Niamey, 28 Mars (ANP)- La commune de Ouallam, dans la région de Tillaberi (Nord-Ouest, frontalière du mali et du Burkina) en proie aux assauts des djihadistes met en place une stratégie de prévention et de gestion de conflits basée sur le dialogue entre les communautés pour barrer la route à l’insécurité.
Dans cette entité située à environ 120 kilomètres de la ville de Niamey, autorités municipales, chefferie traditionnelle, société civile et acteurs des médias participent tous à la sensibilisation des populations et au dialogue inclusif intercommunautaire sur la sécurité.
« Avant même l’avènement de cette situation d’insécurité, nous avions mis des outils en place qui sont des structures de dialogue. Par exemple nous avons un comité de prévention et de gestion des conflits, un comité de paix…Je vous affirme qu’à Ouallam, nous n’avons pas un problème peulhs et Zarmas, un problème entre Peulhs et Touareg, problème entre Zarmas et Touaregs, ainsi que suite », se réjouit le Maire Abdoul Karim Moussa.
« Je n’ai jamais entendu, jusqu’à preuve de contraire, une communauté accuser une autre communauté de terrorisme », déclare-t-il.
« Chez nous à Ouallam, il n y a jamais eu de bagarres entre agriculteurs et éleveurs. Mais il y a des moments où des éleveurs vont saccager un peu les biens des cultivateurs et ils viennent vers le chef traditionnel pour une réconciliation. Ainsi ceux qui ont fait le dégât payent. Et j’ai toujours dit au réfugiés et aux déplacées : ‘’le bâton avec lequel nous tapons un autochtone, c’est avec le même bâton qu’on vous tape. Il y a une seule loi chez nous et c’est pour tout le monde », indique le Chef de Canton.
Depuis 2006, la Radio Albaharou, une station de radio communautaire installée dans la ville, fait du dialogue intercommunautaire la priorité de ses émissions. Avec l’arrivée du terrorisme dans la Région de Tillabéri, le média a multiplié les programmes de sensibilisation et du dialogue inclusif sur la culture de la paix et de la coexistence pacifique.
« Notre radio fait de son mieux dans le cadre de la culture de la paix dans la commune. Par exemple, nous organisons des émissions dans lesquelles les auditeurs appellent pour qu’ensemble nous discutions de la paix », explique Binta Saley, animatrice au sein de la radio.
Dans la commune de Ouallam « Il y a plus de psychose que d’actions terroristes », affirme M. Abdoul Karim Moussa, maire de cette commune urbaine.
Selon l’élu local, l’insécurité gravite certes aux alentours de sa circonscription, mais le dispositif sécuritaire implanté dans la ville protège les populations des malfrats.
« La situation sécuritaire à Ouallam, d’abord, il y a la psychose partout (…). Au niveau de la commune de Ouallam, je peux dire que ça va un peu, malgré s’ils sont visibles à 20 kilomètres d’ici. On les voit dans certains villages, dans certains marchés. La situation se présente de cette manière ici à Ouallam », fait-il savoir.
Dans plusieurs localités de la Région où sévit l’insécurité, des communautés s’accusent mutuellement d’avoir des ressortissants au sein des groupes armés terroristes. Cette situation ne se présente pas à Ouallam, assurent les autorités.
Loin d’indexer une quelconque ethnie d’être à la base du terrorisme, le Chef de Canton de Ouallam, Elhadj Saley Baouna Sorka, y voit des ressortissants de toutes les communautés du terroir.
Selon lui, il y a dans les groupes terroristes « les peulhs, les Touaregs, des Zarma, et des Haoussa », ajoutant qu’on « ne peut pas accuser une ethnie pour dire que ce sont seulement ses ressortissants qui sont les terroristes ».
« Ce n’est pas vrai, c’est une mauvaise information », insiste l’autorité coutumière.
Yayé Boukary, Président de l’association de la société civile du département de Ouallam précise, quant à lui, que les groupes terroristes ne comptent pas dans leurs rangs des ressortissants de la commune urbaine, même s’il y a des jeunes qui ont été recrutés dans les villages environnants.
«Jusqu’à aujourd’hui, parmi ces terroristes il n’y a aucun jeune de notre localité, parce que nos actions de sensibilisation et de cohésion sociale font en sorte qu’ils comprennent les dangers liés à cette hydre. Mais quand je parle des jeunes de Ouallam, je parle de ceux de la ville, parce qu’il y’a ceux de la brousse à qui ils ont réussi à faire un lavage de cerveau pour les recruter dans leurs rangs de bandes de terroristes », soutient l’acteur de la société civile.
Rappelons que le 30 octobre 2014, la prison civile de Ouallam et le camp des réfugiés maliens de Manguaizé ainsi qu’à la patrouille régionale de Tillabéri avaient été la cible des éléments se réclamant de djihadisme.
Le bilan était de cinq (5) policiers, deux (2) gendarmes et deux (2) gardes tués et d’autres agents de défense et de sécurité, ainsi que des civiles étaient blessés, rappelle-t-on.
Depuis cette attaque, la Commune de Ouallam, chef-lieu du département du même nom, n’a plus connu d’attaque terroriste, à en croire les autorités.
Plusieurs localités de la région de Tillaberi, frontalière du Mali et du Burkina sont en proie à l’insécurité entretenues par des groupes se réclamant de djihadisme.
MSB/CA/ANP 0194 Mars 2023