Excellence, Monsieur Hery Rajaonarimampianina, Président de la République de Madagascar,
Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Madame la Présidente de la Commission de l’Union Africaine,
Madame la Secrétaire Générale de la Francophonie,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais exprimer mes chaleureuses félicitations au Président Malgache et au peuple Malgache pour la qualité de l’organisation de l’évènement qui nous réunit aujourd’hui. Je voudrais aussi les remercier pour cet accueil des grands jours sur le territoire enchanteur de Madagascar, confirmant en cela la grande tradition d’hospitalité africaine et de partage qui le caractérise.
Je voudrais saluer Son Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République du Sénégal et Président du XVème Sommet de la Francophonie qui, deux ans durant, a œuvré avec abnégation et efficacité, pour faire avancer les différents programmes autour desquels nous sommes mobilisés.
Je tiens également à saluer Madame la Secrétaire Générale de la Francophonie, Madame Michaëlle Jean et le Secrétariat de l’OIF pour l’excellent travail qu’ils ont abattu dans la préparation efficiente du présent Sommet. Le leadership et les qualités managériales de Madame Michaëlle Jean sont des atouts importants qui confortent notre organisation commune dans la poursuite de la mission que nous lui avons assignée.
Le Niger qui a promu et abrité en 1970 l’adoption de la Convention de Niamey instituant la coopération culturelle et technique entre les Etats ayant le Français en partage, et qui est, de ce fait, considéré à juste titre comme le berceau de la francophonie, a toujours gardé un engagement fort et même émotionnel dans cette initiative du monde francophone. C’est le lieu de remercier la francophonie pour avoir rendu hommage au President Diori Hamani, premier President de la République du Niger, et un des pères fondateurs de la francophonie avec les Présidents Bourguiba, Senghor et le Prince Sianouk. Nous sommes tout aussi reconnaissants pour l’hommage rendu au professeur Dan Diko Dan Koulodo, deuxième Secrétaire Général de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique, ancêtre de la Francophonie actuelle, après le Canadien Jean-Marc Léger.
Nous constatons, aujourd’hui, avec fierté, que les acquis sont indiscutables, du fait de leur pertinence dans le contexte international actuel et de leur prégnance effective sur les questions essentielles de prévention des conflits, de paix et de sécurité, de tolérance, de solidarité et de partage.
Pour le Niger, le XVIème Sommet de la Francophonie est donc un cadre mobilisateur qui doit nous permettre d’aller plus en avant dans la réalisation des nobles actions que nous poursuivons pour un monde meilleur, celui-là-même que la communauté internationale s’efforce de bâtir à travers des engagements renouvelés.
Nos engagements spécifiques dans le cadre de la francophonie sont tous en phase avec les autres initiatives globales. Notre forte mobilisation dans ce creuset commun doit nous permettre de faire prévaloir davantage nos préoccupations en coordonnant et en portant ensemble les décisions que nous prenons sur les sujets qui retiennent l’attention de la communauté internationale.
La question des changements climatiques qui a fait l’objet de l’Accord de Paris et de la toute récente Déclaration de Marrakech, les objectifs du Développement Durable pour l’horizon 2030 adoptés par les Nations Unies, les questions de migration qui ont fait l’objet du sommet Union Européenne -Afrique à Malte, la vision 2063 de l’Union Africaine et les autres stratégies globales ou régionales de développement sont autant de sujets sur lesquels nous devrions continuer à utiliser le levier de la francophonie pour faire avancer nos préoccupations.
Mesdames et Messieurs,
La déclaration qui a été soumise à notre attention tout comme le thème sous lequel est placé ce XVIème Sommet, sont pleins de symboles forts et porteurs auxquels le Niger s’associe pleinement.
Nous considérons le choix du thème ‘’Croissance partagée et développement responsable : les conditions de la stabilité du monde et de l’espace francophone’’, que nous saluons, comme une volonté de la francophonie de peser davantage dans les processus de négociation globaux, à travers les valeurs fortes que nous portons.
La sécurité et le développement sont des questions intimement liées ; autant il ne peut y avoir de développement dans un contexte d’insécurité, autant il paraitrait difficile d’imaginer un monde de paix et de stabilité dans un contexte caractérisé par la pauvreté, l’injustice sociale, l’inégalité et l’absence de démocratie.
Aujourd’hui, les questions de sécurité ont pris une dimension nouvelle et inouïe avec l’entrée en scène d’acteurs non étatiques aux moyens colossaux acquis sur les trafics de tout genre et utilisant des méthodes asymétriques terroristes, ce qui constitue un vrai défi pour la communauté internationale et en particulier pour les pays membres de l’espace Francophone.
Les Etats de la zone Sahélo-Saharienne et du bassin du Lac Tchad où sévissent des organisations terroristes en lien avec les organisations criminelles de trafics de drogue, d’êtres humains -notamment de migrants- et d’armes, œuvrent à mutualiser leurs moyens pour faire face ensemble à ce défi commun. C’est ainsi que dans le bassin du Lac Tchad, le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, ont mis en place une Force Mixte Multinationale constituée de contingents des pays membres pour combattre les terroristes de la secte Boko Haram dont les exactions engendrent des morts, ainsi que des centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées.
Les opérations de la Force Mixte Multinationale ont permis d’enregistrer d’importantes victoires sur l’ennemi. Je suis convaincu que le modèle de la Force Mixte Multinationale opérant dans le bassin du Lac Tchad, peut nous inspirer dans le combat que nous menons contre les organisations terroristes ailleurs en Afrique. S’agissant du nord Mali, qui reste une profonde source de préoccupation pour toute la région, je suis convaincu qu’un mandat offensif de la MINUSMA ou une force sur le modèle de la Force Mixte Multinationale, sont les seules alternatives crédibles au regard de l’évolution de la situation. C’est le lieu de rendre hommage au Président de la République Française, M. François Hollande pour son engagement dans la lutte contre le terrorisme à travers notamment l’opération Serval au Mali et l’opération Barkhane dans l’ensemble du Sahel. Nous avons besoin du soutien conséquent de tous les Etats membres de l’espace francophone conformément à notre engagement commun contenu dans la Déclaration de Saint Boniface, au Canada, sur la prévention des conflits et la sécurité humaine.
Mesdames et Messieurs,
La stabilité du monde et de l’espace francophoneappelle à une meilleure articulation de la Gouvernance mondiale, aussi bien sur le plan politique qu’au niveau des partenariats pour le développement.
Les inégalités entre pays et au sein d’un même pays n’ont jamais été aussi fortes. Ces inégalités, les effets désastreux des changements climatiques, l’explosion démographique, génèrent et aggravent la pauvreté et poussent des millions d’hommes et de femmes sur les chemins périlleux de la migration. Je me félicite du plan d’action sur les migrations adopté à La Valette à l’occasion du sommet Union Européenne – Afrique. Je souhaite, en conséquence, une mobilisation accrue des ressources financières en vue de s’attaquer aux causes profondes des migrations et mettre ainsi un terme au drame des migrants à travers le Sahara et la Méditerranée.
Par ailleurs, une meilleure gouvernance politique et économique mondiale à travers respectivement la réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies d’une part, et une meilleure règlementation de l’économie mondiale d’autre part contribueront certainement à l’avènement d’un monde plus juste et plus humain.
Mesdames et Messieurs,
Le Niger est profondément attaché à la Déclaration de Bamako sur la démocratie, les droits et les libertés dans l’espace francophone. La primauté et le respect du principe de l’Etat de droit, les libertés d’expression et d’association, la liberté de la presse, une justice indépendante sont indispensables pour créer les conditions d’une démocratie dynamique et inclusive.
Le Niger continue à consolider l’Etat de droit et les institutions démocratiques et d’enregistrer des progrès considérables dans les domaines de la bonne Gouvernance, du respect des droits humains et des libertés publiques, et du respect de la liberté de la presse. Cela est attesté au demeurant par les classements établis par les institutions internationales de référence.
Je suis heureux de signaler à cet égard que les efforts du Niger dans le cadre de l’amélioration de la gouvernance lui ont permis en cinq ans, de passer de la 134ème à la 99ème place dans le classement mondial de l’indice de perception de la corruption de Transparency International et de la 139ème place à la 52ème place en ce qui concerne l’indice de liberté de presse.
Le Niger souscrit pleinement aux principes et objectifs poursuivis dans la Déclaration d’Antananarivo, notamment dans ses aspects relatifs aux jeunes et aux femmes. Nous devons dans nos politiques publiques donner la place qui sied à l’éducation et à l’emploi pour faciliter l’intégration politique, économique et sociale de la jeunesse, en particulier de la jeune fille.
C’est pourquoi le Programme de Renaissance du Niger sur la base duquel j’ai été élu et qui guide le travail du Gouvernement nigérien, met l’accent sur l’école gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, permettant notamment de mettre fin au mariage précoce et de contribuer à la création des conditions de la transition démographique.
Le programme de la Renaissance met également l’accent sur la formation professionnelle et technique, ainsi que sur la promotion de l’entreprenariat des jeunes. D’ici 2020, ce sont 40% des enfants Nigériens qui seront orientés vers les centres de formation professionnels et techniques.
S’agissant de l’entreprenariat des jeunes, le programme des incubateurs mis en place par l’OIF est un levier important que nous soutenons. De même, le Niger qui a abrité deux éditions du Forum International Francophone Jeunesse et Emplois Verts, FIJEV, continuera à soutenir cette importante initiative dédiée à la jeunesse francophone.
Le programme de Renaissance met également l’accent sur l’Initiative ‘’3N’’, les ‘’Nigériens nourrissent les Nigériens’’, véritable révolution verte et partie intégrante de notre contribution déterminée au niveau national dans le cadre de la lutte contre les effets des changements climatiques.
Notre programme met aussi l’accent sur les infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques, partie intégrante des mesures visant à renforcer les bases de notre économie et à améliorer le climat des affaires.
Le Niger est convaincu que l’enjeu majeur est résolument celui du Développement. Les questions de paix et de sécurité, le partage équitable des ressources, les changements climatiques, les problèmes de gouvernance au sein des pays et sur le plan international sont autant de sujets liés.
Le monde francophone attend beaucoup de ce sommet. C’est à travers une coopération plus solide, un partenariat sincère, une gouvernance mondiale plus adaptée, un engagement international déterminé dans la lutte contre le terrorisme, des politiques publiques pertinentes que nous créerons sans aucun doute un monde plus sûr, plus juste et par conséquent plus stable.
Je vous remercie de votre attention.