Diffa, 12 mai (ANP) – Le Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) le Général Mahamadou Abou Tarka a présidé, ce jeudi 12 mai 2022 dans la salle de conférence de la maison des jeunes et de la culture Modou Manama Baloumi de Diffa, le lancement du Programme d’Appui à la Stabilisation et la Cohésion Sociale dans les Zones Est et Sud-Ouest du Niger.
En ouvrant les travaux Le General a indiqué que « C’est un programme que j’appellerai un programme d’amorce, et notre préoccupation majeure, celle qui a présidé à la soumission d’une note conceptuelle à deux de nos partenaires majeurs à savoir l’Union Européenne et l’Agence Française de Développement, est d’attirer l’attention sur la dégradation de la situation dans le centre de notre pays, qui fait frontière avec le Nigéria, plus précisément les Etats de Katsina, Zamfara et Sokoto. »
Dans cette zone, ajoute M. Abou Tarka « le grand banditisme, a les mêmes effets que le terrorisme qui sévit à Diffa et à Tillabéry. Le banditisme y a créé une situation d’insécurité, a causé le déplacement des populations, perturbé les activités économiques, y compris le travail champêtre. »
« Lorsque nous nous sommes penchés sur la situation, nous avons constaté que c’est le problème foncier, lié à l’amenuisement, voire, la disparition des terres pastorales, qui en a entrainé la paupérisation des pasteurs et leur transformation en bandits armés » a déclaré le Général Tarka, qui a poursuivi en disant que « Cette situation a fait naître une inquiétude légitime, et nous sommes demandé, s’il n’y avait pas de risque pour une jihadisation du banditisme dans cette zone sous l’influence de la situation au Mali et peut être une possible jonction avec des éléments de Boko Haram. Plusieurs études consultées ont montré, fort heureusement, que toutes les tentatives d’implantation de groupe terroristes ont échoué, car les bandits du nord Nigéria sont, semble-t-il très jaloux de leur indépendance. »
Mais la crise du pastoralisme touche aussi le sud du Niger. Il y’a de manière récurrente, des violences qui opposent agriculteurs et éleveurs, et qui se traduisent par de tueries regrettables comme celle de Toda et plus récemment celle de Bangui dans le département de Madaoua.
Le président de la HACP a souligné que « pour prévenir la dégradation de la situation du côté du Niger, que nous avons élaboré une note conceptuelle adressée à l’Union Européenne et à l’AFD. Les deux bailleurs de fonds ont répondu favorablement à notre requête avec un financement de 12 millions d’euros (soit 8 milliards de FCFA) pour l’AFD et 5 millions d’euros pour I ‘Union Européenne (soit environ Trois Milliards de francs CFA). Le programme de l’AFD de 12 millions d’euros, exclusivement consacré aux régions de Maradi, Tahoua et Dosso, fera l’objet d’un prochain lancement à Maradi, épicentre de la crise du sud-ouest nigérien. »
« Le programme sous financement de l’Union Européenne. Pour ce programme cependant, nous avons en accord avec l’Union Européenne décidé d’affecter environ 4 millions d’euros à la région de Diffa compte tenu du caractère prioritaire de la question du retour des populations dans leurs foyers. Cette enveloppe sera gérée par l’ONG nigérienne GARKUA, qui a été sélectionnée par L’Union Européenne pour opérer à Diffa où elle dispose déjà d’une expérience dans la mise en œuvre de projet piloté par la HACP.
Environ, un milliard de FCFA seront directement gérés par la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix pour des actions d’appui aux Conseils départementaux de sécurité aux préfectures situés sur la frontière du Nigéria et pour des actions de cohésion sociale et de prévention des conflits » a précisé le général Abou Tarka.
Pour l’Ambassadeur de l‘Union Européenne au Niger Dr Denisa Elena IONETE « Le projet vise à favoriser la stabilisation, la cohésion sociale et la gouvernance sécuritaire dans les zones frontalières affectées par le conflit, l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base (hydraulique, éducation, santé) au profit des populations retournées et l’accompagnement du processus de relèvement socioéconomique de ces populations. »
Le projet piloté par la HACP couvre les régions de Diffa, Tahoua, Dosso et Maradi, tandis que celui mis en œuvre par Garkua, se focalise sur la région de Diffa.
L’Ambassadeur de l’Union Européenne rappelle que « les actions cherchent à promouvoir des initiatives qui peuvent permettre l’amorce d’une de stabilisation durable, et cela est fait à travers les actions de cohésion sociale et gouvernance sécuritaire mais également par le développement de l’économie locale et le renforcement des services sociaux de base, menés avec l’appui de l’ONG Garkua »
« L’Union Européenne est fortement engagée à soutenir les efforts du Niger, des autorités administratives, des autorités locales et de toutes les parties prenantes pour soutenir les stratégies nationales relatives au développement du Niger et, en particulier des zones fragiles. Notamment, l’Union Européenne soutient les initiatives qui permettent de mettre en relation les autorités nigériennes et les acteurs de développement pour un réel partage d’expériences et de bonnes pratiques» a-t-elle conclu.
Le Gouverneur de la région de Diffa M. Issa Lemine a, à son tour pris la parole tout en remerciant l’Union Européenne et la HACP.
« Ce programme de stabilisation est la réponse idéale du contexte actuel surtout dans notre politique qui consiste à soutenir les volontés des populations à retourner dans leurs villages d’origine » a confié le Gouverneur, qui ajoute aussi « nous nous engageons fermement à soutenir pour la réussite de ce programme »
Cette cérémonie s’est déroulée en présence des gouverneurs des régions de Dosso, Tahoua et Maradi
MAY/SML/ANP/085/Mai 2022
