(Par Abdoulaye Harouna, correspondant régional /ANP)
Agadez, 30 Sept (ANP)- La localité d’ In’gall est au cœur du système de production de l’élevage mobile nigérien reconnu très productif et durable. Elle compte le rester et garder sa marque de qualité de »carrefour des sociétés pastorales » nigériennes en général et de l’Aïr en particulier.
Source essentielle de revenus des populations, le cheptel est l’élément de base du commerce pratiqué à In’gall où les espèces élevées sont les camelins, les bovins, les ovins, les caprins, les asins, les équins.
La cure salée reste le seul moment où le commerce est florissant grâce à la multiplication des revendeurs, ouverture de restaurants, des étals de bouchers, arrivées massives de commerçants ambulants et étalagistes venus d’horizon divers. L’important mouvement des populations profite aussi bien à la commune qu’aux citoyens.
Mais la réussite du grand rassemblement des éleveurs réside sur la disponibilité en pâturages des dépressions sablo limoneuses dominées par une végétation ligneuse des acacias raddiana et des Balanites ,une couverture arbustive variée et dense dans les dépressions ou clairsemé sur les terres plus élevées ainsi qu’une abondance de végétation d’herbacée sauvages, fortement tributaire des crues très variables entre les années, mais aussi des plantes vivaces riches en eau dont la période de végétation se prolonge jusqu’à la fin de la saison froide et qui offrent un attrait particulier aux pâturages .
Cette année, la disponibilité en pâturages est inquiétante .La campagne agro- sylvo -pastorale 2015-2016 n’a pas répondu aux attentes des pasteurs et agro-pasteurs et a même suscité au cours de la deuxième décade du mois de juillet de réelles inquiétudes pour les éleveurs. La situation ne s’est améliorée qu’à partir de la 3ème décade du mois de juillet.
En plus les mares permanentes de Akadaney et Guerbourou(zone Tadress), semi-permanentes (Teguirwit, Tkinziguite, , Mazababou, et temporaires Amaloulé, Tankaza, Tassaklot, Tedbik, Tezawene, ont été l’objet d’intense exploitation par de nombreux animaux qui s’y abreuvent avec les transhumants qui ont longtemps séjournés dans les plaines de l’Irhazer
En dépit de toutes ces difficultés,la cure salée s’est tenue au pied de la petite palmeraie d’ In’gall sans les mêmes engouements des années antérieures malgré la présence des diplomates, des Présidents des institutions de la république, des Conseils régionaux, des Gouverneurs et même des touristes.
Ce grand rassemblement annuel des éleveurs, n’a pas, ces dernières années, enregistré un taux de participation aussi faible. Non loin de la tribune officielle, la quasi-totalité des stands sont restés vides et ceux qui ont tenu à occuper quelques uns sont vite repartis sans laisser des traces. Cette triste réalité, les populations d’ In’ Gall, l’ont ressentie au propre fond de leur cœur.
‘’Alkassoum un commerçant que nous avions rencontré au marché local déclare : ‘’ nous n’avons jamais vécu une fête comme cette édition 2015 .Pourtant il y a des étrangers même si il est facilement remarquable qu’ils ne sont pas si nombreux .J’avoue que cette année je n’ai même pas réalisé le tiers de mon chiffre d’affaires de la fête précédente à telle enseigne que je ne cesse de me poser des interrogations. Qu’est ce qui se passe, que s’est-il passé cette année ‘’.
‘’Ahmed, un autre opérateur ajoute pour sa part : j’avais des pressentiments, cette année que la fête nous a pas profité .Nous n’avons pas fait de bonnes affaires .Regardez tout autour de vous, il n’y a que ces 4X4 qui circulent sans acheter le strict minimum qui apportera un réconfort auprès des populations locales ‘’.
Ce fonctionnaire lui nous confie : ‘ ’la cure salée est une occasion de rencontres et d’échanges entre éleveurs venus de tous les horizons. De nos jours, elle ressemble plutôt à une fête de la cité qu’à celle des éleveurs, qui ne profite qu’à ses organisateurs. En plus, son évolution se fait en défaveur des éleveurs qui ont de moins en moins accès aux services qui leur sont traditionnellement fournis’’.
Un élu déclare que ’’les populations autochtones estiment que l’organisation de la cure salée leur profite très peu d’où le souhait de celles-ci d’y être pleinement impliquées dans son ’organisation. Ceci leur permettra de renouer avec l’ancienne formule de la cure salée. La non implication des éleveurs et des organisateurs locaux donne à cet événement important un aspect aux yeux des acteurs locaux d’un regroupement dont les objectifs sont autres que ceux visés par la communauté pastorale qui s’estime concernée au premier chef avec l’espoir de solutions à leurs préoccupations.
Assada Alka, chef de Tribu à Akadané, se rappelle : « personnellement, j’ai pris part à plusieurs éditions de la cure salée .Les autorités font des efforts à l’endroit du monde pastoral, mais il faut reconnaitre surtout que la réussite de ce grand rassemblement dépend de la participation des éleveurs. Nous voulons que l’Etat sache que rien ne peut se réaliser sans les éleveurs .Il faut nécessairement que les autorités passent régulièrement dans les campements pour voir exactement de quoi est fait le vécu quotidien de l’éleveur.
Le ministre de l’Élevage, M Mahaman el hadj Ousmane rassure les pasteurs et agro-pasteurs que les autorités de la 7ème république qui se sont résolument engagées depuis 5 ans à inscrire la cure salée dans les grands chantiers de la Renaissance.
Le Président de la république, indiqueEl Hadj Ousmane,accorde un intérêt tout particulier au secteur de l’élevage et au monde rural en général et salue le patriotisme et l’engagement individuel et collectif des éleveurs pour la consolidation de la paix , l’unité nationale et la préservation de la paix dans cette bande sahélo saharienne où la situation sécuritaire est devenue une source de vive préoccupation pour notre pays et notre espace communautaire .
L’édition 2015 de la Cure Salée qu’elles qu’en soient ses facettes, est intervenue à un moment où le pastoralisme ; activité centrale de l’économie sahélienne, connait un regain d’intérêt.
C’est pourquoi, le ministre de l’Élevage a, nom des pasteurs et agro-pasteurs,fait une mention spéciale au Projet Irhazer-Aïr –Tamesna financé par le Groupe AREVA pour un montant de 11,4 milliards de francs CFA. Cet appui s’inscrit dans le cadre du protocole d’Accord signé entre l’Etat du Niger et le groupe Areva en 2006., Les activités de ce projet vont démarrées en 2016 pour la mise en valeur de 5000 HA dont 80% pour le développement des cultures fourragères afin de permettre à notre cheptel d’être à l’abri des aléa climatiques.
AH/AMC/ANP/SEPT 2015