Niamey, 22 Aout (ANP)- Elhadj Maman Taya, né 1951 et décédé le 23 Août 1987 à Niamey. Musicien, chanteur, Il était une figure emblématique de la musique moderne nigérienne dont il fut un pionnier.
Il domina la scène musicale des années des indépendances jusqu’à sa mort. Selon son neveu, Wazir Elhadj Taya, aujourd’hui, Elhadj Taya, c’est ’’un repère pour nous autres nigériens’’.
A cette date commémorative de son décès, aucune activité officielle n’est prévue du côté des autorités en charge de la culture.
Par contre, précise M. Wazir « en ce qui concerne sa famille, nous allons rester ensemble et on va le faire tout en suivant la religion musulmane. Demain, mardi 23 août, dans la matinée on a prévu de se rendre à sa tombe au cimetière musulman de yantala pour faire une Fatiha pour qu’il continue à se reposer en paix. Nous allons également faire une prière pour tous les morts. C’est une manière d’entretenir les tombes parce que le cimetière c’est un rappel, en tant que musulman, on aime que les musulmans fassent un tour là-bas, à chaque fois que l’occasion se présente’’.
‘’Pour ceux qui l’ont connu et côtoyé, il était un artiste hors du commun, dévoué et très ouvert envers ses semblables. Pour ses proches et collaborateurs, le vide qu’il a laissé est toujours pressant’’ raconte son neveu Wazir, qui ajoute aussi que ‘’Son nom revient fréquemment dans les échanges entre musiciens, et cela, à cause de tout l’héritage qu’il a laissé. Pour beaucoup de jeunes musiciens, il demeure une source intarissable d’inspiration musicale.
Elhadj Maman Taya, après son brevet d’étude, il fut sélectionné pour être sur la liste des jeunes instituteurs qui devaient combler le manque crucial d’enseignants auquel faisait face le Niger au lendemain des indépendances. Très inspiré par la musique afro-américaine (James Brown, Et to James, etc), son groupe finit par s’imposer dans les années 70 dans la ville de Zinder, à l’époque élève-maître à l’école Normale Askia Mohamed de Zinder.
Sa première apparition en tant qu’artiste, il l’a faite avec son ami Maman Sani Oumarou Hadari (ancien ministre de la culture) devant les autorités régionales de Zinder de l’époque.
Le groupe qu’il formait avec d’autres jeunes venus des quatre coins du Niger rimait parfaitement avec l’idéal sociétal souhaité par les autorités de l’époque, car Il fallait trouver des mécanismes pour renforcer l’unité nationale et la cohésion sociale dans un pays qui compte plusieurs groupes ethniques. De l’orchestre de l’école Normale à l’international de la capitale, du chemin a été fait.
Taya devient par la suite un véritable chef d’orchestre et adopte ce manteau jusqu’à sa mort. Sous la direction du frère aîné de l’artiste, les anciens normaliens se retrouvent pour former successivement les groupes suivants (les ambassadeurs, l’orchestre de la caravane et international de la capitale).
Il a à son actif le prix Dan Gourma, prix prestigieux de la musique moderne nigérienne. Sa musique interpelle tous les nigériens quelles que soient leurs origines. Il utilisait tous les instruments de la musique dans son orchestre et coordonne bien les activités. Ces chansons continuent jusqu’à présent à marquer les consciences.
Artiste polyvalent, son orchestre était au complet. Il avait à ses côtés des grands noms tels que Maman Sani, Maman Garba, Moussa Poussy, Oumarou Hadari, Ali Djibo, Aimė Tossa etc. Grâce à son engagement, le Niger devient une référence dans la sous-région et sa capitale est fréquemment visitée par des artistes étrangers.
La guitare, le piano, l’harmonica, la batterie, etc, tous ces instruments rimaient parfaitement avec sa voix fine et son style musical qui mélange le reggae, le jazz et le blues. Le folklore y est également présent dans certaines de ses compositions. Il chantait dans toutes les langues nationales.
Pour la mémoire de ce grand homme de la musique Nigérienne, l’unique centre de formation professionnelle de la musique (CFPM), dont il est l’un des artisans de sa création, qui est installé à Niamey porte son nom.
AOM/MAM/AS/ANP 0099 août 2022