Agadez : la lutte traditionnelle dans les années 1960 chez les ‘’An-na ou Arna ‘’de Tarka (Belbédji) dans la région de zinder Le champion portait le titre de ‘’Kaoura ‘’

Agadez : la lutte traditionnelle dans les années 1960 chez les ‘’An-na ou Arna ‘’de Tarka (Belbédji) dans la région de zinder Le champion portait le titre de ‘’Kaoura ‘’

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Agadez, 20 Déc (ANP) – Dans la région de Belbédji qui durant des décennies a été le grand réservoir  de Zinder où les meilleurs lutteurs sont  recensés  chez les ‘’An-na ou Arna ‘’de Tarka (Belbédji) dans la région de Zinder au lendemain des indépendances (1960), la lutte était pratiquée en saison sèche quand de très bonnes  récoltes sont enregistrées. La tenue d’une rencontre ordinaire est portée à la connaissance des chefs des villages et  au-delà c’est le chef du canton qui est informé et suit d’un œil attentif le déroulement des rencontres.

C’est à partir de 1974 quand  les militaires renversaient le régime du Président Diori Hamani, que la lutte traditionnelle changea de dénomination  en pays haussa,  plus particulièrement dans le canton de Belbédji pour s’’appeler ‘’Kokowa’‘ au lieu de ‘’Kountché’’. En pays Haoussa le Président d’après Diori portant le nom de cette discipline  sportive on préféra changer systématiquement   l’appellation  pour être quitte avec le nouveau dirigeant très  redouté par les indigènes. Les lutteurs s’appelaient  autrefois ‘’yan kountché’’ et ou ‘’’Makountchi’’ le lutteur.

Apres les récoltes les lutteurs ou ‘’ ‘’yan kountché’’ parcourent les villages de la savane africaine à travers les pistes sinueuses transportant en bandoulière et à  tour de rôle,  le grand tam-tam appelé ‘’goudouwa’’, un instrument de musique d’à peu prés un mètre cinquante confectionné à partir d’un tronc d’arbre évidé et réduit en une sorte de tonnelet, puis poli, enduit au beurre d’arachide ou de karité  et dont les deux faces sont recouvertes d’une peau tendue. Cet instrument de musique de part ses dimensions, porte loin l’appel à la lutte ou aux travaux d’intérêts collectifs dans les champs. De part son importance chez les haussa ce tam-tam est couvert de pouvoirs mystiques par son propriétaire qui lui-même, a hérité de ses ancêtres.

Une fois dans les villages les lutteurs se font hébergés eux-mêmes. Ils se dispersent dans le village et chacun dépose devant une concession ses bagages pour annoncer en  ces termes ‘’je suis l’étranger de la fille qui est dans cette concession’’. Le message passe et toute la famille se consulte pour lui assurer un local, de l’eau ainsi que de la nourriture durant son séjour. La même hospitalité est réservée partout aux lutteurs.

Autrefois tous les lutteurs portaient des tresses comme les jeunes filles et d’ailleurs c’est grâce à ces tresses qu’ils se font vite remarquer lors de leurs passages. Chaque nuit le griot de chaque groupe anime avec son grand tam-tam et les lutteurs rivalisent de leurs propres éloges avant les combats du lendemain.

 L’aire de combat  de la lutte qui n’est  autre que la place public du village qui est formée par le public lui-même et  qui joue le rôle d’arbitre avec quelques anciens champions et des griots attitrés.

Les combats sont engagés quand des mises sont  faites par les spectateurs, le chef coutumier ou les  riches du village qui ne sont autres que les grands agriculteurs. Elle ne représente qu’un symbole et ne dépasse pas plus de 100 ou 200 FCFA, rarement au-delà sauf cas d’exception quand le lutteur est pressenti devenir ‘’kaoura’’  ou champion de sa contrée. Le plus souvent t  c’est le lutteur qui choisi  son adversaire qui peut être un ami, un lutteur d’un village voisin. Juste pour se mesurer et fraterniser.

Pour être  sacré ‘Kaoura’’ ou champion, le lutteur doit faire un véritable parcours du combattant. Il doit être puissant, disposer de tactiques de jeux inégalables, mais surtout posséder de beaucoup de pouvoirs mystiques. Le champion véhicule  de ce fait l’image du chef comme le ‘‘roi‘‘ ou le ‘’chef traditionnel’‘ dans la société, il reçoit tous les honneurs dignes de son rang. Il est intronisé par de chef de canton et son sacre est accompagné d’objets  justes symboliques car à cette époque l’argent n’était pas roi dans les sociétés traditionnelles.

 La lutte  était  à l’époque une activité de loisirs et de distractions. Les lutteurs d’avant ne cherchaient à travers ce sport qu’ils pratiquent dés l’enfance que la popularité et la fierté de dominer des groupes adversaires de leurs villages ou d’autres entités.

Malgré son caractère traditionnel, la lutte traditionnelle, a connu et continue de connaitre beaucoup de réformes tant  du point  de vue des comportements des acteurs que sur le plan pratique du fait des modifications multiformes des règles du jeu.

Depuis 1975  quand est a pris une  autre envergure avec l’organisation  d’un championnat  national,  la lutte n’est plus  le reflet de la société traditionnelle dans son organisation, ses coutumes, ses mœurs et ses croyances.

Force  est de reconnaître qu’autrefois la  pratique de lutte représente aussi l’affirmation du degré de maturité qui permet aux jeunes adolescents d’avoir accès à la communauté des adultes c’est-à-dire un homme respecté, apte à pouvoir se conduire en harmonie avec les valeurs culturelles selon l’auteur de « Dynamique sociale de la lutte traditionnelle au Niger ».

Le même auteur note que la lutte représente également un moyen de raffermissement des liens d’amitié, un signe de puissance physique et surtout une possibilité d’augmenter la capacité de travail, la bonne santé et la combativité à l’effort.

Aujourd’hui avec l’évolution du temps le championnat de  lutte traditionnelle  est synonyme de millions de Francs CFA, de voitures, de villas, d’ilot bâtis. Une véritable ruée vers la richesse et l’opulence.

AH/SML/ANP/111/Décembre 2023

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