Niamey, 8 Nov. (ANP)- Un consortium de chercheurs des universités européennes en collaboration avec le centre de recherche de l’université Abdou Moumouni de Niamey et l’association alternative espace citoyenne a organisé, le lundi 07 novembre 2022, une table ronde sur la criminalisation transnationale organisée.
Selon M. Hamidou Manou Nabara, Président de l’ONG Jeunesse- Enfance- Migration-Développement (JMED), l’objectif visé à travers cette conférence est de « partager les résultats d’une étude conduite par ces chercheurs sur la criminalité transnationale organisée, notamment comment l’Etat criminalise certaines activités et les conséquences que cela produit ».
Pour «le cas de la drogue à Lagos au Nigeria et la question du trafic illicite des migrants à Agadez au Niger, les chercheurs se sont rendus compte, à l’issue de l’étude, que les deux formes de criminalité ne sont pas liées. Également, l’interdiction de ces criminalités produit des conséquences socio-économiques comme ce sont des activités qui procuraient des revenus aux populations vulnérables », a-t-il expliqué.
Selon les chercheurs, le projet ‘’Récits ignorés sur la criminalité organisée transnationale en Afrique de l’Ouest’’ exploré l’implication d’acteurs locaux dans ces deux activités au statut juridique particulièrement ambigu et souvent associées au crime organisé : la vente de tramadol (un opioïde synthétique) en dehors du cadre règlementaire et le transport de migrants en route vers l’Europe (parfois considéré comme un trafic illicite).
L’angle d’analyse généralement privilégié sur ces sujets, a indiqué, M. Gernot Klantsching de l’université de Bristol, notamment les activités liées au transport illégal des migrants et au trafic de tramadol « consiste à les appréhender comme une forme de criminalité organisée. Cette approche repose principalement sur la vision des principaux bailleurs de fonds car les données et les perspectives ouest-africaines ont été, jusqu’ici, largement ignorées. Les récits et perspectives d’acteurs locaux, recueillis dans la ville portuaire de Lagos (Nigéria) et dans la ville d’Agadez (Niger), nœud de circulations Transsahariennes, peuvent ainsi aider à mieux comprendre la perception de ces activités localement, les causes de leur émergence et leur inscription dans le secteur économique informel ainsi que les possibles solutions aux problèmes qui en découlent, essentiellement liés à l’ordre politique».
Les conclusions de ce projet et les recommandations proposées s’appuient sur des enquêtes ethnographiques, des entretiens ainsi que les résultats d’un atelier ayant réuni décideurs politiques, acteurs associatifs et représentants d’institutions internationales, organisé à Ibadan (Nigéria).
Apres les exposés des chercheurs, les discussions ont tourné autour des liens entre les différentes formes de criminalités transnationales organisées, le lien entre la criminalité, comme le trafic de drogue, des migrants, la traite des personnes, le trafic d’armes, et également sur l’application de la loi au Niger qui a isolé la région d’Agadez et qui a renforcé le contrôle. Il y a eu aussi des discussions sur l’externalisation des frontières de l’Union européenne au Niger.
AOM/AS/ANP 0049 novembre 2022