Notre pays vient une fois de plus de faire l’objet d’une attaque de groupes terroristes, attaque qui s’est soldée malheureusement par un nombre important de victimes parmi nos forces de défense et de sécurité et leurs instructeurs Américains. Les femmes et les enfants paient un lourd tribut au terrorisme de manière directe comme victimes innocentes et de manière indirecte en tant que mère et épouses. Elles viennent une fois de plus de perdre des fils et des maris. A la mémoire de nos soldats tombés sur le champ d’honneur, à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme, je vous demande d’observer une minute de silence.Je vous remercieMesdames, Messieurs,Le Niger est particulièrement honoré d’accueillir les Premières Dames des Etats Membres de la CEDEAO dans le cadre du présent forum.Je voudrais souhaiter la bienvenue et adresser mes vifs remerciements aux premières dames et à toutes les délégations qui ont fait le déplacement de Niamey. Votre présence conforte les liens de fraternité et de solidarité unissant les peuples Africains et illustre fort éloquemment la vitalité et la solidité de l’intégration régionale de nos Etats dans le cadre de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Permettez-moi de saisir cette occasion solennelle pour rendre un hommage mérité à mon frère et ami Faure Gnassingbé, Président de la République Togolaise, et Président en Exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO qui malgré un agenda surchargé a tenu à faire le déplacement de Niamey et honoré de sa présence cet important évènement.Je tiens à saluer Monsieur Marcel de Souza, Président de la Commission de la CEDEAO, dont le leadership a permis de donner une nouvelle impulsion aux activités de notre Organisation, confirmant ainsi son rôle de cadre privilégié en matière d’intégration régionale et de développement économique et social de nos pays. Mesdames les Premières dames,Trois thèmes d’une grande importance sont inscrits aux débats de votre forum à savoir :- l’éradication de la fistule obstétricale ;- la protection de l’enfant contre les abus et l’exploitation ;- les mutilations génitales et les violences basées sur le genreCes trois thèmes intimement liés sont des défis majeurs par rapport auxquels nos populations attendent des réponses appropriées au niveau communautaire et au niveau de chacun de nos Etats.Du reste ces défis s’inscrivent dans le cadre plus général de la lutte contre la pauvreté et l’ignorance qui sont les terreaux de tous les fléaux y compris le terrorisme et l’extrémisme ; nous en sommes conscients. Notre prise de conscience transparait dans les décisions et engagement adoptés par nos Etats au niveau des instances internationales, régionales et nationales.Ces engagements traduits sous formes d’orientations et de programmes de développement à moyen et long terme ont tous pour objectif commun la réduction de la pauvreté, et l’élévation du niveau de vie des populations.Il me plait de rappeler qu’au niveau international, l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté le 27 Septembre 2015, le Programme de Développement Durable pour l’horizon 2030, dont l’ambition est d’éradiquer la Pauvreté d’ici 2030 et de ne laisser personne à la traîne dans le processus. Les 17 objectifs de développement durable (ODD) et les 169 cibles visées témoignent de l’ampleur de ce nouveau programme universel et montrent à quel point il est ambitieux. Deux de ces objectifs à savoir l’ODD 3 relatif à la santé et l’ODD 5 relatif à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, cadrent parfaitement avec les thèmes soumis à votre attention.Au niveau continental je voudrais rappeler le programme 2063 de l’Union Africaine, adopté par nos Etats avec pour objectif un continent intégré et prospère à l’horizon 2063. Dans ce cadre un projet de protocole de la zone de libre-échange continentale sera présenté aux chefs d’Etats et de Gouvernement à l’occasion de leur prochain sommet.Au niveau sous régional, la CEDEAO poursuit avec vigueur la mise en œuvre de la vision 2020 adopté en 2008, y compris les nombreux programmes sectoriels communs qui l’accompagne et qui visent une plus grande intégration des économies des Etats membres tels qu’un tarif extérieur commun, un marché unique, une monnaie commune, un réseau électrique interconnecté ainsi que des voies de communication interétatiques. A ce sujet le comité monétaire de haut niveau que j’ai l’honneur de coprésider avec SE le Président du Ghana, se réunira le 24 Octobre prochain à Niamey pour évaluer les progrès réalisés et les étapes restantes en vue de la création de la monnaie unique des Etas membres de la CEDEAO.Au niveau national nous mettons en œuvre un programme dénommé programme de renaissance avec pour objectif de ramener la proportion de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de 45% en 2015 à 31% en 2021.C’est dire que nos Etats sont fortement engagés dans la lutte contre la pauvreté et pour l’atteinte des objectifs de développement durable.Mesdames, Messieurs,La fistule obstétricale, maladie souvent méconnue de la majorité de la population, survient durant les accouchements prolongés, compliqués ou sans assistance médicale. Elle touche particulièrement les jeunes femmes de 15 à 24 ans, victimes de mariages précoces ou forcés et par conséquent de maternités précoces ainsi que les femmes victimes des mutilations génitales telles que l’excision. Il en est de même pour les femmes en âge avancé, lors de leur dernier accouchement. Cette pathologie affecte près de deux millions de femmes dans le monde dont la plus grande partie en Afrique.Toutes ces catégories de victimes sont surtout des femmes vivant en milieu rural et souffrant de l’analphabétisme, de la malnutrition et de la pauvreté.La fistule obstétricale étant par excellence la maladie type liée à la reproduction, ce thème donne l’occasion d’aborder le problème plus vaste de la santé de la reproduction. Au niveau mondial il a été observé une baisse du taux de mortalité maternelle de 45% entre 1990 et 2015. Cependant il subsiste une grande disparité car ce taux est de 15 fois plus élevé dans les pays développement que dans les pays développés. On note également que la moitié seulement des femmes dans les régions en développement ont bénéficié du minimum recommandé de soins de santé. C’est dire qu’il y a encore d’énorme progrès à faire en matière de santé de la reproduction particulièrement au niveau des Etats de la sous-région.Le programme de renaissance du Niger se fixe pour objectif de développer la Santé de la Reproduction en mettant l’accent sur la santé de la femme, de l’enfant, des jeunes et adolescents, notamment en mettant l’accent sur la planification familiale, la consultation post natale, l’accouchement assisté, une prise en charge de qualité de la mère et de l’enfant, le développement des stratégies pour renforcer la santé des jeunes et adolescents, l’amélioration de l’accès des femmes et des jeunes filles aux services de santé reproductive et aux informations y afférentes et de manière générale l’amélioration significative de la couverture des interventions à haut impact pour la santé de la mère.Certes la mise en œuvre des programmes axés sur la santé de la reproduction permettra de réduire significativement les cas de fistule obstétricale, mais en attendant, que faire pour les femmes victimes et que nous appelons abusivement les fistuleuses, condamnées à vivre l’ostracisme et l’exclusion sociale? Ces femmes ne doivent pas être condamnées à passer le reste de leur vie dans les réduits des hôpitaux. Elles doivent pouvoir bénéficier d’une prise en charge médico-sociale, y compris la chirurgie réparatrice pour améliorer significativement leur condition et leur permettre de reprendre leur place dans la société. Compte tenu de leur état d’extrême pauvreté un élan de solidarité nationale et internationale est nécessaire.Le Niger a élaboré et démarré la mise en place la stratégie nationale d’éradication de la fistule obstétricale 2016-2020, articulée autour du renforcement de la prévention, de l’augmentation de l’offre et de la capacité de prise en charge thérapeutique et psychologique des femmes victimes, la réintégration socio-économique, le renforcement de la coordination du partenariat et la capitalisation des acquis.En ce qui concerne la protection de l’enfant contre les violences abus et exploitation, il convient de rappeler que tous nos pays sont parties à la convention internationale sur le droit de l’enfant de septembre 1989 et à la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant de juillet 1990. Ces deux conventions, ratifiées par nos pays, consacrent des droits et une bonne protection juridique aux enfants. De plus le Niger a adopté en 2013 un document cadre de protection de l’enfant.Force est de reconnaitre que le problème de la protection de l’enfant dépasse le cadre juridique, qui du reste a très peu de failles ; il est tout simplement lié à notre mentalité et notre attitude par rapport à l’enfant. L’enfant est perçu comme une assurance vie pour subvenir aux besoins des parents à un âge avancé. L’enfant est perçu comme une source de main d’œuvre gratuite corvéable quel que soit son âge pour aider les parents dans les exploitation agricoles et ateliers. Ces attitudes et mentalités, malheureusement très généralisées dans nos sociétés africaines, ne sont pas compatibles avec les dispositions des conventions internationales sur la protection des enfants signées et ratifiées par nos Etats.Il nous faut donc procéder à une reconversion nécessaire des mentalités afin de percevoir désormais l’enfant comme il se doit, c’est-à-dire une charge pour les parents car il faut assurer son éducation, sa protection et son insertion sociale. C’est dans ce sens que se pose la question de la procréation responsable.Le programme de renaissance du Niger aborde la question de protection de l’enfant à deux niveaux. Le premier est relatif au changement de mentalité et d’attitude adressé dans l’axe renaissance culturelle avec pour objectif une transformation politique économique et sociale de notre société. Le deuxième niveau est relatif à l’éducation et la santé avec pour objectif la scolarité universelle et une meilleure couverture sanitaire.Par rapport aux mutilations génitales et aux violences basées sur le genre, il convient de rappeler que nos pays sont parties à la convention des nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes du 18 Décembre 1979. Outre l’interdiction des discriminations, cette convention apporte la protection juridique nécessaire aux femmes contre les violences y compris les mutilations génitales.Les femmes représentent un peu plus de 50% de la population de nos Etats. Marginaliser 50% de la population c’est geler 50% du potentiel productif de la nation. Aussi nos Etats doivent-ils protéger les femmes contre l’obscurantisme et les pratiques sociales néfastes telles que les mutilations génitales sous toutes leurs formes ainsi que les violences basées sur le genre et les aider à libérer leur potentiel productif.Au Niger les amendements nécessaires ont été apportés au code pénal pour criminaliser les mutilations génitales des femmes et les pratiques de violence basée sur le genre. Pour améliorer la contribution des femmes au développement, le Niger mise sur l’éducation de la jeune fille en rendant l’école obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, en améliorant le ratio du nombre de filles par rapport au nombre de garçons à tous les niveaux de scolarité et en renforçant l’autonomisation des femmes à travers les activités génératrices de revenus.Mesdames, Messieurs,Je voudrais remercier les premières pour l’intérêt tout particulier qu’elles accordent aux sujets que je viens d’évoquer. Je voudrais aussi saluer et remercier la CEDEAO et en particulier la commission en charge du genre ainsi que les Ministres des Etats membres de la CEDEAO pour la bonne préparation de ce forum.Je vous remercie