Niamey, 25 oct (ANP) – Hama Amadou, 74 ans, figure de proue de la scène politique du Niger, décédé ce 24 octobre, a été inhumé dans son village natal, Youri (30 km de Niamey), ce vendredi 25 octobre 2024, au cours d’une cérémonie ayant les allures d’ultimes hommages populaires.
Une foule compacte des centaines de personnes de tous rangs et sexes, des autorités administratives et militaires, des personnalités politiques, des leaders coutumiers et religieux, des personnes de tout âge et sexe, s’est massée dans l’immense résidence jouxtant le fleuve Niger aux premières heures de cette matinée dans une ambiance de recueillement.
Un impressionnant dispositif de sécurité a été aussi déployé dans cette Zone située dans le Liptako Gourma où des mouvements se réclamant de djihadisme sont actifs.
Dans l’imposant domaine servant de résidence secondaire de l’ancien Premier Ministre, tous les lieux, arbres, salons, terrasses, tribune de spectacles, murettes ont été pris d’assaut pour un ultime hommage à l’illustre disparu.
Quand l’ambulance de la protection civile s’est immobilisée dans la résidence de campagne du défunt, certaines personnes ont craqué, écrasant des larmes et pris d’une sorte de crise d’hystérie.
Sur tous les visages se lisaient la peine et des sentiments de désolation.
Au cours de la prière mortuaire l’engouement est tel qu’il a donné lieu à des mêlées mêlées rappelant à bien des égards les ambiances autour de la Kaaba de la sainte mosquée de Al Haram.
Peu après, le corps drapé dans les couleurs nationales a été porté sous un grand arbre où il a été inhumé.
Des invocations ont marqué le point final de la cérémonie religieuse.
On a même entendu des invocations sous forme de mélodie à la mémoire de l’enfant de Youri.
Mais, une longue file s’est constituée pour le recueillement.
Pas de mausolée ou de temple !
Un carré de moins de 3m de monticule de sable ocre piquée de deux bois dans un domaine des dizaines de mètres sert de tombe à l’ancien président de l’Assemblée nationale et ancien premier ministre du Niger.
L’autorité morale de son parti, Lumana, Hama Amadou était le principal opposant du régime de renaissance renversé le 26 juillet 2023.
Il était resté des années hors pays pour une affaire de »bébés importés » dans laquelle il sera condamné.
Bénéficiant d’une évacuation sanitaire en 2021, il vivait entre la France et Cotonou jusqu’à la chute du régime en place.
Ayant gravi tous les échelons de l’administration, il avait occupé les postes de sous-préfet, de directeur de cabinet à la présidence, du DG de l’ORTN, de ministre avant son couronnement comme premier ministre en 1995 pour la première fois.
Il avait surtout marqué la 5ème République où il occupa ce poste 7 ans durant sous le président Tandja.
Il avait été de tous les combats de la conférence nationale à l’avènement du front de restauration de la démocratie en 1996 et pendant la période de Tazartché en 2007.
Élu plusieurs fois député, il fut président de l’institution avant son éviction après le retrait de son parti de la majorité présidentielle en 2013 dont il avait contribué à son avènement au pouvoir en 2011.
Porté candidat de son parti alors qu’il était en prison, il avait mis en ballotage le président sortant Issoufou en 2016.
Né le 3 mars 1950 à Youri, dans la région de Tillabéri, Hama Amadou a traversé toutes les tempêtes, gravi toutes les montagnes et combattu tous les vents contraires avec une détermination farouche. De sa jeunesse à son ascension comme Premier ministre en 1995, jusqu’à son passage à la tête de l’Assemblée nationale, il a été l’incarnation même de la résilience et du courage politique, écrit le journal enquêteur.
Mais plus qu’un simple politicien, Hama Amadou était une figure de proue, un leader né, celui qui savait porter la voix des sans-voix et défendre les idéaux auxquels il croyait, même au prix de sa liberté.
Pour beaucoup, il était l’espoir, l’homme de la dernière chance, celui qui n’avait jamais peur d’aller contre les puissants, celui qui osait dénoncer l’injustice. Hama Amadou a été un combattant infatigable. Chassé du pouvoir, emprisonné, exilé, il n’a jamais plié. À chaque coup porté, il se relevait plus déterminé encore. Même ses adversaires les plus féroces reconnaissaient en lui un adversaire redoutable, dont l’intelligence politique et la capacité à se réinventer
étaient sans égal.
CA/ANP 0113 octobre 2024