Sa MajestéAbdallah II Roi de Jordanie, Sa Majesté Felipe VI Roi d’Espagne,Sa Majesté Rania Abdallah II, Reine de Jordanie,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,Mesdames et Messieurs
Je voudrais avant tout, féliciter sa Majesté le RoiAbdallah II et la Reine RaniaAbdallah ainsi que le Gouvernement Jordanien, pour avoir bien voulu abriter cette importante réunion du Forum Economique Mondial consacrée au Moyen Orient et à l’Afrique du Nord.
Cette initiative atteste de l’engagement de la Jordanie dans la coopération internationale et dans la promotion de la paix et du développement dans le monde en général et dans la sous- région Moyen-OrientAfrique du Nord en particulier.
Je voudrais également féliciter les organisateurs de cette rencontre, en particulier le Professeur Klaus Schwab pour la pertinence des thèmes proposés, thèmes ayant un rapport direct avec la situation socio-politique de la sous-région. Je veux parler des crises et conflits internes
qui minent certains Etats, du défi humanitaire associé à ces conflits, du défi de création d’emploi dans une zone où la jeunesse constitue la majorité de la population ainsi que des questions liées à la variation et au changement climatique.
Comment dans ce contexte pourrions-nous créer les conditions d’une transformation générationnelle ?
Mesdames, Messieurs,
Pour faciliter une transformation générationnelle, il faut nécessairement la sécurité et la paix dans le monde. Or, le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, et le Sahel, où se trouve mon pays le Niger, sont malheureusement secoués par des conflits dont certains durent depuis des décennies. La situation s’est davantage dégradée ces dernières années avec l’intervention d’organisations non étatiques, terroristes, criminelles, mouvements identitaires et centrifuges. Nous devons mettre rapidement fin à ces conflits. C’est à cela que nous nous employons au Niger, où nous faisons face à la fois aux
conséquences du chaos Libyen ainsi qu’à la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord du Mali et dans le bassin du LacTchad.
Que ce soit en Libye, au Mali, dans le bassin du LacTchad ou en Irak, en Syrie ou au Yémen, nous estimons que la lutte contre le terrorisme est inséparable du combat contre les organisations criminelles de trafic de drogue, de trafic d’armes et des migrants.Au Niger, nous menons de front la lutte contre toutes ces menaces. Je suis convaincu que nous sortirons vainqueurs de cet affrontement. En particulier, s’agissant du terrorisme, sa défaite est certaine,car les peuples musulmans, enAfrique comme au Moyen Orient, sont avec nous dans ce combat. Les musulmans Nigériens par exemple, savent que l’Islam est une religion du juste milieu. Ils savent que l’Islam n’aime pas la violence. Ne dit-ont pas que la “fitna » est pire que le meurtre? L’Islam ne dit-il pas que tuer un seul homme innocent, c’est tuer toute l’humanité? L’adhésion de nos peuples au combat contre le terrorisme constitue la principale garantie de notre victoire sur cet ennemi.
Mesdames, Messieurs,
Pour faciliter une transformation générationnelle, il faut aussi mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Celles-ci ont partout servi de terreau au terrorisme. Nous pensons que l’éducation est le meilleur instrument de lutte contre les inégalités et contre la pauvreté.
C’est pourquoi au Niger, nous avons rendu l’école gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans.
C’est pourquoi nous nous sommes aussi fixé comme objectif de promouvoir la formation professionnelle et technique, notamment celle des jeunes filles. L’éducation et la formation professionnelle et technique nous permettront d’exploiter la structure démographique de nos pays au sein desquels la jeunesse est dominante, en transformant notre actif démographique en dividende économique. Pour la réalisation de ces objectifs nous avons l’intention de nous appuyer sur les possibilités que nous offre la révolution numérique, qui facilite l’innovation et développe l’esprit d’entreprenariat. En plus de l’éducation, notre objectif est de nous en servir notamment dans les domaines de la télé- médicine, et de l’agriculture intelligente. Le Niger est d’ailleurs membre de SmartAfrica, alliance qui regroupe tous les pays africains ayant pour objectif d’exploiter les possibilités que nous offre la révolution numérique, notamment en matière de restructuration et de croissance économique.
Mesdames, Messieurs,
Au Niger, nous mettons l’accent sur la création d’un climat favorable aux affaires. Nous sommes le pays de l’Afrique au sud du Sahara qui a fait le plus de réformes dans ce domaine en
2016. En effet, nous sommes convaincus que le secteur privé constitue un des moteurs de la transformation que nous appelons de tous nos vœux. Nos économies ont davantage besoin d’investissements directs étrangers, notamment dans les infrastructures. Un cadre de partenariat public-privé a été mis en place pour exploiter les opportunités qui existent non seulement dans la mise en valeur des ressources naturelles (uranium, or, pétrole etc…) mais aussi dans les domaines agro-pastoral et industriel.Toutes ces mesures nous permettent d’amplifier la croissance de notre économie. Le taux de celle-ci a été en moyenne de 6% ces 5 dernières années. De manière générale, l’Afrique de l’Ouest connait en ce moment une croissance économique soutenue et dynamique, qui permet d’affirmer que l’Afrique est le continent de l’avenir. Il faut croire donc en l’Afrique et venir y investir.
Mesdames, Messieurs,
Les guerres en Irak, en Libye, en Syrie, auYémen, dans le Sahel, ont touché des dizaines de millions de personnes, provoquant un désastre humanitaire sans précédent.Avec la pauvreté, et les conséquences du changement climatique, elles sont à l’origine des drames humanitaires et des flux migratoires que connait le monde aujourd’hui.Au Niger par exemple, nous accueillons sur notre territoire plusieurs centaines de milliers de réfugiés et de déplacés. Nous sommes aussi témoins, en tant que pays de transit, de la mort de plusieurs milliers de migrants à travers le désert. À ces morts viennent s’ajouter ceux qui périssent en Méditerranée. Face à ce drame, le Niger a conçu et met en œuvre un plan de lutte contre la migration irrégulière qui porte non seulement sur des mesures sécuritaires mais aussi sur des mesures de développement économique et social. La communauté internationale doit organiser la solidarité la plus large possible en faveur des victimes de toutes les catastrophes humanitaires que nous connaissons aujourd’hui, au Sahel comme au Moyen-Orient. Mais au-delà de l’urgence, nous avons le devoir de nous attaquer aux causes profondes de ces drames, notamment à travers une gouvernance politique et économique mondiale plus juste et plus humaine. Par ailleurs, il est
dommage que la promesse faite, il y a cinquante ans, de porter l’aide publique au développement à 0.7% du PIB des pays donateurs n’ait pas été tenue.Aujourd’hui les pays de transit et d’origine des migrants ont surtout besoin d’investissements. C’est grâce à l’investissement et donc grace au développement et à la création d’emplois qu’on parviendra à fixer les candidats à la migration dans leurs pays d’origine. Sinon le développement de la libre circulation des biens, des services et des capitaux, la mondialisation accélérée par moyens de transport et les Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication vont amplifier le processus de migration. Je suis convaincu que les rencontres organisées par le Forum Economique Mondial, peuvent en convaincre les opinions. J’en félicite une nouvelle fois les organisateurs et renouvelle mes remerciements à sa Majesté le RoiAbdallah II et à la Reine RaniaAbdallah pour leur généreuse hospitalité.
Je vous remercie de votre attention.