Agadez, 6 Jan (ANP)- les conseillers municipaux du département de Bilma ( région d’Agadez) sont en séminaire de formation sur ‘’les techniques de prévention de la paix’’ organisé par l’ONG HED-Tamat.
HED-Tamat est l’un des plus importants partenaires au développement des communes de la région d’Agadez.En plaçant les conseillers communaux en formation au centre de la thématique « Techniques de Prévention et Gestion des conflits » c’est parce qu’ilétait apparu aussi bien au cours des caravanes de paix dans les différentes localités que durant les fora, que ces acteurs sont les éléments-clés des dynamiques communautaires et sociales.Cette Formation des conseillers Communaux s’inscrit dans les dynamiques de renforcement de la paix et de la stabilité à l’échelle communale et régionale menées depuis 2012 par l’ONG HED-Tamat. Le projet « Prévention de l’intégrisme et de la criminalité dans le Nord du Niger » mis en œuvre par HED-Tamat sur Financement du Ministère Fédéral Allemand des Affaires Etrangères couvre les quinze communes de la Région d’Agadez» et se propose de contribuer au renforcement de la paix et de la sécurité à travers des mesures préventives contre l’extrémisme violent et le développement de trafics illicites.
Pour savoir davantage sur les activités de cette ONG, son Secrétaire permanent, M Assaleck Ibrahim s’est confié à notre Correspondant régional, Abdoulaye Harouna. Dans l’entretien qui va suivre, M Assaleck explique les raisons de la tenue de cette formation à l’intention des élus locaux. Il évoque aussi les questions de sécurité ainsi que de la migration et ses conséquences pour la paix au Niger et dans la région sahélo-saharienne.
Question : votre organisation est en train de former les conseillers municipaux des quatre (4) Commune du département de Bilma. Quels sont les objectifs visés à travers cette session qui d’ailleurs n’est pas la première du genre que vous organisez en l’endroit des élus ?
Réponse : Nous avons initié ces formations à l’intention des conseillers communaux de la région d’Agadez , pour la simple raison qu’en leur qualité d’élus locaux, ils sont appelés souvent malgré eux à arbitrer des conflits divers et variés dans leurs communes respectives, soit des conflits de voisinage entre citoyens , des conflits entre les citoyens et l’administration ou des conflits de n’importe quelle autre ordre. C’est pourquoi nous nous sommes dit, et ce d’autant plus que c’est demande des intéressés eux-mêmes, qu’il est opportun et pertinent de renforcer leurs capacités pour qu’ils aient quelques notions surtout dans le domaine de la prévention et de gestion des conflits. Une fois outillés, ils contribueront au renforcement de la quiétude sociale et à la prévention des conflits soit en calmant les foyers de tensions qu’ils seraient appelés à constater au sein de leurs communautés respectives ou dans leur environnement immédiat soit en s’impliquant aussi dans la gestion des problèmes qui pourraient survenir malgré tout dans ces contrées parfois très éloignées de l’administration. Voilà un peu dans quel esprit nous avons initié ces formations-là.
Question :Monsieur le secrétaire permanent, tous ces participants au nombre de vingt(20) viennent des communes de Dirkou, Djado, Fachi et Bilma toutes frontalières de la Libye devenu un sanctuaire de djihadiste, de terroristes et de malfrats de tout acabit. Qu’est que l’ONG HED-TAMAT entend mener à travers cette formation pour prévenir tout ce qui pourrait constituer une menace dans cette zone ?
Réponse : L’ONG est déjà impliquée dans les dynamiques de paix dans la région et ce depuis 2012.Et pour le cas particulier du département de Bilma , en plus de la situation en Libye , il y a aussi les foyers que représentent les sites aurifères des plateaux du Manguéni, qui drainent une foule diverse et variée de gens de plusieurs nationalités et là-bas aussi , ce sont des zones potentiellement conflictuelles si on prend les rapports entre les orpailleurs entre eux , entre ces derniers et les transporteurs et vice versa .Il y a tout un lot de précautions à prendre à ce niveau. C’est pourquoi nous prévoyons de continuer à accompagner les conseils communaux et les autorités administratives pour dans leurs efforts de sensibilisation des communautés sur les enjeux de la paix et de la sécurité dans cet environnement singulier.
Question : Et pour ce qui concerne le voisin libyen ?
Réponse : Pour ce qui concerne la Libye , elle abrite malheureusement aussi beaucoup de jeunes soit de la région d’Agadez ,des communes du département de Bilma ou de la sous-région tout entière .Et le Kawar est une zone de passage obligatoire de migrants qui viennent de toute l’Afrique subsaharienne , ce qui fait que les élus locaux du Kawar , les autorités administratives , les chefs coutumiers , les Ulémas , doivent être au front de la bataille pour la consolidation et la préservation de la paix , pour la prévention des conflits parce que c’est une zone particulièrement exposée .
Les élus une fois bien outillés après cette formation seront à n’en point douter à la hauteur des enjeux qu’impose le contexte actuel de la région notamment la situation sécuritaire toujours préoccupante dans certains pays limitrophes de notre pays. Cette formation entre aussi dans le cadre du Projet renforcement de la paix et de la stabilité dans le Nord du Niger que nous mettons œuvre au chapitre de nos activités. Pout ce qui est des questions purement sécuritaires nous disons l’Etat fait de son mieux en renforçant le dispositif de sécurité y compris en faisant appel à la coopération avec certaines puissances, mais il n’en demeure pas moins que la sécurisation de ce vaste espace ne saurait être possible sans une pleine implication des populations elles-mêmes d’où l’importance de la sensibilisation par les conseillers communaux, les chefs traditionnels, les leaders d’opinion. C’est pourquoi après cette formation nous comptons poursuivre les campagnes de sensibilisations, les caravanes de Paix à l’intérieur des communes en impliquant tous ceux qui ont bénéficié de formations similaires.
Mais en plus de la prévention et de gestion des conflits ces activités qui seront menées comporteront des volets rattachés aux droits civiques, à la notion de droits de l’homme, au civisme et à la citoyenneté en générale. Je profite de l’occasion pour rendre un hommage mérité à l’ensemble des autorités administratives et des services techniques de la région d’Agadez pour le précieux concours qu’ils nous apportent dans leurs sphères de compétences respectives.
Question :Certes, vous menez beaucoup d’activités dans le souci de pérenniser la paix dans la région d’Agadez et au-delà des autres régions du Niger .Mais pour que toutes les entités puissent s’épanouir il faut que la paix soit pérenne, il faut la quiétude sociale. A un pas des élections vous avez au cours de cette formation annoncé de dispositions à prendre par les élus pour qu’ils sensibilisent les populations, acteurs politiques, électeurs afin que les différents scrutins se passent bien. Est ce que les élus sont bien préparés pour cette mission ?
Réponse : Dans les formations que nous donnons aux conseillers communaux nous parlons bien question des préventions et de gestion de conflits .C’est pratiquement plusieurs longueurs d’avance que nous essayons de prendre par rapport aussi au contexte électoral qui pourrait engendrer éventuellement des contestations ou bien de divergences et de débats entre les formations politiques. Etant donné que tous ces élus tiennent leur mandat de diverses formations politiques, nous estimons qu’avec les connaissances qu’ils auront capitalisées durant la présente session, ils apporteront à leurs structures respectives des compétences nouvelles pour aborder avec toute la sérénité requise les éventuels litiges qui les opposeraient à leurs adversaires au cours du processus électoral. Si les techniques objet de la présente formation sont bien assimilées, nous sommes convaincus qu’en cas de contestation d’incompréhension consécutives aux élections, les conseillers formés insuffleront à leurs structures un état d’esprit et des dispositions à même de privilégier les voies modérées de résolution de conflits à travers la négociation, la recherche de compromis , plutôt qu’à travers la confrontation.
Par rapport à l’ensemble du pays, nous lançons un appel à l’esprit pacifiste du nigérien pour que les problèmes politiques ne deviennent pas de problèmes intercommunautaires ou interethniques et que les débats et les joutes politiques restent l’affaire des politiciens et non pas celle des communautés.
Je veux dire que les partis politiques en tant que structures organisées ont leurs cadres formels ou informels de règlement de leurs litiges et si litiges il y a ,il ne faut pas que les populations se laissent embobiner et qu’elles laissent les professionnels politiques trouver en leur sein des mécanismes de résolution de leurs problèmes. Et que les politiciens aient le courage et surtout la sagesse de ne pas surfer les frustrations des communautés ou des citoyens pour attiser des haines à caractère régionaliste, ethnique, confessionnel ou tribal. Permettez-moi d’user d’une image pour rappeler aux leaders politiques qui aspirent à assumer des responsabilités à quelque niveau que ce soit que le Niger est un boubou unique, précieux et donc très cher… que celui qui aspire à s’en vêtir un jour, fasse tout pour le préserver intact et pur, même s’il est porté par un adversaire ! A trop vouloir se l’arracher coûte que coûte, les candidats risquent fort bien de le salir, de le froisser, de le déchirer…
Nous lançons un vibrant appel à l’ensemble des populations nigériennes et aux leaders politiques en premier , parce que les uns et les autres ne doivent pas perdent pas de vue notre responsabilité collective par rapport à ce que deviendra notre pays si nous plaçons nos intérêts égoïstes en avant de l’intérêt général et en avant du bon sens et de la raison tout court.
Pour nous il n’y a pas un problème politique qui ne saurait trouver sa solution dans le dialogue, la concertation et dans la recherche du compromis si tant est-t-il que ceux qui pensent et qui agissent le font au nom du peuple et de la nation. Voilà un peu notre vision et nous sommes convaincus que les leaders politiques , les populations à travers les élus locaux , les chefs traditionnels , les leaders religieux , les responsables des organisations d’autopromotion ne perdront pas de vue leurs responsabilités par rapport aux actes qu’ils vont poser avant , pendant et après les élections . Bonne et heureuse année 2016 à toutes et à tous et longue vie à votre journal !
Propos recueillis par Abdoulaye Harouna (Correspondant régional/ANP/Agadez)