Culte au Niger : nourris par un déficit de normes, les lieux de cultes prolifèrent

Culte au Niger : nourris par un déficit de normes, les lieux de cultes prolifèrent

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NIAMEY, 8 oct (ANP) – Signe de liberté du culte pour les uns, preuve du faible encadrement juridique des pratiques religieuses pour d’autres, au Niger les lieux de cultes des principales confessions religieuses et de différentes obédiences poussent comme des champignons en particulier dans des grandes villes comme Niamey.

On dénombrait 105 associations islamiques enregistrées au Niger, rien qu’à Niamey, on compte 230 mosquées et une centaine de prêcheurs, selon le rapport présenté par le ministère de l’intérieur en 2019 lors de l’adoption de la loi sur l’exercice du culte au Niger.

A cette date, on ne dispose d’aucune statistique officielle sur le nombre exact de ces lieux de culte. Ni au ministère de tutelle c’est-à-dire le ministère de l’intérieur, ni au niveau de l’Association islamique du Niger, encore moins au niveau de l’archevêché de Niamey. L’institut national de la statistique non plus ne dispose pas à ce jour des chiffres exacts des lieux de culte à Niamey.

Pour ce qui est du nombre des mosquées, « une étude sur les lieux de culte a été recommandée, nous attendons toujours la disponibilité du budget pour l’effectuer, pour l’heure, nous ne disposons pas du nombre total des lieux de cultes à Niamey » , se désole le Directeur des Affaires Islamiques.

Au niveau de l’Archevêché, le Pasteur Serge Bougeremou confesse qu’il est difficile « d’avoir le nombre des églises et paroisses de la place, mais nous pouvons dans les prochains jours recenser toutes les églises catholiques, et voir avec nos partenaires, de nous fournir pour ce qui est des autres».

L’Archevêché ne s’occupe que des églises catholiques, mais il y a aussi les églises Protestantes, Baptistes, Néo Apostoliques, Vie abondante et d’autres.

L’Association islamique du Niger non plus n’arrive pas à documenter ces données mais elle s’efforce de réguler l’autorisation de construction, celle des mosquées de vendredi ainsi que les imams destinés pour les prêches. Le seul problème est qu’il existe plusieurs associations à vocation islamique et toutes ces structures ne sont pas toutes affiliées à l’Association faîtière.

Dans les faits, le respect de normes dans les pratiques religieuses et la construction des édifices sacrés font défaut : on assiste à une prolifération des lieux de culte de toutes les religions présentes au pays dont l’Islam et le Christianisme. Les mosquées surtout, ainsi que les églises et chapelles fleurissent dans tous les quartiers de Niamey. En dehors des églises qui sont un peu plus régulées puisque toutes celles recensées à Niamey sont en matériaux définitifs ou logées dans des villas, les mosquées par contre, sont construites sans norme. Elles sont des lieux de rassemblement des fidèles, aménagés spontanément et de façon provisoire pour permettre aux pratiquants de prier sans s’éloigner de leurs lieux de travail. Même les administrations publiques, en dépit de séparation entre la religion et l’Etat, ne sont pas épargnées. Des nombreuses résidences privées ont aussi leur prolongement cultuel.

Soucieux de prévenir les risques des dérives constatées dans d’autres pays, l’Etat nigérien veut se donner les moyens d’un grand contrôle des pratiques qui ont cours dans la sphère religieuse. Le faible encadrement juridique de l’exercice du culte peut être source d’instabilité et d’insécurité au regard du développement des tendances religieuses fondamentalistes et extrémistes sur fond d’un environnement sous régional marqué par l’apparition des organisations terroristes qui se réclament d’obédience religieuses, justifie-t-on cette initiative au ministère de l’intérieur.

La loi relative à l’exercice du culte au Niger adoptée en conseil des ministres du 29 avril 2019, et entérinée par l’Assemblée nationale le 17 juin de la même année s’inscrit dans cette démarche.

Cette loi vise à doter l’Etat du Niger, d’un cadre juridique permettant un encadrement efficace des pratiques religieuses et aussi de fixer les principes de contrôle des pratiques confessionnelles qui se multiplient par le développement des obédiences religieuses.

De confession religieuse musulmane à 99%, cette loi a pour vocation de combler « une absence totale des normes » concernant l’exercice du culte dans un environnement sous régional marqué par un développement de tendances religieuses fondamentalistes et extrémistes.

Force est de constater que depuis l’adoption de cette loi qui est censée règlementer ce secteur, Ces lieux se font et se défont chaque semaine, c’est notamment avec les mosquées qui se créent partout et par tout le monde, surtout dans les nouveaux quartiers et périphéries de la Capitale.

Ce qu’il faut surtout remarquer c’est le désordre qui caractérise leur érection à Niamey : on y voit des mosquées spontanées, celles construites avec des briques superposées, ou abritées sous un hangar en tôles ou en paillote, aussi bien au, niveau des lieux de travail qu’annexées à des résidences privées. Mais les mosquées en matériaux définitifs « sont soumises à des autorisations préalables de la part des autorités compétentes, c’est-à-dire le ministère de l’Intérieur », selon le Directeur des Affaires Islamiques, Abdou Samadou Yahaya.

L’article 10 de cette loi stipule que « la construction et l’exploitation des lieux de culte sont soumises à l’autorisation préalable dans les conditions fixées par décret pris en conseil des ministres.

Toutefois, l’Etat se réserve le droit d’en contrôler les sources de financement ».

La création de mosquées des prières ordinaires en matériaux définitifs, ainsi que les demandes des mosquées de vendredi se font à la suite d’une autorisation établie par le ministère de tutelle » , fait savoir encore le directeur des Affaires Islamiques.

La loi a été adoptée, mais son décret d’application tarde toujours.

En attendant le décret d’application de la loi sur l’exercice du culte au Niger, on se contente de la lettre comme circulaire du ministère de l’Intérieur du 16 février 2016, adressée aux Maires et qui est relative à la construction des mosquées au Niger.

La constitution du Niger reconnait la liberté du culte qui s’exerce dans le respect de l’ordre public, des bonnes mœurs, de la paix sociale, de l’unité nationale et du principe de la séparation de l’Etat et de la religion.

SML/CA/ANP- Octobre 2021

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