intra-zone ; le blocage de la compétitivité des économies ; la contrainte de financement liée à la la politique monétaire de la BCEAO ; la déstabilisation de la famille en tant que socle de l’éducation ; une école sur chemin d’emprunt ; une société inefficace ; une société qui perd ses valeurs morales ; l’emprise de la colonisation sur les cultures ; une culture de la citoyenneté ; l’institutionnalisation de la culture ; une industrie culturelle et faire un inventaire de la culture.

En matière de souveraineté et de développement, le colloque a identifié l’intégration économique ; les conséquences de la sortie de la CEDEAO ; l’aménagement d’un espace de souveraineté et de sécurité stable ; la coordination de la défense et de la sécurité, des actions diplomatiques et de développement ; la pauvreté endémique ; le déficit d’infrastructures ; la corruption ; l’absence de secrétariat permanent ; les àléas politiques.

En termes de perspectives, les participants au colloque ont, entre autres, proposé au plan de la défense et la sécurité, la levée en masse des effectifs des forces armées ; le développement capacitaire des armées sur fonds propres par l’acquisition de moyens de combat aériens et terrestres ; la diversification des partenaires stratégiques de manière que la souveraineté de l’AES ne soit pas entamée ; la définition d’un concept stratégique ou d’une doctrine autonome de défense et d’un plan d’action conjoints ; la mise sur pied d’opérations conjointes sur le terrain ; la mise en place des forces d’intervention rapide ; la mutualisation de la production des moyens et projets d’industrialisation militaires ; la mise en place d’un mécanisme de partage d’informations et de renseignements ; l’opérationnalisation de la Force Unifiée d’États du Sahel ; la formation populaire en vue de créer une confiance entre l’armée et les populations ; le développement de la recherche scientifique et technologique militaire ; l’invitation des universités à conduire des recherches dans le but d’accompagner les autorités politiques ; la mise sur pied d’un fonds d’investissement dans la défense et la sécurité ; ou encore la création d’une école de guerre de l’AES ; la conception d’un modèle confédéral qui conduira, à terme, à un modèle fédéral et la conception des stratégies de cyber défense.

Au plan de la gouvernance politique, le colloque a proposé la consécration de l’Etat de droit et d’un ordre juridique adapté, de la bonne gouvernance et d’un socle solide à la souveraineté fondé sur un pacte républicain ; la présence de l’Etat sur l’ensemble du territoire de l’AES ; la maîtrise de la diversification des partenaires de manière que la coopération constitue une réelle source de développement pour, à terme, se passer de l’aide au développement et pouvoir exercer la souveraineté dans sa plénitude ; mais aussi légiférer sur les réseaux sociaux ;

Au plan socio-économique, les participants au colloque de Tahoua ont soutenu le financement du développement par la création d’une banque d’investissement, et la mise en place d’un Fonds de stabilisation ; la construction des infrastructures d’interconnexion (routes, compagnie aérienne, réseau ferroviaire, télécommunications…), des infrastructures et projets structurants et intégrateurs dans les secteurs stratégiques comme les industries agroalimentaires, extractives, l’énergie …) ; la définition des finalités  cohérentes de l’agriculture (y compris l’élevage et la pêche) ; l’accompagnement pour la valorisation et la promotion des produits locaux ; le renforcement des capacités, des compétences et des performances des acteurs économiques ; l’investissement dans les systèmes de production Agricole intégrée ; l’organisation des marchés territoriaux ; l’institution d’un stock de souveraineté alimentaire ; l’élaboration d’une politique agricole et nutritionnelle commune de l’AES ; la création de la monnaie basée sur une parité plus ou moins flexible avec un panier de monnaies ; de l’engagement politique ; la coordination du processus de la création de la monnaie et enfin bâtir un système éducatif ancré sur nos valeurs culturelles.

Au plan des instruments de souveraineté et de développement, la rencontre de l’Université de Tahoua a préconisé la réalisation des grandes infrastructures confédérales ; à appeler la CEDEAO à établir un partenariat avec l’AES et les Autorités de l’AES à l’élargir à d’autres pays pour en faire une alliance des états souverains qui offrent des possibilités d’unir et construire une économie prospère et dynamique.

TSA/KPM/ANP-061 Décembre 2024

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Zarami Boulama
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