La Réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré, un patrimoine mondial en péril

La Réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré, un patrimoine mondial en péril

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Agadez, 12 dec (ANP) – La Réserve naturelle de l’Aïr et du Ténéré est la plus grande aire protégée d’Afrique, avec 7,7 millions d’hectares. La zone considérée comme sanctuaire protégé n’en représente que le sixième. Elle comprend le massif éruptif de l’Aïr, îlot sahélien isolé dans le désert saharien du Ténéré par son climat, sa flore et sa faune. Les réserves possèdent un ensemble exceptionnel de paysages, d’espèces végétales et d’animaux sauvages.

La réserve de l’Aïr et du Ténéré est le dernier bastion de faune Saharo Sahélienne au Niger. L’isolement dans lequel se trouvent l’Aïr et la présence peu marquée de l’homme font que de nombreuses espèces sauvages éliminées dans d’autres régions du Sahara et du Sahel survivent ici. Le bien contient une grande diversité d’habitats (dunes vives, dunes fixes, regs sableux, vallées falaises, canyons, plateaux sommitaux, gueltas etc.) nécessaires pour la conservation de la diversité biologique Saharo sahélienne.

Le bien contient des habitats naturels importants pour la survie de trois antilopes du désert du Sahara sur la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées : la gazelle dorcas (Gazella dorcas dorcas) ; la gazelle leptocère (Gazella leptoceros) et autrefois l’addax (Addax nasomaculatus).

Au niveau de la flore, on trouve dans la steppe les espèces Acacia ehrenbergiana, Acacia raddiana, Balanites aegyptiaca, Maerua crassifolia, et au sol les espèces Panicum turgidum et Stipagrostis vulnerans. Dans les vallées les plus importantes, où les stocks d’eau dans les réservoirs alluviaux sont conséquents, un habitat très spécifique se développe associant une strate ligneuse dense avec des palmiers doum, des palmiers dattiers, Acacia nilotica, Acacia raddiana, Boscia senegalensis, Salvadora persica, et un tapis herbacé avec entre autres Stipagrostis vulnerans.

Le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 1992 à cause d’instabilité politique et de dissensions entre les populations. Le bien bénéficie d’une protection légale et d’une gestion satisfaisante, soutenues par les appuis techniques et financiers de l’Etat et des partenaires au développement. Il ne dispose pas d’un plan de gestion. La chasse et l’exploitation des produits ligneux sont interdites dans la réserve ; de même l’accès au sanctuaire des addax est strictement interdit. Le braconnage et le pâturage abusif sont les principales menaces auxquelles est confronté le bien. Ces menaces connaissent un début de solution avec les activités de surveillance et de sensibilisation, mais beaucoup reste encore à faire pour les combattre définitivement.

Pour minimiser ces problèmes, il faudra renforcer la présence physique des autorités de gestion dans la réserve, clarifier les droits respectifs d’utilisation du sol et d’accès aux ressources des populations locales, améliorer le suivi et la surveillance du bien pour s’attaquer aux problèmes de braconnage et d’extraction illégale des ressources naturelles et mettre fin aux activités commerciales de ramassage du bois et de la chaume sur le bien. La gestion durable et la conservation de ce bien nécessitent le renforcement de l’appui financier et technique de la part de l’Etat et des partenaires au développement, en vue de l’élaboration d’un plan d’aménagement et de gestion du site, La mise en œuvre effective du cadre de concertation intercommunale, et de l’accord de cogestion des ressources naturelles du bien entre l’Etat et les communes concernées.

AH/CA/ANP/100/Décembre 2022

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