Excellence Monsieur Roch Marc Christian Kaboré, Président du FASO, Président en Exercice du CILSS et du G5 Sahel, Cher Frère,Monsieur le président de l’assemblée nationale,Monsieur le Premier Ministre,Mesdames et Messieurs les présidents des institutions,Mesdames et Messieurs les Ministres ;Monsieur le Directeur Général de la FAO ;Monsieur le Secrétaire Exécutif du CILSSMesdames et Messieurs les membres du corps diplomatiques et Représentants des organisations internationales et sous régionales,Honorables invités,Chers participantsMesdames, Messieurs,Permettez-moi de réitérer mes remerciements, à Son Excellence Roch Marc Christian Kaboré, pour m’avoir convié à la présente conférence régionale dont je salue les animateurs et promoteurs et dont la pertinence et l’opportunité sont si évidentes du fait de son objet car il s’agit de trouver des solutions à une menace jusque-là inconnue et qui risque de compromettre tous nos programmes de développement agricole et par conséquent la résilience de nos populations rurales. Il s’agit de la chenille légionnaire d’automne récemment introduite dans notre région et face à laquelle nos agronomes et nos agriculteurs sont désarmés.Mesdames et Messieurs,La chenille légionnaire nous arrive dans un contexte où nous avons une ambition très forte pour l’agriculture en Afrique africaine. Au niveau de l’Union Africaine nous avons adopté le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique un des programmes phares de l’Agenda 2063 avec comme objectifs généraux une croissance annuelle de 6% du PIB agricole et une allocation d’au moins 10% des dépenses publiques au secteur agricole.La CEDEAO a de son côté, adopté et met en œuvre le Programme de Productivité Agricole de l’Afrique de l’Ouest avec pour objectifs généraux la sécurité alimentaire et la souveraineté alimentaire.L’UEMOA quant à elle poursuit les mêmes objectifs et a mis en place un comité de haut niveau sur la sécurité alimentaire dont j’assure la présidence. Pour la prise en charge des causes structurelles de l’insécurité alimentaire, le Comité de haut niveau a adopté, en 2016, le Programme communautaire décennal pour la transformation de l’Agriculture pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle (PCD-TASAN).Enfin au niveau national chacun de nos pays dispose d’une politique agricole et s’efforce de la mettre en œuvre et d’atteindre les objectifs qu’elle se fixe. C’est ainsi que depuis 2011 le Niger met en œuvre sa politique agricole l’Initiative 3N, « les Nigériens Nourrissent les Nigériens » avec pour objectif la faim zéro en 2021et zéro importation de riz en 2023. Mesdames Messieurs ;La chenille légionnaire risque de compromettre toutes ces politiques agricoles et l’Afrique continuera à importer le riz d’Asie, le maïs d’Amérique latine et le sorgho d’Amérique du nord pour nourrir sa population.La Chenille légionnaire d’automne est un insecte ravageur qui attaque plus de 80 espèces de plantes, causant des dégâts à des céréales cultivées telles que le maïs, le riz et le sorgho, aux cultures maraîchères et au coton. Ainsi qu’on peut le constater l’essentiel des produits agricoles cultivés dans le Sahel et la région Afrique de l’Ouest sont sous la menace de cet insecte.Introduite en Afrique sans ses ennemis naturels, probablement à partir des céréales importées, la Chenille légionnaire d’automne a toute liberté de se multiplier et d’augmenter ses populations. De plus, l’adulte de la Chenille légionnaire d’automne vole sur de longues distances ce qui favorise l’augmentation des populations de la Chenille du fait de la possibilité de trouver davantage de plantes hôtes pour se multiplier et ce en l’absence d’un complexe d’ennemis biologiques naturels et d’hôtes d’entomopathogènes (virus, bactéries et champignons).Apparu au Niger pour la première fois en 2016 à la frontière ouest du pays, la chenille légionnaire a déjà parcouru des centaines de kilomètres et s’est essaimée sur l’ensemble du territoire national y compris sur les montagnes de l’Air à plus de 1000 kilomètres à l’Est et ce en moins d’un an.Face à la situation, nous avons décidé d’élaborer dès Octobre 2018 un plan d’actions axé sur les mesures suivantes :Former et sensibiliser les agents d’agriculture et les producteurs sur l’émergence de la chenille légionnaire d’automne en tant que nouvel insecte ravageur ;Prospecter et surveiller les cultures attaquées ;Collecter des chenilles et approfondir les connaissances sur le cycle biologique de l’insecte ;Inventorier les auxiliaires naturels éventuels de la chenille légionnaire d’automne ;Tester les pièges à phéromone. La mise en œuvre de ce plan d’action a permis d’obtenir d’ores et déjà les résultats suivants :La sensibilisation d’agents d’encadrement et de producteurs et leaders d’opinion ;Le constat de l’attaque par la chenille de nombreuses cultures notamment les céréales avec une préférence pour le maïs ;La collecte de chenilles et de punaises sur les plans fortement infestés ;L’absence de parasite et parasitoïde sur les chenilles collectées et mises en élevage ;Le test de plusieurs types de pièges à phéromones ;L’expérimentation des méthodes de lutte mécanique, alternative et chimique qui a fait ressortir que les larves se cachent dans la spirale le jour et ressortent la nuit, d’où la nécessité de faire le traitement le soir ou très tôt le matin. Au niveau de l’UEMOA, la 20ème Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernement de l’UEMOA, sous l’impulsion du Comité de Haut niveau sur la sécurité alimentaire, a adopté en juillet 2018 à Lomé, la Déclaration sur la gestion du risque phytosanitaire lié à la Chenille Légionnaire d’Automne.Prenant la mesure de cette déclaration, la Commission de l’UEMOA travaille avec le Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS), pour pallier l’inexistence de pesticides homologués contre ce ravageur.A cet effet, la Commission finance les études nécessaires à l’homologation des formulations de pesticides de même que les activités opérationnelles pour mener les essais multi-locaux sur sites en vue de rendre disponibles des pesticides pour une gestion efficace de ce nouveau ravageur dans l’espace communautaire.Au regard du caractère transfrontalier de cette menace j’exhorte la Commission de la CEDEAO à emboiter le pas à la Commission de l’UEMOA et au CILSS pour élaborer une stratégie régionale assortie d’un plan d’actions pour une gestion durable de la situation née de l’apparition de cet insecte ravageur.Pour terminer je voudrais inviter nos partenaires à travailler aux côtés des Gouvernements du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest pour développer et mettre en œuvre des projets visant l’éradication complète de cette calamité.
Je vous remercie.