Excellence Macky Sall, Président de la République du Sénégal, cher Frère
M. Kofi Appenteng, Président et PDG de l’Africa America Institute,
M. Steve Pfeiffer, Président du conseil d’administration de l’Africa America Institute,
Distingués Participants,
Permettez-moi de féliciter l’Africa America Institute pour son caractère unique dans le raffermissent des liens entre africains et américains. Nous devons également souligner la tradition établie par AAI, qui, depuis trente-six (36) ans, célèbre les femmes, les hommes et les jeunes qui ont eu un impact très significatif sur la vie des populations Africaines.
Son action a contribué à la formation d’une masse critique d’experts de haut niveau dans divers secteurs pour assurer le développement socioculturel, économique et politique de nos pays. Cet investissement dans le capital humain a porté ses fruits. A ce jour, l’institut a formé plus de 23 000 femmes et hommes africains dans divers domaines.
Les anciens boursiers et stagiaires d’Africa America Institute occupent des positions de haut niveau dans le secteur public, privé et la société civile. Parmi ceux-ci se trouvent des Chefs d’État, des ambassadeurs, des chercheurs émérites, des ministres et de nombreux experts.
Au Niger, l’Institut a été particulièrement efficace. En effet, AAI a formé au total plus de 200 experts nigériens, et non des moindres. Un membre de votre conseil d’administration, le professeur Ousseina Alidou, vient d’être nommée vice-présidente de l’Association des études africaines des USA. Sa sœur jumelle, le professeur Hassana Alidou, a été notre Ambassadeur aux États-Unis et au Canada. Une autre bénéficiaire de l’Institut, l’Ambassadeur Fatouma Sidikou, représente actuellement le Niger au Sénégal après avoir occupé les mêmes fonctions en Suisse.
Je suis moi-même très fier d’avoir fait partie de la cohorte ou l’équipe africaine qui a participé en 1981 au Programme des visiteurs internationaux (IVP) d’Africa America Institute. C’était la première fois que je visitais les États-Unis.
En tant qu’ingénieur des Mines, j’ai été très heureux de visiter, dans différents Etats, les sites du cycle du combustible nucléaire, de la mine à la centrale nucléaire en passant par les usines de conversion et d’enrichissement de l’uranium.
L’Africa America Institute continue d’apporter son soutien à ses anciens boursiers et stagiaires. Il y a trois ans, lorsque nous avons organisé le « Forum Investir au Niger» à la Fondation Ford, M. Kofi Appenteng, président de l’Africa America Institute, nous a fait l’honneur de modérer le panel présidentiel.
J’ai eu le plaisir de recevoir à Niamey M. Kofi Appenteng, accompagné de M. Steve Pfeiffer, président du conseil d’Administration de AAI, et du professeur Ousseina Alidou, membre du conseil d’Administration de AAI. Au cours de notre rencontre, M. Appenteng m’a informé de ma sélection pour le Prix de leadership Présidentiel 2020. Cette distinction prestigieuse récompense les Chefs d’État africains qui, pendant leur mandat, ont fait preuve d’un leadership exemplaire à travers leur engagement pour la paix et la démocratisation de l’Afrique ainsi que pour le développement politique et socio-économique. J’ai également appris qu’à ce jour, neuf (9) dirigeants distingués ont reçu ce prix dont le Président Nelson Mandela, le Président Thabo Mbeki, la Présidente Ellen Johnson Shirleaf et le Président Bill Clinton.
Mesdames et Messieurs,
Comme vous le savez, le programme de renaissance que je mets en œuvre depuis bientôt dix ans est bâti autour des huit priorités suivantes :
– La renaissance culturelle pour réaliser trois modernisations : politique, économique et sociale ;
– La mise en place d’institutions démocratiques fortes ;
– La sécurité notamment la lutte contre le terrorisme et le crime organisé ;
– Les infrastructures routières, ferroviaires, énergétiques urbaines et de télécommunication;
– L’initiative 3N les « Nigériens Nourrissent les Nigériens » que la FAO a reconnue comme étant une des meilleures politiques en matière agricole et de nutrition ;
– L’accès à l’eau et à l’assainissement ;
– L’éducation et la santé pour développer le capital humain et créer les conditions de la transition démographique ;
– La création d’emploi notamment pour les jeunes afin de transformer notre actif démographique en dividende économique.
Dans tous ces domaines des résultats importants ont été enregistrés et le Niger est en cours de transformation dans les villes comme dans les campagnes. Nous avons connu une croissance économique soutenue. Cette croissance a été inclusive. Elle a permis, en effet, d’accroitre la classe moyenne et de faire reculer la pauvreté. En outre comme le témoigne l’élection de notre pays comme membre non permanent du Conseil de Sécurité, le Niger a gagné en crédibilité vis-à-vis de ses partenaires extérieurs. Ces résultats ont été obtenus en dépit des défis sécuritaires, climatiques et démographiques auxquels notre pays est confronté. Je perçois donc la distinction que m’offre l’AAI comme une autre évaluation externe positive de la mise en œuvre du programme de renaissance. Je partage ce prix que vous me décernez avec les membres du Gouvernement et tous le Nigériens qui ont participé à ce combat pour le progrès du Niger.
Je saisis l’opportunité que vous m’offrez pour remercier le Gouvernement Américain d’avoir accompagné le Niger dans la mise en œuvre des priorités du programme de renaissance notamment s’agissant de la lutte contre le terrorisme et les organisations criminelles et de la promotion de la bonne gouvernance politique et économique.
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi d’insister sur deux questions qui me paraissent fondamentales non seulement pour le Niger mais aussi pour l’ensemble de notre continent. .
La première question porte sur l’intégration africaine. L’Afrique doit s’unir. La prise de conscience de cette nécessité s’est traduite dans la naissance d’un panafricanisme porté par une première génération constituée d’afro-américains celle du Dr Williams E. Dubois qui est allé jusqu’à écrire, en 1919 « le mouvement africain signifie pour nous ce que le mouvement sioniste doit obligatoirement signifier pour les juifs : la centralisation de l’effort racial et la reconnaissance d’une couche raciale ». Il est vrai que les africains ont souffert de multiples avanies mais l’Afrique est multiraciale. Aussi notre génération conçoit-elle le panafricanisme au-dessus des questions raciales et « se concentre sur la promotion d’un changement radical dans les structures de l’économie » Africaine, «la mise en œuvre d’une stratégie introspective de production et de développement » à travers « l’unification des marchés financiers, l’intégration économique, une stratégie nouvelle pour l’accumulation initiale de capital et l’établissement d’une nouvelle carte politique de l’Afrique ». Le panafricanisme est porteur de valeurs pour toute l’humanité. En concevant et en mettant en œuvre l’agenda 2063, notre génération est en train de traduire dans la réalité les rêves des premiers panafricanistes. Je suis fier d’y avoir apporté ma contribution en tant que champion de la zone de libre-échange continentale Africaine dont le lancement a eu lieu à Niamey le 7 Juillet 2019, à l’occasion d’un sommet extraordinaire de l’Union Africaine. La COVID19 n’a pas permis le commencement des transactions dans le cadre de cet accord de libre-échange en juin 2020, comme initialement prévu mais l’Union Africaine met tout en œuvre pour que cela soit possible en Janvier 2021. L’Union Africaine fera également tout pour que la mise en œuvre des autres programmes de l’agenda 2063 soit accélérée.
La mise en œuvre de tous ces plans et programmes permettra de booster la croissance économique du continent et de créer des emplois notamment pour les jeunes dont 10 à 12 millions arrivent chaque année sur le marché du travail.
La deuxième question porte sur les institutions. L’Afrique en général et le Niger en particulier ont besoin d’institutions démocratiques fortes pour garantir le bien-être des citoyens, des institutions capables de promouvoir la bonne gouvernance politique et économique. C’est pour avoir compris cela que j’ai décidé de respecter la Constitution de mon pays et de ne pas briguer un troisième mandat à l’occasion de la prochaine élection présidentielle dont le premier tour se déroulera le 27 Décembre 2020 prochain. J’ai aussi compris qu’une des conditions de la force des institutions c’est leur légitimité, légitimité qui doit être fondée sur le choix libre et transparent des dirigeants par le suffrage universel. Je mets un point d’honneur à ce qu’il en soit ainsi à l’occasion des prochaines élections qui auront lieu au Niger. Il s’agit d’un moment historique car ce sera la première fois, depuis notre indépendance en 1960, qu’un président démocratiquement élu passera le témoin à un autre président démocratiquement élu. Le jour de ce passage de témoin sera un des plus grands de ma vie. Je dois la réalisation de cet objectif à mon pays qui m’a offert la meilleure éducation et la meilleure formation possible.
En démocrate convaincu, je suis respectueux de mon engagement devant mes concitoyens et de l’Etat de droit. Aussi, en avril 2021, deviendrai-je un simple citoyen et un ancien de l’AAI. À ce titre, je serai honoré de servir AAI comme tous les anciens boursiers. Le leadership de l’AAI peut compter sur ma disponibilité. Nous devons travailler ardemment afin de permettre à nos jeunes de bénéficier du type de formation dont ils ont besoin pour construire une Afrique pacifique et prospère ! La jeunesse est notre présent et notre avenir !
Permettez-moi de féliciter mon frère le Président Macky Sall pour avoir aussi reçu ce prix de leadership octroyé par l’AAI ainsi que les autres lauréats. Enfin, je remercie AAI pour le grand honneur qu’il nous fait et lui souhaite longue vie et beaucoup de réussite.
Je vous remercie.