Et la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel naquit à Niamey

Et la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel naquit à Niamey

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Niamey, 25 juillet (ANP) – « C’est avec un réel plaisir que je marque mon accord solennel à la création de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) ». C’est par ces mots que le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani approuvait, au nom du Niger le 6 Juillet 2024 au Centre de Conférences Internationales Mahatma Gandhi de Niamey où s’ouvrait le 1er Sommet des Chefs d’Etat de l’AES, le Traité portant création de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel. C’était en présence des Chefs d’Etat du Mali, le Colonel Assimi Goïta, et du Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré. L’instant était solennel, le moment approprié pour porter sur les fonts baptismaux cette Confédération, après que les trois Chefs d’Etat aient déjà annoncé, par un communiqué conjoint en date du 28 janvier 2024, la décision des trois pays de se retirer de la CEDEAO. Niamey officialise ainsi l’acte de naissance de la Confédération de l’AES, un moment historique dans la conquête de la souveraineté des trois Etats et au-delà celle de l’Afrique.

 

Depuis l’annonce de la création de cette Organisation, rappelle-t-on en effet, les trois pays ont multiplié les initiatives pour donner corps et âme à leur décision de créer une alternative crédible à la CEDEAO, en mettant en place tous les instruments juridiques nécessaires à l’éclosion d’une organisation qui prenne en compte les vraies préoccupations des peuples des trois pays.

En effet, note-t-on, le 1er Sommet des Chefs d’Etat de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui s’est tenu le samedi 6 Juillet 2024 à Niamey marque le point d’orgue du processus de l’opérationnalisation de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) qui, elle-même, tire sa substance de la Charte du Liptako-Gourma adoptée le 16 septembre 2023.

Ce regroupement vise à mutualiser les forces des Etats membres face aux défis communs de la sécurité et du développement, en même temps qu’il constitue une réponse au diktat de la CEDEAO qui a imposé des sanctions draconiennes aux trois pays en transition militaire.

 

De la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES)

 

La menace de la CEDEAO d’une intervention militaire contre le Niger pour tenter de rétablir le régime déchu par le coup d’Etat du 26 juillet 2023 a renforcé le front sahélien, le Mali et le Burkina Faso ayant exprimé leur solidarité au Niger. C’était dès le 31 juillet 2023, dans un communiqué conjoint, que le Mali et le Burkina Faso avaient instamment informé la Communauté internationale qu’une intervention militaire au Niger est « une déclaration de guerre contre eux ». Et le 16 septembre 2023, les trois signaient la Charte du Liptako-Gourma, l’Acte fondateur de l’Alliance des Etats du sahel sur fond de défense collective et d’assistance mutuelle.

Alors que le Niger est interdit des instances de l’Organisation des Nations Unies, le Mali et le Burkina Faso lui apportent leur soutien à l’Assemblée Générale des Nations Unies le 25 sept 2023, démontrant ainsi la commune volonté des trois Etats de parler désormais de la même voix sur toutes les questions d’intérêts communs.

Pour leur témoigner sa reconnaissance face au soutien sans faille qu’ils ont apporté au Niger, le Président du CNSP décide, le 23 novembre 2023, de rendre visite aux dirigeants du Mali et du Burkina Faso, avec qui ils ont peaufiné toutes les stratégies devant asseoir les bases solides de la future Confédération de l’AES.

Et c’est le 25 novembre 2023 que les Ministres en charge des Finances et de l’Economie des trois pays se sont réunis à Bamako pour proposer la synergie à adopter dans divers domaines. Le 30 novembre 2023, les Ministres des Affaires Etrangères se réunissaient à leur tour pour proposer le projet de création de la Confédération entre les 3 Etats et la coordination diplomatique qui devait suivre.

Dans ce même ordre d’idées, ils se sont à nouveau rencontrés le 15 février 2024 à Ouagadougou, la capitale burkinabé, pour formaliser l’élargissement des domaines de compétence de l’AES et l’opérationnalisation de ses instances stratégiques.

Et le 17 mai 2024 à Niamey, ils finalisent le projet de texte créant la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) qui sera adopté lors du 1er Sommet des Chefs d’Etat de l’AES.

De leur côté, les Chefs d’Etat-Major de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) se sont réunis le 6 Mars 2024 à Niamey et ont décidé de la création d’une force conjointe qui sera opérationnelle dans un plus bref délai.

 

Du Sommet des Chefs d’Etat de l’AES à Niamey

 

C’est à la suite de toutes ces différentes rencontres que le 1er Sommet des Chefs d’États de l’AES s’est ouvert le 06 Juillet 2024, en présence effective des trois Chefs d’Etat. Placée sous le thème « l’Alliance des États du Sahel, un espace souverain de sécurité et de prospérité », cette première rencontre à trois a été l’occasion pour les Présidents Abdourahamane Tiani, Assimi Goïta et Ibrahim Traoré d’adopter le Traité portant création de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel.

Les trois Chefs d’État, après avoir fait un tour d’horizon du contexte géopolitique de la sous-région ouest-africaine et examiné la situation sécuritaire dans l’espace de l’AES, se sont particulièrement penchés sur l’opérationnalisation de l’Alliance des États du Sahel ainsi que sur les questions de développement.

Relativement à l’opérationnalisation de la Confédération AES, les Chefs d’État se sont réjouis des résultats obtenus grâce à la synergie d’action entre les trois États dans la lutte contre le terrorisme dans l’espace de l’alliance et ont décidé de franchir une étape supplémentaire vers une intégration plus poussée entre les États membres. D’où la naissance de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel en abrégé AES.

Cette Organisation aura principalement à corriger les lacunes de la CEDEAO liées notamment à l’effritement des valeurs de fraternité, de solidarité et de coopération entre les États et les Peuples pour avoir imposé des sanctions illégales, illégitimes, inhumaines et proféré des menaces d’agression contre un État souverain.

Tout en saluant la résilience des populations des trois pays de l’AES qui a été déterminante dans la levée des sanctions prises par l’UEMOA et la CEDEAO, les Chefs d’État se sont néanmoins félicités du retrait irrévocable et sans délai de leurs Etats de la CEDEAO et ont réaffirmé la pleine souveraineté de chacun des pays membres de l’espace dans le choix stratégique concourant au bien-être de leurs populations sur la situation sécuritaire de l’espace de l’alliance.

Les Chefs d’État de l’AES ont par ailleurs réaffirmé leur détermination à combattre et à éradiquer ensemble le terrorisme sous toutes ses formes et la criminalité en bande organisée dans l’espace de l’Alliance.

Ils se sont également félicités de la mise en place d’une force unifiée des États du Sahel, cette force qui a pour mission de mettre en œuvre un plan à caractère trilatéral permanente et de lutter contre les groupes armés terroristes, la criminalité transnationale organisée et les autres menaces auxquelles ces Etats font face.

Sur les questions politiques, les Chefs d’État ont souligné la nécessité d’une coordination de l’action diplomatique ainsi que l’importance de parler d’une seule voix.

S’agissant de la libre circulation des personnes et des biens, les Chefs d’État ont instruit les Ministres compétents d’élaborer dans l’urgence des projets et des protocoles additionnels y relatifs en vue de faire face aux implications liées au retrait des États de l’amas de la CEDEAO.

Sur les questions de développement, les Chefs d’État ont souligné la nécessité de mutualiser les meilleurs moyens en vue de mettre en place des projets structurants et intégrateurs dans les secteurs stratégiques comme l’agriculture et la sécurité alimentaire, l’eau et l’environnement, l’énergie et les mines, les échanges commerciaux et les transformations industrielles, les infrastructures et les transports, la communication et les télécommunications, la libre circulation des personnes et des biens et l’économie numérique.

Les Chefs d’État ont également décidé d’avoir une attention particulière pour la cohésion sociale, le relèvement et la stabilisation de la jeunesse, le sport et la culture, l’éducation et la formation professionnelle ainsi que l’emploi et la santé.

Les Chefs d’État ont décidé de la création d’une banque d’investissement AES et de la mise en place d’un fonds de stabilisation, tout en instruisant les Ministres en charge des Affaires étrangères et ceux en charge du développement de prendre des dispositions pour leur opérationnalisation.  

Au titre de la communication de l’AES, les Chefs d’État ont instruit les Ministres de mettre en place une stratégie de communication efficace pour une information saine pour la population à travers l’utilisation accrue des langues nationales sur les médias publics et privés et ils ont en outre décidé de la mise en place des plateformes numériques certifiées et alimentées par un narratif conforme aux aspirations des peuples.

 

De la déclaration de Niamey

 

Le 1er Sommet des Chefs d’Etat de l’AES a adopté une déclaration dite de Niamey, qui met en lumière l’ensemble des instruments juridiques de la Confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) relatifs aux domaines de la défense, de la sécurité, de la diplomatie et du développement.

Dans cette déclaration, les Chefs d’État ont, en outre, réaffirmé leur attachement aux principes et objectifs consacrés dans la Charte des Nations Unies, aux idéaux, principes et objectifs de l’Union Africaine et du Panafricanisme s’inspirant des traditions historiques et des valeurs de civilisation africaine.

Le but visé par cette Charte demeure la refondation des trois Etats sur la base des valeurs historiques socio-culturelles pour l’émergence d’un type nouveau de citoyen, pour la promotion d’une gouvernance vertueuse aux services des intérêts exclusifs des populations, mais aussi créer un espace souverain de sécurité, de paix et de prospérité.

Il s’agira également d’assurer un développement durable des Etats en mettant en œuvre une politique économique et sociale endogène basée sur leurs propres ressources et un partenariat respectueux de leur pleine et entière souveraineté, le tout sur fond de multi-matérialisme inclusif respectueux de la souveraineté et des intérêts mutuels des Etats en vue de contribuer à la paix et la sécurité internationales, à la justice et au développement.

 

KPM/CA/ANP 0142 Juillet 2024

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