Niamey, 27 oct (ANP)-L’entreprise nigérienne, I-FUTUR, spécialisée dans le domaine de la fintech et de l’Edtech, vient de lancer son label de paiement électronique appelé I-Money. Cette application incorporée dans un terminal électronique inclut à la fois des canaux de paiement mobile money de plusieurs opérateurs de téléphonie au Niger, des systèmes de paiement de plusieurs banques nigériennes et des réseaux internationaux de cartes de paiements, comme Visa et Master Card.
«Le logiciel I-Money que nous avons lancé en 2023, vise essentiellement à aider les distributeurs qui sont souvent les boutiquiers ou les points de ventes qui sont un peu partout dans les villes et les villages, à disposer d’une solution pour pouvoir faire l’activité de monnaie électronique. Ils disposent donc d’un service de dépôt et de retrait d’argent, mais aussi des services de paiement de facture pour les populations et des services tels que le crédit téléphonique et d’autres services publics de l’Etat», explique à l’ANP, M. Boubacar Sidikou, Directeur général de l’entreprise I-Future.
Selon cet entrepreneur, l’innovation apportée par son invention vise premièrement à regrouper sur un seul terminal plusieurs moyens de paiement électronique et de faciliter le travail des distributeurs de la monnaie électronique.
« Avant, un distributeur de la monnaie électronique par Mobile Money était appelé à disposer d’autant de cartes SIM qu’il y a d’opérateurs pour offrir son service. Il devait également recharger au quotidien chacun des comptes des différents opérateurs auxquels il est abonné », rappelle M. Sidikou, qui se réjouit de disposer maintenant d’une solution à ce problème (de routine) à travers l’application I-Mobile « qu’on déplace sur des terminaux de paiement dotés d’imprimante afin que les reçus puissent être imprimés juste après chaque opération ».
« Aujourd’hui les distributeurs n’ont besoin que de recharger un seul compte, celui d’I-money que nous leur proposons, et à travers ce compte ils ont accès à l’ensemble des services », dit-il.
«Quand j’ai dit l’ensemble de ces services, c’est pouvoir faire des dépôts et des retraits Airtel Money, pouvoir faire des dépôts et retraits Moov Flooz, et pouvoir faire de dépôts et retrait Zamani Money. Si vous regardez, les services Al Izza [société de transfert de cash par voie électronique, ndlr] sont déjà disponibles. Il y a aussi des banques, comme la BOA et ORABANK, dont les systèmes de paiement sont intégrés dans notre application. Il y a également les réseaux de cartes bancaires Visa et Master Card, qui font partie de nos partenaires », détaille l’innovateur.
« Avec nos terminaux, les usagers des cartes Visa et Master Card ont la possibilité de faire des paiements, mais pas des retraits, contrairement aux GAB (guichets automatiques de billets) qui donnent la possibilité de retirer de l’argent », relativise-t-il.
« Tout acteur de la finance électronique, que ce soit les sociétés de transfert d’argent ou les opérateurs de téléphonie, ou encore les banques, intéressé par notre application, peut s’interfacer avec notre logiciel I-Money. Et il aura la possibilité de vendre ses biens de monnaie électronique avec les distributeurs qui sont abonnés à notre service », indique le Directeur général de l’entreprise I-Future.
Selon lui, son application constitue une passerelle entre au moins une dizaine d’entreprises de service financier « avec lesquelles nous sommes en partenariat dans le cadre de cette application. Et quand j’ai dit partenariat, c’est un partenariat où nos systèmes sont interfacés, il y a une interaction directe entre leurs serveurs et le nôtre », renseigne-t-il.
« Le partenariat avec les autres sociétés (locales) de transferts d’argent électronique est en cours. Une fois que la partie technique va finir, on va les intégrer.
Création d’emplois et contribution à l’inclusion financière
Durant cette année de lancement, I-Future compte mettre sur le marché au total 2.000 terminaux de paiement électronique. Une bonne partie de ce nombre est déjà distribué, apprend-t-on. Selon le promoteur, cela suppose 2.000 emplois créés ou renforcés.
« Pour 2023, on a comme objectif de créer 2000 points de services financiers de proximité. Ça sera alors 2000 emplois créés ou renforcés. Ça peut bien sûr être du renforcement, car si un marchand ou un distributeur fait déjà cette activité avec d’autres moyens, quand il va s’abonner à notre service, ce n’est pas de la création, c’est du renforcement », souligne l’entrepreneur nigérien.
Boubacar Sidikou se félicite non seulement d’offrir une opportunité d’emploi, mais également de contribuer à l’inclusion financière du pays.
L’ambition du Niger est d’atteindre un taux d’inclusion financière de 38% d’ici fin 2023, alors que le taux de pénétration géographique des services de monnaie électronique est de 17, 89% en 2021, un chiffre qui est resté statique depuis 2019, alors qu’en 2015, il était de 26,99 % et de 21,05 % en 2018. L’accroissement de la population et la lenteur liée à la mise en échelle de certaines innovations font partie des raisons évoquées pour expliquer cette régression entre 2015, 2018 et 2021, note-t-on.
« Effectivement parmi les problèmes identifiés au Niger en lien avec le faible taux d’inclusion financière, il y a principalement ce déficit de points de service financier. Cela favorise l’utilisation du cash, or l’utilisation du cash, n’est pas de l’inclusion financière », fait remarquer M. Sidikou.
« Le nombre des points des services de la monnaie électronique n’est pas grand au Niger. Et notre application vise réellement à résoudre ce problème. C’est-à-dire, non seulement booster le nombre de points de service financier, mais également faciliter le parcours pour les distributeurs et les marchands et faciliter l’accessibilité à la population », fait valoir l’homme d’affaire.
De la sécurité de l’application
I-Future de la sécurité de son invention une priorité, affirme son promoteur.
« Par rapport à la sécurité et la protection de données personnelles, à ce titre il faut dire que cette problématique est aujourd’hui d’actualité. On est en train d’aller vers une société où tout est digital. Notre positionnement par rapport à cette problématique c’est premièrement de standardiser notre plateforme de paiement », laisse entre le premier responsable de l’entreprise de fintech.
« En termes plus clairs, aujourd’hui il y’a des standards à respecter quand vous voulez offrir des services financiers par voies électroniques. Parmi ceux-ci, il y’a la certification aux normes internationale qui s’appelle PCIDSS [Payment Card Industry Data Security Standard, en angalais] qui est une norme que les grands leaders de paiement à travers le monde se sont réunis pour mettre en place. Toute entreprise qui veut que ses plateformes soient sécurisées doit répondre à l’ensemble de ses exigences et s’inscrire dans son standard », explique l’expert.
« En 2023, nous avons fait notre certification. Technologiquement les logiciels de nos infrastructures sont certifiés aux normes internationales », informe-t-il avec jouissance.
Cependant, explique-t-il « pour une bonne sécurité, il n’y a pas que la technologie. Les usagers doivent aussi bien protéger les identifiants et ne pas les laisser à la portée de n’importe qui. Ils doivent les protéger, en les mémorisant au lieu de les écrire sur des bouts de cahiers, par exemple ».
« À ce niveau, nous faisons de la sensibilisation en faisant au quotidien des messages de sensibilisation à notre clientèle pour la protection de leurs identifiants. Ils doivent comprendre qu’ils ont un rôle à jouer dans la protection de leurs données qui ne dépend pas uniquement de la société », poursuit-il.
« Il s’agit de la gestion d’argent, et dans cette gestion, il y a des risques. Dans les clauses qu’on signe avec les points de vente, nous sommes vraiment très stricts pour qu’en cas de conflit entre les usagers et le distributeur, nous avons tous les moyens d’investigation pour sortir la vérité, pour que le fond de distribution ne soit pas détourné des personnes de mauvaise foi », rassure Boubacar Sidikou.
[Cet article est réalisé dans le cadre de la bourse de journalisme sur les IPN organisée par la Fondation des Médias pour l’Afrique de l’Ouest et Co-Develop].
ANP 0147 octobre 2023