Niamey, 06 Juin (ANP)- Le Président de la République du Niger Mohamed Bazoum a présenté, le lundi 5 Juin 2023, le projet de la Grande muraille verte comme un secteur potentiellement porteur pour le secteur privé africain, avant d’inviter les opérateurs économiques à y investir pour en tirer profit.
Ce plaidoyer du Chef d’Etat nigérien est intervenu alors qu’il présidait, à Niamey, la cérémonie d’ouverture du ‘’forum sur l’engagement du secteur privé pour l’initiative de la Grande Muraille Verte’’, organisé conjointement par la Fondation Issoufou Mahamadou (FIM) de l’ancien Président nigérien Issoufou Mahamadou, le ministère nigérien en charge de l’environnement, le ‘’Future Agribusiness (FAGRIB), la fondation de la Grande Muraille Verte (GGWoA) et l’agence panafricaine de la Grande Muraille Verte (APGMV).
L’initiative de la grande muraille verte, indique-t-on, se veut comme un programme intégrateur et transformateur, visant à prendre en charge les défis de la désertification, de l’insécurité alimentaire, du changement climatique, de la pauvreté, de la perte de la biodiversité, ainsi que les défis sécuritaires et migratoires dans les pays concernés.
« Cette initiative, novatrice de par son approche, intégrant les urgences Climat/Sécurité et Développement, se présente comme l’une des solutions pertinentes face aux priorités des zones fragiles du Sahel », a déclaré le Président de la République Mohamed Bazoum lors de la cérémonie.
« En effet, la restauration des paysages peut offrir au secteur privé, moyennant un environnement institutionnel et juridique favorable, des possibilités réelles d’investissement dans les Petites et Moyennes Entreprises agricoles, dans les chaînes de valeur alimentaires et des produits forestiers non ligneux, les cultures à haute valeur ajoutée, et les nouveaux marchés tels que les marchés du carbone », a, en outre soutenu le dirigeant nigérien.
Selon, lui, « l’initiative de la Grande Muraille Verte, avec son approche holistique, se prête justement à des investissements combinant la restauration des moyens de subsistance des communautés et la résilience des écosystèmes, tout en en créant des opportunités économiques ».
Par ailleurs, le Président Bazoum a reconnu que « je le sais bien, ces genres d’investissements ne sont pas dépourvus de risques, particulièrement au Sahel », avant d’exhorter les participants au forum à orienter leur réflexion « dans le sens des assurances à donner aux investisseurs privés qui peuvent nourrir des appréhensions légitimes à cet égard ».
« En ce qui concerne l’expérience de mon pays en la matière, je m’en voudrais de ne pas souligner, toute la joie que je ressens de voir des acteurs privés braver ces risques en s’engageant de plus en plus dans des investissements conséquents dans les domaines des productions agrosylvopastorales et halieutiques, soutenant ainsi la vision définie par le gouvernement pour le développement de notre pays », s’est-il réjoui.
Ce forum, précise-t-on, va se poursuivre jusqu’au 08 Juin 2023, sous le thème ‘’ Créer des marchés et restaurer les terres au Sahel pour les populations et la planète’’.
Intervenant à son tour, l’ancien Président nigérien Mahamadou Issoufou, initiateur de la rencontre, a indiqué que « le bilan de la mise en œuvre montre que les objectifs fixés ont été réalisés à hauteur de 18%, essentiellement sur fonds propres des Etats concernés », avant de souligner que « Notre pays, qui a intégré la lutte contre le changement climatique dans sa politique agricole, l’initiative « 3N » « les Nigériens Nourrissent les Nigériens », fait partie des meilleurs élèves parmi les pays du champ de la Grande Muraille Verte ».
« Eu égard au niveau insuffisant des réalisations, un « One Planet Sommet » a été tenu à Paris, en janvier 2021. Il a permis de mobiliser plus de 16 milliards d’euros et de mettre en place un accélérateur en vue de restaurer, 100 millions d’hectares de terres dégradées, de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et de créer 10 millions d’emploi », a-t-il rappelé avant de souligner que « Deux obstacles doivent être levés pour atteindre ces objectifs : renforcer les capacités des Etats des pays concernés et simplifier les procédures de décaissement de fonds des 9 principaux partenaires (la Banque Mondiale, l’Union Européenne, l’AFD, le FEM, le FIDA, les Fonds Verts Climat UK, la Banque Européenne d’Investissement, la BAD, la Fondation Charles) ».
« En ma qualité de Champion de la Grande Muraille Verte, je propose, pour ce faire, de renforcer les capacités des Etats à mettre en place des banques de projets et de créer un fonds fiduciaire, autrement dit un fonds commun, permettant de soumettre les ressources financières des partenaires à une procédure unique de décaissement », a laissé entendre le Président de la Fondation Issoufou Mahamadou (FIM).
La Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel, communément appelée Grande muraille verte (GMV), est l’initiative phare de l’Union africaine pour lutter contre les effets du changement climatique et de la désertification en Afrique. L’initiative a pour but de transformer la vie de millions de personnes en créant une mosaïque d’écosystèmes verts et productifs en Afrique du Nord, au Sahel et dans la Corne de l’Afrique1. Initialement conçue comme un long couloir de 15 km de large traversant tout le continent africain sur 7 800 km en passant par 11 pays, cette muraille doit relier Dakar (Sénégal) à Djibouti2 ; cela représentera environ 117 000 km2, ou 11,7 millions d’hectares.
L’initiative historique lancée officiellement en janvier 2007 évolue en un ensemble d’interventions destinées à relever les défis auxquels sont confrontées les populations du Sahel et du Sahara.
Le projet, présenté en 2002, rencontre des critiques sur sa stratégie et son utilité.
MSB/SML/ANP/027/Juin 2023