Niamey, 07 Avril (ANP)- A Niamey, comme dans la plus part des grandes villes du Niger, on assiste à une floraison des groupements dits ‘’féminins’’.
Un groupement féminin, note-t-on, désigne une association ou structure de femmes qui se sont décidées volontairement de se regrouper pour défendre des intérêts communs, mais surtout leur autonomisation financière à travers des tontines et des actions de solidarité.
C’est le cas du groupement «Zumuntchi », dont Mme Sidikou Oumou est la Présidente nationale. Créé le 28 février 2021, cette association compte aujourd’hui 784 membres, répartis dans 32 sous-sections (groupes).
‘’Notre objectif principal est d’autonomiser les femmes, parce-que les hommes ne nous soutiennent pas comme il se doit’’, explique Mme Sidikou, qui ajoute que de ‘’Ce fait, les femmes souffrent, elles ont beaucoup de soucis et ça les rend malades’’.
Selon elle, ‘’cette solidarité entre nous est le seul moyen de nous en sortir en tant que femmes’’.
Mais le Groupement Zumuntchi n’est pas que composé de femmes, il compte aussi à son sein des hommes qui partagent avec les femmes des intérêts communs.
‘’Ce groupement est composé d’hommes et de femmes, mais les hommes ne participent pas aux rencontres, Ils ne participent qu’à travers leurs cotisations financières ‘’, a indiqué Mme Sidikou Oumou.
Ce groupement d’entre-aide est, en effet, une association de plusieurs groupes présidés tous par des femmes.
‘’Nous avons 32 présidentes, et chaque présidente dirige un groupe, et ce sont tous ces groupes réunis qui forment notre union appelée Zumuntchi’’ a-t-elle expliqué.
Les femmes membres du groupement Zumuntchi sont de plusieurs statuts sociaux et profils professionnels.
‘’Notre groupement est composé des femmes responsables, des veuves, des vielles femmes, mais aussi des femmes mariées qui sont- majoritaires’’ a indiqué la Présidente avant d’ajouter qu’il y a également ‘’des femmes militaires, des commerçantes, des sages-femmes, des fonctionnaires, et des couturières’’.
Le groupement Zumuntchi est une association formelle reconnue par les autorités. Il est fondé sur des valeurs telles que le pardon mutuel et la solidarité entre ses membres.
‘’Par exemple, pour le mois de Mars 2022, la recette des cotisations tourne au tour de 4.000.000, nous allons la partager entre les femmes qui sont dans le besoin’’ a fait savoir Mme Sidikou Présidente du groupement Zumuntchi.
Parmi ces femmes nécessiteuses, il y a celles qui peinent à payer le loyer, tandis que d’autres ont des besoins urgents comme le manque de nourritures suffisantes, et d’autres ont besoins de quoi relancer leurs activités économiques.
‘’La cotisation par personne est fixée à 15. 000 francs CFA le mois, mais elle peut se faire en plusieurs tranches, soit deux fois 6.000 francs CFA et deux fois 1. 500 francs CFA dans le même mois’’.
‘’Une fois toutes les cotisations réunies, les présidentes des sections nous communiquent la liste des membres qui sont dans les besoins, et qui méritent un soutien financier’’, a expliqué Mme Sidikou pour qui ‘’le groupement Zumuntchi est diffèrent des autres organisations similaires. Chez nous si un membre n’a pas de quoi payer sa cotisation, on l’accepte dans les rencontres, à condition que ce qu’il dit soit vrai’’.
‘’Les sommes que nous remettons aux membres suffisent pour qu’elles aient des activités génératrices de revenus, qui les permettront de continuer à verser leurs cotisations’’, a-t-elle ajouté.
‘’Ceux qui ne travaillent pas peuvent rejoindre le groupement aussi, surtout maintenant qu’on est une structure officielle reconnue par le gouvernement’’ a-t-elle recommandé.
Mme Sidikou Oumou en a appelle à tous ceux qui n’ont pas les moyens de se prendre en charge de rejoindre son groupement, ‘’parce-que nous aidons les vielles personnes et les plus démunies’’ a-t-elle lancé.
Selon elle tout candidat à l’adhésion à son groupement doit faire preuve d’intégrité, de respect, de la régularité aux rencontres et aux versements des cotisations pour ceux qui en ont les moyens.
Plusieurs membres de cette organisation se réjouissent des profits qu’ils en tirent.
Habiba membre active du groupement Zumuntchi parle de l’association avec beaucoup d’éloges.
‘’Depuis que j’ai intégré ce groupement, tout va bien pour moi. Par la grâce de Dieu, j’arrive à faire une activité génératrice de revenu qui me permet de subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille’’, a-t-elle témoigné.
‘’Ce groupement est vraiment diffèrent des autres’’ a-t-elle ajouté expliquant qu’ici ‘’la présidente est compréhensive. Elle nous donne des conseils et nous visite même en cas d’absence’’ a-t-elle laissé entendre.
A Niamey, il n’est pas toujours bénéfique pour les adhérents des différents groupements. Si pour Zumuntchi les adhérents se réjouissent de son bon fonctionnement grâce notamment à la bonne gestion, d’autres groupements sont synonymes d’escroquerie, de cercle de prostitution et d’exploitation sexuelle des filles mineures.
Mme Hama Zara a milité au sein d’un groupement qu’elle a fini par quitter pour avoir été escroquée, selon ses termes.
Elle dit avoir versé 1.800.000 francs durant tout son séjour dans le groupement, mais qu’elle a arrêté parce que ‘’ je n’ai jamais bénéficié d’aucun avantage. J’attends qu’on me restitue mon argent, même si je sais que ce n’est pas facile, je suis tout de même déterminée à porter plainte et à récupérer mon argent’’ a-t-elle confié à l’ANP.
‘’Le jour où les femmes responsables du groupe voulaient que j’y adhère, elles m’ont expliqué les conditions, les règlements et m’ont même lu le règlement, tellement que j’avais trouvé que tout était cohérant, j’avais intégré sans rien attendre’’ raconte Mme Hama Zara.
‘’Mais au fil du temps, j’ai découvert que ce n’est rien que de l’arnaque et de l’escroquerie’’, a-t-elle regretté.
‘’ Aujourd’hui, j’ai décidé de ne plus m’intéresser à ces genres de structures si un jour j’arrive à récupérer mon argent’’, a-t-elle déclaré.
Zara a indiqué avoir été témoin d‘affaires d’escroquerie similaires à ce qu’elle vit actuellement.
‘’J’ai vu aussi des foyers brisés, des personnes ruinées, des amitiés rompues à cause de telles initiatives’’ a-t-elle indiqué.
‘’Cette affaires de groupement est en train de prendre de tournure inexplicable et ce sont les femmes qui sont majoritairement victimes» a-t-elle conclu.
Les groupements des femmes existent au Niger depuis de nombreuses années.
En 1979, avec la création au niveau du ministère de la santé de la direction de la condition féminine, beaucoup de femmes se sont réunies dans des groupements féminins pour travailler ensemble et défendre des intérêts qui leurs sont communs.
Ces ‘’ groupements féminins’’ étaient créés afin de promouvoir l’autonomisation socio-économique des femmes, de leur permettre de mettre en commun des ressources et de partager des idées et des expériences afin d’augmenter leurs revenus.
L’objectif initial des groupements féminins était de regrouper les femmes d’un même quartier, d’un même village ou commune d’une même ville, et ayant des intérêts communs pour améliorer leurs conditions de vie.
HER/AS/ANP 0046 avril 2022