Agadez, 13 Déc (ANP) – Ancien carrefour caravanier et centre de rayonnement islamique. Agadez, une des plus vieilles villes du Niger, capitale des sultans l’Aïr, se prépare pour que la fête soit des plus belles. Le championnat de lutte traditionnelle de cette année est placé sous le thème ‘’sauvegarde de la patrie’’.
Ancien carrefour caravanier et centre de rayonnement islamique. Agadez, une des plus vieilles villes du Niger, avec un passé plein d’histoire glorieuse, capitale des sultans l’Aïr, vit dans l’ambiance de la lutte traditionnelle. Et c’est pour que chacun profite de cet important événement que l’Etat a pris toutes les dispositions sécuritaires.
Le séjour des différentes délégations constitue une ressource importante pour l’économie locale. La population a confiance et de nombreuses activités se sont développées autour de cet événement tant attendu. Une aubaine pour les hôteliers qui ont fait le plein, les transporteurs (taximen, kabu-kabu), les restaurants, les lieux de loisirs.
L’espoir renait aussi chez les gérants des stations d’essence, les pompistes qui ce sont préparés à l’avance pour vendre des centaines de fûts d’essence aux petits tout comme aux grands transporteurs. Les commerçants ne sont pas en reste dans les affaires : revendeurs de camelote, tabliers, boulangers, épiciers, garagistes, vont tirer des profits substantiels de la présence à Agadez des délégations.
On peut affirmer que tout le monde profite de l’évènement », me confie un jeune qui fait de bonnes affaires non loin de l’arène où il tient un petit commerce de vente de sucreries, de sachets d’eau fraîche, de noix de colas, de cartes de recharge et de cigarettes. Avec plus de 400 participants officiels venus de toutes les régions du Niger, la ville accueille ses hôtes dans la pure tradition agadésienne.
La cité historique d’Agadez qui est pour le Niger ce qu’est Tombouctou, la cité mystérieuse aux trois cent-trente-trois (333) saints pour le Mali, a ouvert ses portes à tous ces milliers de Nigériens qui viendront partager les moments forts de la lutte traditionnelle. Une opportunité pour les hôtes de visiter la ville d’Agadez ou tout simplement, le vieux noyau urbain très pittoresque, aujourd’hui classé comme site du Patrimoine Mondiale de l’Unesco.
Placée sous l’autorité directe du sultan, la vieille ville compte 11 quartiers parmi lesquels: Katanga, Améréouat, Obitarat, Ougoual Bayi, Tendekaïna, Inmourdan Magass, Akanfaya, et la place du marché Tamalakoye qui autrefois servait de tribunal public. L’architecture médiévale qui singularise la ville constitue un attrait touristique important.
Le minaret de la célèbre mosquée Amiskini, haute de 27 mètres, construite au 15ème siècle par l’Ermite Zakaria, un pieux originaire de Ghadamès, constitue la carte d’identité d’Agadez et le miroir de cette cité où l’architecture des quartiers, de par un style singulier, s’exprime et force l’admiration : des fortes ressemblances avec des constructions de Djenné et Tombouctou au Mali.
Agadez renferme d’énormes potentialités touristiques: le Sultanat à lui seul suffit pour édifier les visiteurs. Agadez fut aussi un véritable foyer religieux avec des lieux sanctifiés pour avoir été fréquentés par des érudits tels que Zakaria, Mohamed El Bagdadi. Ce dernier aurait introduit la Tarigâ Haulauhiya durant son séjour dans la montagne d’Aghalanga où il construisit une mosquée du même nom. Sa confrérie est dominante dans le massif de l’Aïr, et son siège actuel se trouve à Eghandawel non loin de Tchirozérine.
Les mosquées et les tombes de ses disciples sont encore considérées comme des lieux saints : Aguelal, Tefis, les tombes d’Aboul Yatoma à Titiassane Taghaï au nord d’Arlit, de Mohamed Mohamed, El Faquik à In’Zigarane à l’ouest de In’Gall, de Mohamed El Moqadem à Amalllag à l’est d’Agadez. D’autres lieux saints sont disséminés dans la ville dont le plus célèbre est celui du Saint Abawagé où sont célébrées les grandes fêtes religieuses (Aïd El Fitr, Aïd El Kebir).
Les mosquées de Tendé (une des mosquées de Zakaria), le Massalatchi Abawagé où vécut le saint Abou Yazid, la mosquée de Melé (dirigée par Malam Ousseini), celle de Amdit( située à côté du puits de Teska et construite par Zakaria), la mosquée Dan Fodio où avait séjourné au 18ème siècle Ousmane Dan Fodio), celle de Abadidi, la mosquée privée du sultan , celle de Alkali ( ou cadi d’Agadez ), de Malam Almoki dans le quartier Obitara, Guidan Madaha, Guidan Madaha Dan Yaro, de Adani, Malam Abdou, El Hadji Amma etc. Les écoles coraniques, constituent un autre solide point d’appui d’Agadez.
Parmi d’autres curiosités et pas des moindres, il y a la maison de l’explorateur allemand Heinrich Barth, la maison du boulanger, le cimetière Hougbéri etc. La fête du Bianou célébrée chaque année après la Tabaski est aussi un attrait culturel d’Agadez.
La région d’Agadez renferme d’importantes potentialités touristiques : les salines de Tiguidan Tessoum, le site paléontologique et archéologique de Taghiat, le musée des dinosaures à In’Gall, les sources thermales de Tafadek non loin de Anou Araren, celles de Gélélé, Faghosia, In’jitan etc, les gravures rupestres dans la zone de Mamanet (région d’Arlit).
Une excursion sur le site d’Azelik permet de ramasser une quantité proprement incroyable de scories et même de cailloux portant des nodules de cuivre ; la tradition garde le souvenir très précis de l’extraction d’un métal (agheri), qui n’est nullement confondu avec le sel (tessoum).
Le site d’Azelik se trouve à 17 km environ au nord-est de Teguiddan-Tessoum. On y trouve des vestiges d’occupation humaine comme les tumulis, des cimetières d’époques diverses, des débris de poteries, tant en surface qu’en profondeur, des meules dormantes, des industries lithiques, des foyers, des ruines de constructions en pierres, des scories très abondantes, etc.
‘’Depuis la nuit des temps, la lutte traditionnelle fait partie intégrante de la vie des civilisations. La lutte est une activité sportive et culturelle populaire au Niger. Dans l’histoire, les lutteurs des années 1950, à cause de leurs forces mystiques et physiques et de leurs techniques, restent des légendes vivantes. La lutte traditionnelle doit son aura à la simplicité de sa pratique, à l’accessibilité des combats aux riches comme aux pauvres, à sa résistance au modernisme sportif et surtout au fait qu’elle demeure un sport rural gardant encore ses aspects ludiques et culturels. Pouvoirs coutumiers et politiques, marabouts et féticheurs, musiciens et chanteurs, bouffons et experts olympiques cohabitent dans la préparation psychologique des lutteurs en amont, pendant et en aval des combats afin de les mettre en confiance et augmenter les chances. La lutte est le cadre par excellence de l’expression culturelle et corporelle, des rites, des croyances, des musiques, des poésies orales des communautés. Le lutteur qui lutte est le héros de son groupe, de sa région.
Chaque pays et chaque civilisation ont utilisé le combat d’homme à homme pour déterminer l’issue d’un combat pour se divertir à l’occasion des fêtes ou des cérémonies.
L’esprit de compétition a bien sûr été présent dans toutes les formes de lutte et la lutte olympique moderne n’est que l’aboutissement de toutes les luttes traditionnelles dont environ 400 formes se perpétuent encore de nos jours.
Dès l’antiquité la plus profonde, la lutte a servi l’homme pour sa survie, elle a été le
Compagnon immuable des divertissements virils dans les jours de fête et un puissant moyen pour promouvoir la pratique de l’éducation physique et le développement du psychisme ».
De tous les sports, la lutte est incontestablement celui qui prolonge le plus profondément et universellement ses racines dans l’histoire de l’humanité (F.I.L.A.1984) Pratiquée à mains nues, la lutte constitue un moyen de combat. Elle revêt ensuite un sens sacré dans la société primitive dont les traces n’ont pas encore totalement disparu chez certains peuples africains. Il s’agit essentiellement d’un rite lié à la tradition.
La lutte traditionnelle est un phénomène universel, selon Milan Ercegan (F.I.L.A.2000), « la lutte est le génie des périples transmis de génération en génération. Sa fonction sociale certainement irremplaçable est consignée dans la variété de leurs formes jusqu’à nos jours. Elle n’est ni un phénomène de culte ni un anachronisme, elle est une antiquité vivante, un organisme vivant qui comme par magie résume le passé, le présent et l’avenir ».
Au Niger, la lutte traditionnelle fait partie des activités physiques et sportives(APS) entrant dans le cadre des manifestations célébrant la saison des pluies. Elle est l’équivalent du sport national. Elle a de tout temps occupé une place de premier rang dans la vie sociale. C’est par cette appartenance au patrimoine culturel qu’elle se différencie de toutes les autres pratiques sportives qui, pour l’essentiel viennent d’ailleurs’’.
(Source INSEPS Dakar)
Palmarès des 36 éditions du Sabre national de lutte Traditionnelle.
Années |
Lieux |
Champions |
Vice-champions |
1975 |
Tahoua |
Yacouba A. Kantou (Maradi) |
BawaDoutchi |
1976 |
Maradi |
Salma Dan Rani (Dosso) |
Kadadé |
1977 |
Dosso |
Yacouba A. Kantou (Maradi) |
Kadadé |
1978 |
Zinder |
Yacouba A. Kantou (Marai) |
Salma Dan Rani |
1979 |
Diffa |
Salma Dan Rani (Dosso) |
Salami Mato |
1980 |
Agadez |
Yakouba A. Kantou (Maradi) |
Balla Kado |
1981 |
Niamey |
Balla Kado (Zinder) |
Langa Langa |
1982 |
Tahoua |
Langa Langa (ZINDER) |
Kassou Kazouga |
1983 |
Maradi |
Kassou Kazouga (Tahoua) |
Issoufou Aboubacar |
1984 |
Dosso |
Issoufou Aboubacar (Taoua) |
Kassou Kazouga |
1985 |
|
|
|
1986 |
Zinder |
Ousseini M. Kataki (Tahoua) |
Naroua Sanou |
1987 |
Diffa |
Naroua Sanou (Niamey- Tillabéry) |
Saïyadi Assoutane |
1988 |
|
|
|
1989 |
Agadez |
Sani Moumouni (Maradi) |
Labo Mikafo |
1990 |
Dosso |
Mahamadou Idi (Tahoua) |
Badamassi Alassane |
1991 |
Niamey |
Ada Masko (Maradi) |
Oumarou Maty |
1992 |
Tahoua |
Labo Maikafo (Maradi) |
Balla Harouna |
1993 |
Maradi |
Badamassi Alassane (Zinder) |
Mahamadou Idi |
1994 |
Zinder |
Labo Mikafo (Maradi) |
Badamassi Alassane |
1995 |
Diffa |
Badamassi Alassane (Zinder) |
Mahamadou Idi |
1996 |
Agadez |
Balla Harouna (Zinder) |
Nouhou Moumouni |
1997 |
|
|
|
1998 |
Tahoua |
Mahamadou Idi (Tahoua) |
Badamassi Alassane |
1999 |
Dosso |
Balla Harouna (Zinder) |
Badamassi Alassane |
2000 |
Zinder |
Issa Kazagourou (Tahoua) |
Daouda Abdou |
2001 |
Tillabéry |
Hassane Adamou (Tahoua) |
Harouna Abdou |
2002 |
Mardi |
Balla Harouna (Zinder) |
Ibrahim Tchiama |
2003 |
Niamey |
Mahamadou Abdoulkarim (C.U.Niamey) |
Dari Wourno |
2004 |
|
|
|
2005 |
|
5ème jeux de la francophonie |
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2006 |
Diffa |
Oumarou Bindigaou (Maradi) |
Harouna Abdou |
2007 |
Agadez |
Harouna Abdou (Tahoua) |
Idrissa Natabawa |
2008 |
Dosso |
Harouna Abdou ( Tahoua) |
Oumarou Bindigaou |
2009 |
Tahoua |
Laminou Maidabba (Agadez) |
Harouna Abdou |
2010 (1) |
Zinder |
Laminou Maidabba (Agadez) |
Issa Dan Gawaro |
2010 (2) |
Tillabéry |
Oumarou Bindigaou (Maradi) |
Boubé Boureima |
2011 |
|
|
|
2012 |
Maradi |
Laminou Maidabba (Agadez) |
Yacouba Adamou |
2013 |
Niamey |
Alio Salaou (Zinder) |
|
2014 |
Diffa |
Yacouba Adamou (Niamey) |
Ibrahim Namata |
2015 |
Agadez |
Issaka Issaka (Dosso) |
Sabo Abdoulaye |
AH/SML/ANP/063/Décembre 2023