Il est heureux de constater que l’Afrique dans son ensemble enregistre un taux de croissance élevé dans un contexte de ralentissement de la croissance mondiale. Cette croissance a été portée par le secteur des infrastructures, le secteur agricole et celui des ressources naturelles, minières et pétrolières.
Mais ce processus de croissance forte ne peut être maintenu et amplifié que si le continent poursuit une politique vigoureuse d’investissement dans les infrastructures de base. En effet pour favoriser le développement des investissements productifs et augmenter leur rentabilité, il est indispensable d’investir dans les infrastructures de base.
Il s’agit d’investir massivement dans les infrastructures énergétiques, routières, ferroviaires et de télécommunication. L’Afrique cultive le paradoxe de manquer d’énergie à faible coût alors qu’elle dispose d’un potentiel hydroélectrique énorme dont a peine 5% est exploité. L’Afrique est également l’un des continents les plus ensoleillé du monde ce qui lui offre des perspectives en matière d’énergie solaire sous réserve des efforts de réduction des couts pour rendre cette énergie compétitive. C’est dire que le secteur énergétique constitue un pôle d’investissement prioritaire pour notre continent et justifie amplement que les initiatives internationales soient lancées dans ce domaine. A cet égard permettez-moi de saluer l’initiative de l’énergie pour l’Afrique adoptée à Paris lors de la COP 21.
Les autres secteurs d’investissements prioritaires en matière d’infrastructures de base sont le secteur de la communication avec l’extension nécessaire et l’interconnexion des réseaux de la fibre optique, la construction des routes transrégionales et régionales, la construction des réseaux ferroviaires, des ports et des aéroports.
Pour financer ces investissements une mobilisation massive de ressources financières internes et externes est indispensable. Dans cette perspective les pays Africains doivent faire un effort exceptionnel de mobilisation de ressources internes pour atteindre au moins le seuil de 20% de leur PIB. Cela suppose la mise en place d’institutions démocratiques suffisamment fortes pour lever l’impôt. Mais, il faut le reconnaitre les pays Africains ne peuvent à eux seuls, supporter le poids de la réalisation de ces investissements. Ils ont besoin de l’appui des pays plus développés et des institutions de financement en leur créant notamment les conditions les plus favorables d’accès au crédit et ce dans une grande proportion a des taux concessionnels. Des efforts doivent être engagés par ailleurs pour rendre les conditionnalités des institutions financières internationales plus flexibles. La France peut y contribuer. L’opportunité offerte par les formules de Partenariat Public Privé (PPP) pour la réalisation des investissements doit aussi être exploitée et les investissements directs étrangers encouragés.
Le maintien et l’amplification de la croissance économique du continent supposent que l’Afrique cesse d’être un simple réservoir de matières premières. Cela suppose également que l’échange cesse d’être inégal. Pour ce faire, la transformation poussée sur place des matières premières est une nécessité comme il est nécessaire pour l’Afrique d’avoir un tissu industriel solide car il n’y a pas d’émergence économique réelle sans industries. Le partenariat Afrique-France peut y remédier.
L’Afrique constitue un marchée d’opportunités pour des investissements profitables, mais il s’agit d’un marché ouvert à la concurrence. Les investisseurs Français sont les bienvenus, ils disposent d’atouts indéniables ; cependant ils doivent faire preuve de plus d’agressivité et se doter de mesures d’accompagnement telles que les financements et les assurances des investissements qui constituent des atouts supplémentaires.
La conférence d’Addis-Abeba sur le financement de Développement a retenu que nos Etats doivent rechercher des formules de financements innovants pour mobiliser davantage les fonds nécessaires à leur développement. A ce titre, notre arsenal juridique s’adapte progressivement pour accommoder toutes les innovations récentes en matière de financement notamment le Partenariat Public Privé, le SUKUK et le WAQF de la finance islamique, ainsi que les possibilités de production d’énergie électrique à titre des producteurs indépendants.
Pour promouvoir l’investissement et le commerce, nos pays se sont engagés dans une dynamique d’amélioration du climat des affaires et ils enregistrent des progrès remarquables. Le Niger par exemple vient de gagner 10 points dans le classement 2017 de Doing Business du fait des réformes engagées dans des domaines tels que la réduction du délai de création d’entreprise, la création des tribunaux de commerce, l’institution d’un comité paritaire pour le traitement du contentieux fiscal.
Des objectifs ambitieux de développement de nos pays ont été fixés dans le cadre de l’horizon 2030 des Nations Unies et de la vision 2063 de l’Union Africaine. Ces objectifs sont repris voire amplifier par nos programmes nationaux de développement. Le développement souhaité pour le continent se veut un développement soucieux de l’environnement. Nos plans de développement nationaux doivent par conséquent inclure les engagements que nous avons pris à Paris à l’occasion de la COP21 et confirmés à Marrakech à l’occasion de la COP22.
La lutte contre les inégalités doit être au centre de nos préoccupations en matière de politique de développement non seulement pour des raisons morales mais aussi pour des raisons d’efficacité économique. 35% d’Africains vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit 49% des pauvres au niveau mondial et la classe moyenne ne représente que moins de 40% de la population africaine. La croissance que nous voulons inclusive doit déboucher sur l’accroissement et le renforcement de la classe moyenne.
Nous saluons les initiatives de soutien aux groupes les plus vulnérables notamment les femmes et les jeunes. Les programmes d’autonomisation des femmes et ceux d’incubation pour accompagner les jeunes promoteurs doivent être encouragés et développés sur le modèle de ceux actuellement mis en place notamment sur le financement de la Banque Mondiale et de l OIF.
Le 21 siècle sera le siècle de la révolution numérique et les progrès et innovations dans ce domaine sont effarants. Le secteur du numérique sera la source principale de création d’emploi. C’est pourquoi nos pays doivent y porter une attention particulière à son développement en encourageant la recherche et en apportant tout l’appui nécessaire aux inventeurs et aux créateurs d’entreprises dans ce domaine.
Nos programmes de développement ne peuvent réussir que si l’Afrique dispose de ressources humaines de qualité, c’est pourquoi un accent particulier doit être mis sur l’éducation des jeunes à la fois les filles et les garçons, le développement de la formation professionnelle et technique a travers des centres d’excellence, des échanges d’expérience et des transferts de compétence par compagnonnage. A cet égard les visas et les bourses de formation professionnelle en France doivent être facilités.
Un autre défi qui mérite notre attention est le défi démographique. Malgré son taux élevé de croissance économique, l’Afrique risque de rater le rendez-vous de 2030 relativement aux objectifs de développement durable du fait du taux élevé de la croissance démographique. La croissance économique risque être absorbée par un taux de croissance démographique de plus de 3% pour nombre de pays et même de près de 4% pour le Niger. Nous devons donc sérieusement nous préoccuper de cette question et repenser nos politiques de population.
La question démographique a un autre corollaire : la migration pour motif économique. Qu’elle soit interne, régionale ou interrégionale la migration est souvent accompagnée d’activités criminelles, de drames humains et de bouleversements sociaux politiques. Nous devons tous contribuer à y mettre fin en nous attaquant à ses causes profondes que sont la pauvreté, l’insécurité, le déficit démocratique, les changements climatiques et la question démographique.
Les relations entre la France et l’Afrique sont très fortes. Nous souhaitons qu’elles se renforcent davantage. Ensemble, la France et l’Afrique peuvent contribuer à changer le monde en portant ensemble les objectifs de développement économique et social en faveur des peuples. Les objectifs atteints du fait des rapports excellents entre la France et l’Afrique durant le mandat du Président François Hollande le prouvent. Ces rapports ont été des rapports de partenariat empreints de respect réciproque. Par conséquent permettez-moi de saluer et de rendre un hommage mérité au Président François Hollande pour avoir placé la relation entre la France et l’Afrique à un niveau jamais égalé.
Je vous remercie