Intervention du Président Issoufou Mahamadou Séance de huis clos sur le thème « Défis et Menaces a la paix »

Intervention du Président Issoufou Mahamadou Séance de huis clos sur le thème « Défis et Menaces a la paix »

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Je voudrais avant tout propos saluer la contribution inestimable de la France en matière de sécurité régionale. Grace aux opérations Serval, Sangaris et Barkane, la France a permis d’éviter le chaos au Mali et en République Centrafricaine. Elle a aussi aidé les pays du Sahel dans la sécurisation de leur frontière et la lutte contre les trafics de tout genre.

Cet engagement de la France est avant tout celui d’un homme, François HOLLANDE, notre ami de toujours, qui a fait preuve de courage et de clairvoyance en prenant les décisions courageuses et pertinentes d’engager les troupes françaises dans des opérations, bien loin du territoire national. Le Niger saisit la présente occasion pour lui rendre hommage et l’en remercier chaleureusement.

Depuis 2011, comme conséquence logique des événements intervenus en Libye, notre région vit une situation d’insécurité sans précédent. En effet, des groupes terroristes et d’autres acteurs non étatiques se sont emparés de l’arsenal de la défunte armée libyenne et se sont engagés dans des actions criminelles de nature à déstabiliser tous les états riverains de la Libye. De ces groupes on distingue les djihadistes ayant pour objectif la création d’un état islamique, les rebelles affichant des revendications indépendantistes et identitaires et les groupes engagés dans des trafics illicites de drogue, d’armes et d’êtres humains notamment des migrants. Les cloisons de séparation entre ces différents groupes sont loin d’être étanches et la transhumance des combattants d’un groupe à un autre est devenue monnaie courante.

Nos pays se sont engagés avec détermination à défendre leurs frontières et à assurer leur sécurité intérieure. Ils y ont mis beaucoup de moyens. Nous étions, dès le départ, conscients que la situation ne serait pas conjoncturelle. Pour cette raison, nous nous sommes inscrits dans la durée.

L’effort de guerre pèse lourd sur les budgets respectifs de nos Etats et atteint dans le cas du Niger, le seuil de 10% du budget national. Dans ces conditions la poursuite de la lutte contre le terrorisme risque de se faire au détriment des investissements nécessaires dans les secteurs sociaux et la lutte contre la pauvreté. Or il est une évidence que la pauvreté constitue le terreau du terrorisme et du banditisme armé et nous risquons de nous retrouver dans la situation du serpent qui se mord la queue.

Je me réjouis de ce que notre forum se penche aujourd’hui sur les questions de sécurité à travers le thème « défis et menaces à la paix » et je voudrais saisir cette occasion pour formuler quelques recommandations en guise de contribution au débat:

1. La Libye étant la source de l’insécurité, il est impérieux que la communauté internationale se penche sérieusement sur le cas de ce pays et que tous les moyens soient mis en œuvre pour réconcilier les Libyens et restaurer l’autorité d’un gouvernement central sur l’ensemble du territoire national.

2. La fragilité de la situation sécuritaire au Mali pèse beaucoup sur la situation sécuritaire des pays voisins. Le gouvernement Malien et les parties signataires de l’accord d’Alger doivent être encourages et soutenus pour la mise en œuvre de cet accord dans toutes ses dispositions. L’autorité du gouvernement Malien doit être rétablie sur tout le territoire. Un combat sérieux doit être engagé contre les terroristes et toutes les autres bandes armées, que ce soit a travers la MINUSMA dont le mandat vient d’être renforcé ou à travers d’autres arrangements opérationnels à convenir.

3. Nos états doivent être soutenus par la Communauté Internationale à la fois dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme et dans leurs efforts de lutte contre la pauvreté ; la France peut jouer un rôle majeur dans l’effort de la mobilisation de la Communauté Internationale.

4. Nos états doivent mutualiser leurs forces de défense et de sécurité ainsi que leurs ressources en matière de renseignement dans le combat contre le terrorisme, le trafic illicite et la piraterie maritime. L’expérience heureuse de la Force Mixte Multinationale des Etats riverains du Lac Tchad dans le cadre de la lutte contre Boko Haram doit faire école.

5. Nos états doivent exploiter les possibilités offertes par la coopération internationale pour développer la formation d’unités spéciales et leur dotation en moyens et équipements adaptés à la lutte contre le terrorisme. Les armées classiques réussissent moins bien dans ce domaine.

6. Il est enfin indispensable et urgent de mettre en œuvre l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité et la Force Africaine en attente.

Le terrorisme est un phénomène mondial, qui n’épargnera aucun pays. Le combat que mènent les pays de la ligne de front que sont les pays du Sahel, est dans l’intérêt de tous les autres états du continent et même de toute la Communauté Internationale. La lutte contre le terrorisme nécessite une coalition mondiale et tous les pays doivent y contribuer.

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